Le 14 juillet. Fête nationale instaurée en 1880, en double célébration, ce qui est assez peu connu, il faut bien le dire. Lisez le récit officiel sur le site de la Présidence, ça en vaut la peine.
En revanche, on peut y apporter quelques éclairages légèrement divergents.
Le 14 juillet 1789
Le symbole de la tyrannie, de l'arbitraire royal, et caetera. Bon. L'Elysée raconte que le renvoi de Necker, le 12 juillet, fait entrer Paris en émoi. Oh! mon Dieu! Necker, banquier qui accaparait le blé, disait "Y a disette!" et le remettait ensuite sur le marché à un prix bien supérieur... Necker, banquier aux finances de la France ruinée, qui prêtait personnellement à la même France, en se faisant jusqu'à du 12%... Voilà un gugusse que le Peuple se devait de regretter! Le problème, c'était l'arbitraire royal, bien entendu, pas la vampirisation financière... Il y en a qui avaient de bonnes raisons de regretter le renvoi de Necker : ses collègues banquiers et des milieux d'affaires, les honnêtes gens, les possédants, la bourgeoisie en somme, qui voulait prendre le pouvoir sur la vieille aristocratie. Le Peuple, lui...
Vous pensez bien que les honnêtes gens ne vont pas se battre eux-mêmes... Guillemin le raconte superbement. "Il leur faut un bélier, ce bélier est tout trouvé, ce sera les petites gens".
Nous voici donc le 14 juillet. L'Elysée raconte que la foule exigeait des armes. Mais oublie de préciser qui lui a fourni ces armes! Et c'est qui qui? Des banquiers! Perregault, etc. Ils sont là, ils excitent la foule, ils distribuent les fusils. Ce n'est que pour ne pas allonger l'article que l'Elysée ne le mentionne pas, soyons-en convaincus.
Le Peuple armé est devenu extrêmement dangereux, y compris pour les banquiers, qui rachètent donc les fusils donnés gratuitement. Le Peuple s'étant énervé à cause de sa situation miséreuse, les fusils reviennent. Ouf! Mais, la bourgeoisie préfère montrer ses muscles et constitue une "milice bourgeoise" vite renommée "Garde nationale". Le Peuple peut se tenir tranquille.
Le 14 juillet 1790
Et cette Garde nationale des honnêtes gens organise la célébration de la prise de la Bastille, avec la Fête de la Fédération un an plus tard. Michelet prétend que le patriotisme est né ce jour-là. L'Elysée parle des festivités et sacralités républicaines, de l'unité nationale. Il s'agit bien plutôt d'une démonstration de force de la bourgeoisie. Robespierre : "vous voulez diviser la nation en deux classes, dont l'une ne sera armée que pour contenir l'autre. C'est aux classes fortunées que vous voulez transférer la puissance." Diantre!
Bonus : le 17 juillet 1791
La Garde Nationale des honnêtes gens, de La Fayette et Bailly, tire, sans sommation, sur le Peuple au Champ-de-Mars. 1000 morts? Le Peuple s'est mêlé de ce qui ne le regardait pas après la fuite du Roi à Varennes, voilà sa punition. Cette date serait bien meilleure, comme Fête Nationale. On retrouvera le "centre-gauche" à l'action plusieurs fois dans l'histoire et notamment durant la Commune ; jusqu'à la décomposition des luttes, oeuvre également du centre-gauche, qui permet une pacification de l'exploitation.
Le 14 juillet 1880
Le centre-gauche au pouvoir a donc choisi les deux 14 Juillet comme Fête Nationale. Et on les comprend. C'est la double victoire bourgeoise. Le Peuple manipulé et domestiqué. Sic transit gloria mundi, amen.
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