vendredi 1 février 2008

Pourquoi ce blog ?

Ce n'est pas moi qui clame, c'est la terre qui tonne... (József Attila)
Ah ! ce ne sont pas vos grandes et rares catastrophes, ces inondations qui emportent vos villages, ces tremblements de terre qui engloutissent vos villes, qui me touchent : ce qui me mine le cœur, c’est cette force dévorante qui est cachée dans toute la nature, qui ne produit rien qui ne détruise ce qui l’environne et ne se détruise soi-même… c’est ainsi que j’erre plein de tourments. Ciel, terre, forces actives qui m’environnent, je ne vois rien dans tout cela qu’un monstre toujours dévorant et toujours ruminant. (Goethe, Les souffrances du jeune Werther).
A partir de cette révolte, de deux choses l'une : soit on subit jusqu'à abandonner, soit on exerce sa liberté (d'action) pour (se) rendre meilleur ; autrement dit, soit on choisit Werther (le suicide), soit on choisit Raskolnikov (le crime et le châtiment - l'existence).

Il ne s'agit bien sûr pas ici de choisir, mais de palabrer en attendant le choix comme d'autres attendent Godot : tout y sera donc absurde, inutile, à côté de la plaque et ce d'autant plus que l'ambition est - paradoxe ! - de contrer absurdité, futilité, erreurs. C'est un vain projet, à l'évidence, et il ne mène nulle part. Cependant, ça n'a pas la moindre importance puisque, comme le disait Ortega y Gasset : "Nous ne savons pas ce qui se passe, mais c'est cela qui se passe" ou le poète Antonio Machado :

"Marcheur, il n'y a pas de chemin,
le chemin se construit en marchant
."

Marcher, ce sera donc l'objet de ce blog. Marcher, non pas comme la Raison dans l'Histoire comme le disait Hegel, mais marcher dans cette histoire, racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne siginifie rien, comme le disait Shakespeare. Marcher, être fort, être libre, ne pas se laisser porter par l'écume de la nécessité, des déterminations social-historiques. Marcher, sur un chemin jamais tracé par qui que ce soit, accepter sa solitude, marcher dans la Montagne, ne suivre aucun chemin et ne pas se retrouver tel un rhinocéros de Ionesco. Pas d'équerre, donc, pour autant que ce soit possible. Marcher.
Marcher, sans objectif. Et pourtant, si. C'est déjà un objectif que de ne pas en avoir. Simplement marcher pour accomplir ce qui se passe. Plus ambitieux, peut-être, Hayek (Essais de philosophie, de science politique, et d'économie) : C’est parce que – qu’il le veuille ou non – l’historien (il entend par là celui qui étudie le passé ou le présent d'une société) forme les idéaux politiques de l’avenir qu’il doit être guidé par les idéaux les plus élevés et se tenir à l’écart des débats politiques du jour. Plus élevés seront les idéaux qui le guident, plus il pourra rester indépendant des mouvements politiques qui poursuivent des buts proches, plus il pourra espérer rendre possible, à long terme, bien des choses pour lesquelles le monde n’est pas encore prêt.

Pour quel monde celui d'aujourd'hui n'est-il pas prêt ?

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