vendredi 19 septembre 2008

Spinoza avait raison - Antonio R. DAMASIO

C’est par hasard que Antonio R. Damasio a redécouvert Spinoza, alors qu’il voulait vérifier une citation, cette redécouverte lui fit entrevoir que Spinoza avait eu l’intuition de ce que ses découvertes en neurobiologie laissent supposer. Ce livre, outre l’exposition des derniers résultats de Damasio, raconte donc la recherche quasi mystique de Spinoza à travers la Hollande : se mêlent donc autobiographie, histoire, philosophie, biologie. L’intuition géniale de Spinoza, non démentie par Darwin, Freud et la neurobiologie la plus récente, est que le corps et l’esprit ne forment qu’une seule et même substance, à l’inverse du dualisme cartésien. L’idée centrale –le conatus – selon laquelle l’individu tente, s’efforce de se préserver, ce qui implique de nombreux processus de la vie qui se signalent au cerveau, s’encartent et donnent naissance aux sentiments relie la philosophie de Spinoza et la biologie de Damasio.



En effet, Damasio a travaillé sur les émotions et les sentiments (variantes de l’expérience de la douleur ou du plaisir telle qu’elle se manifeste à travers des émotions et des phénomènes connexes ; autrement dit la partie privée quand les émotions sont la partie publique) et a montré que les émotions précédaient les sentiments (principe d’emboîtement) dans des réponses essentiellement à des situations au sein même de l’organisme (homéodynamique et donc préservation de l’être) : les conséquences d’une « sagesse » naturelle sont encartées sans que l’individu n’en sache rien et donne naissance aux sentiments. Un sentiment est donc en grande partie une perception de l’état du corps, parfois également d’un état d’esprit l’accompagnant (perceptions interactives). Pour avoir des sentiments, il faut : un corps et des moyens de se représenter son corps en son sein (système nerveux) ; que ce système nerveux puisse encarter les structures du corps et ses états (en faire des images mentales) ; une conscience (connaître son propre contenu) ; que le cerveau soit capable de construire un état émotionnel du corps.


Il retrouve alors Spinoza qui estimait que la Joie est une transition de l’organisme vers une plus grande perfection (mais problème des cartes sous drogues) et inversement pour la Tristesse, ce qui a des implications sur les comportements sociaux et donc sur les mécanismes derniers de la régulation de la vie ; le gouvernement de la vie sociale (comportements éthiques, non automatisés à la différence de l’homéostasie). Rejoindre Spinoza pour qui le fondement de la vertu est « l’effort même pour conserver son être » donc l’harmonie émotion / raison pour atteindre la Joie : remplacer une émotion négative par une plus grande positive ? Pour nous maintenir, nous devons nécessairement préserver les autres soi, c’est-à-dire que le fondement du comportement éthique est biologique, et non pas révélé. De quoi trancher les débats entre la justice écossaise et la justice kantienne ?

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