Mammon par George Frederic Watts |
C'est un petit livre très intéressant (mais Soral est meilleur à l'oral, niveau écriture, ce n'est pas ça) qui répond très bien à son titre - l'Empire est dévoilé - sans donner aucune leçon. On (les censeurs) essaye de faire passer ce livre et son auteur pour quelqu'un d'extrême-droite, ce qui est une parfaite absurdité : il est passé au FN, mais en provenance du PCF, et il faut vraiment être gravement formaté par le discours UMPS pour y voir quelqu'un d'extrême-droite nouvel exemple des extrêmes qui se rejoignent.
Personnellement, je n'y ai pas appris grand'chose, j'avais déjà décortiqué avec des auteurs plus proches de moi idéologiquement d'ailleurs (Debord, Castoriadis, Chomsky, etc.) le système de domination des banksters, la société du Spectacle, l'oligarchie politico-médiatique, l'imposture de la gauche "morale", etc. En revanche, il me pousse à la réflexivité idéologique.
L'anti-impérialisme amène logiquement, en tout cas chez Soral, vers la religion (en l'occurrence l'islam, puisque le catholicisme est mort), et la nation. Or, au départ, instinctivement, voilà deux notions contre lesquelles je pense. Athéisme et internationalisme étaient à la base de ma réflexion. Pourtant, il m'est vite apparu de plus en plus évident que le capitalisme fonde ses cathédrales (piteuses) sur les décombres de toutes les structures qui conduisent ailleurs que vers la consommation. Mai 68, par exemple : c'est très bien de liquider la Famille, la Patrie, le PCF... mais ce sont autant de barrières nous séparant de Mammon qui tombent. Et Démocratie = Marché. Tout ce qui fait obstacle à la consommation, toute éthique, finalement, toute spiritualité, toute transcendance, est à détruire, pour vivre ici et maintenant dans cet hédonisme consommateur (dégénéré, et même sataniste : c'en serait risible, mais on pourrait presque dire que la religion majoritaire mais non avouée dans la société du Spectacle est le satanisme).
Une expression est largement revenue à la mode : "être l'idiot utile". Laissons les serviteurs impériaux l'employer à tort et à travers, mais elle nous sert à comprendre comment en portant de belles valeurs de gauche, on sert en réalité le capitalisme financier globalisé. Un exemple simple : l'immigration. Qui a voulu l'immigration ? La gauche ? Pas du tout : le grand patronat, au contraire, pour exploiter une main-d'œuvre pas chère, et faire pression à la baisse sur les salaires de tous. Ça me pose problème. Non pas, bien entendu, pour vouloir fermer le pays, renvoyer les étrangers chez eux, que sais-je ? mais pour savoir qui on sert. On comprend alors pourquoi Besancenot est extrêmement utile au système. Comment ne pas tomber dans cette contradiction quand ses valeurs servent les porteurs des valeurs contraires ?
Bref... je ne pense pas avoir changé depuis les temps de mes premières consciences politiques il y a une dizaine d'années, je comprends simplement mieux aujourd'hui qui je suis. Athée, oui, mais plus proche des mystiques soufis, de Gandhi, de Nietzsche, de chrétiens comme Léon Bloy ou Georges Bernanos, que de tous les mécréants modernistes et matérialistes (socialistes ou libéraux) qui peuplent notre période contemporaine. Internationaliste, d'accord, mais à mille lieues de l'idéologie des élites néo-nomades ("gauche kérosène" comme dit Michéa). Il est donc évident que je ne vais pas devenir nationaliste musulman, mais c'est clairement de spiritualité et d'ancrage territorial qu'il faut parler, pour opposer un Principe égal (au moins) mais contraire au Principe capitaliste de satisfaction promise (et non tenue) des désirs.
Le crépuscule de toutes les idoles, en somme, vers la Vérité. Voilà comment je comprends mon athéisme : mystique. Tout le reste en découle. Tiens, Edgar Morin vient de sortir La Voie. "Marcheur, il n'y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant", je parie qu'il y est cité...
Le crépuscule de toutes les idoles, en somme, vers la Vérité. Voilà comment je comprends mon athéisme : mystique. Tout le reste en découle. Tiens, Edgar Morin vient de sortir La Voie. "Marcheur, il n'y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant", je parie qu'il y est cité...
"Oh Jeanne, quel drôle de chemin il m'a fallu prendre, pour aller vers toi !" - Michel dans Pickpocket de Robert Bresson
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire