mercredi 18 février 2009

U2 - No line on the horizon


L'album sort le 27 mais Universal a visiblement décidé qu'il était grand temps d'abreuver les fans pour faire de la propagande à peu de frais : on peut donc l'écouter tout à fait illégalement depuis cette nuit. Le dernier - How to dismantle an atomic bomb - remontait à 2004. J'avais vécu la sortie avec un grand enthousiasme. De cet album, il me reste One step closer, que tout le monde a du oublier, City of blinding lights, dont on ne compte plus les contempteurs, mais surtout Love and peace or else, titre lourd et à l'ambiance vraiment menaçante. Le reste est quelque peu tombé dans mon oubli. Cinq ans plus tard, qu'allais-je attendre du nouveau U2 ? Rien, ou presque. Je suis passé à autre chose. Je n'écoute pour ainsi dire plus U2, si ce ne sont ce que je considère comme leurs perles : If you wear that velvet dress pour n'en citer qu'une. Et je n'écoute plus de rock. Et ce recul a fixé mon attention sur le côté convenu et commercial de la chose : ce que j'avais accepté sans broncher depuis 2000 me fatiguait désormais, m'exaspérait. Aussi sûr que la SNCF va nous faire préférer le train, j'allais sonner l'hallali de ma fanattitude avec le nouveau single. Là, je me demande si j'ai bien choisi ma comparaison, mais il ne faut plus que 2h19 pour relier Clermont-Ferrand à Lyon, alors je persigne et je siste. Get on your boots est sorti, j'ai détesté, je vous l'ai dit et n'en parlons plus.


Quid de l'album, alors ? Je n'ai pas ressenti d'étincelle, je n'ai reçu aucun pavé dans la figure et ce serait déjà assez dire de ma perplexité - et non pas déception, j'étais déjà trop désenchanté pour cela. On me rétorquera que c'est là un signe de qualité et de prise de risque que l'album ne plaise pas à tout le monde. Je relève le gant, bien que l'argument ne vaille rien du tout (je doute qu'un album de Lorie plaise à tout le monde, et je doute tout autant que ce soit là signe de qualité) parce que je vois ce à quoi ce foutu On fait référence. U2 a su dérouter son monde avec Achtung Baby, perdant certainement au passage un nombre appréciable - je suis méchant avec ces fans de la première heure, qu'ils me pardonnent - de fans. Si je vois bien où est la nouveauté, où est la prise de risque avec Zoo Station, je ne vois rien de comparable avec No Line. Ce qui me gêne n'est pas qu'ils prennent une direction nouvelle, à laquelle je ne m'attendais pas, mais au contraire qu'ils suivent le chemin exact que j'avais prévu. Bien sûr, il y avait eu toutes sortes de gesticulations, de Bono notamment, connu pour raconter tout et n'importe quoi. Cet album allait être orientalisant, on parlait de Tinariwen comme influence, on allait entendre ce qu'on allait entendre : un album révolutionnaire et bien entendu le meilleur du groupe. Avec l'habitude, il est facile de tenir ces discours pour ce qu'ils sont et de ne pas tirer les plans du Taj Mahal sur la Comète mais enfin, j'étais malgré tout curieux, un peu, un petit peu. Et puis il y avait bien une vidéo du Guardian lors des sessions d'enregistrement à Fez au Maroc avec du son que je trouve très réjouissant, orientalisant comme promis. Je trouvais cela prometteur, oui.


Depuis, un hurluberlu a du s'écrier : "Couvrez ce son orientalisant que je ne saurais entendre!", car tout cela a purement et simplement disparu de l'album. Là, il y avait peut-être une piste nouvelle à exploiter pour U2 - certes Jimmy Page l'avait déjà fait, mais... Nous voilà revenus en terrains connus, [je me permets d'ajouter, après une interview du groupe dans Le Monde, la phrase de The Edge qui explique ce drame : "A Fez, nous étions libre de prospecter l'inattendu. Au final, nous n'avons peut-être utilisé que 10 % de ce que nous avons enregistré au Maroc..." Diantre !] avec quelques sonorités nouvelles pour le groupe, une manière de chanter, surtout, souvent surprenante, mais sans le moindre début d'une révolution de quoi que ce soit, si ce n'est des aiguilles de la pendule qui tournent sur elles-mêmes et indiquent que le temps passe, est passé, pour ce groupe. Il y a un point positif, à mes oreilles, c'est la construction des chansons, toujours complexes, évolutives, elles changent souvent de rythme, on sent que ce ne sont pas des petites chansons pop faciles. Je reconnais cela, tout en m'interrogeant sur le feeling, la spontanéité, la fulgurance, je ne sais quoi que le groupe aurait perdu et voulu, à la différence des deux précédents albums, compenser par une écriture plus alambiquée. Je cherche la petite bête et comme disait Bacri dans Un air de famille, à force de chercher, on finit par trouver. Il faudrait que j'arrête de trouver parce que je ne vais plus savoir où passe la frontière entre la critique légitime du fan désenchanté et la mauvaise foi du même fan désenchanté.


J'arrête, donc. Je pose simplement une dernière question, avant de parler rapidement des titres de l'album. Bono parlait d'un concept pour l'album dans le style opposition jour / nuit ; clair / obscur. C'est peut-être parce que je n'ai pas les paroles sous les yeux, mais c'est bien quelque chose qui ne m'a pas paru évident du tout. Peut-être aussi le film d'Anton Corbijn, qui accompagnera l'album pour ceux qui seront disposés à dépenser je ne sais combien, en dévoilera la substance [voilà une idée qu'elle est bonne, en revanche, de faire un film d'un album... à suivre]


Que dire des titres de ce No line on the horizon ? D'abord que FEZ - being born me plaît beaucoup, j'apprécie plus que l'obligation de réserve ne m'y poussait l'ambiance de la première minute et puis c'est l'envolée, pas la transcendance non plus, mais l'envolée. Je dis Oui ! Magnificent est efficace, avec son intro à la Depeche Mode, son solo à la Pink Floyd, et le reste typique du U2 héroïque des années 80, de là à en faire un grand titre, le fossé me parait grand ! Moment of surrender arrive sur mon podium : le chant de Bono est très étonnant au début et donne une atmosphère de déchirement assez forte mais hélas ! gâchée par le refrain. Un point d'interrogation pour Unknown caller, qui me semble assez symptomatique de l'album : un côté décevant, un côté étonnant, un côté irritant, un côté sympathique (si vous attendiez un mot en -ant supplémentaire, vous en serez pour vos frais) : à écouter après plusieurs visions. Ensuite, ça se gâte franchement. Expédions le trio infernal tout de suite, je veux parler des pistes 5, 6 et 7 que je ne supporte pas. Très déçu, surtout, de Stand up comedy, et de son accent "Led Zep" qui ne sert à rien, en tout cas pas à sortir de l'ambiance pop song gentillette : c'est un crime et un blasphème. Que l'on écartèle U2 en place publique, et par des tortues agonisantes par dessus le marché. Il y a bien Breathe mais si la première minute me plaît beaucoup et m'amuse avec ce double côté James Bond et White Stripes, la suite est loin d'être à la hauteur. Et puis deux ballades, que je n'aurais pas l'idée de critiquer, car elles sont jolies, mais pas au niveau de leurs plus belles ballades à mon avis : ce sont White as snow et Cedars of Lebanon. Et puis finissons par le commencement c'est-à-dire le titre éponyme, annoncé comme étant le morceau lourd de l'album, et que je trouve bien léger et donc bien décevant, sans compter un affreux refrain et une démonstration de la part de Bono qu'il sait faire le chien de laquelle on se serait volontiers passé ! Dire que ce seront mes derniers mots, c'est dur !

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