Le 1er mai s'annonce aussi pluvieux qu'un jour d'enterrement au cinéma. On ne s'étonnerait pas de voir des ours dévorer quelque facteur ne passant pas par là. C'est ainsi qu'on ne fête pas la journée des travailleurs et des travailleuses.
Des Travailleurs et Travailleuses fascistes (drapeau français) justement abattus par le Pouvoir |
Des gens travaillent... des petites gens. C'est magnifique et c'est superbe. Des gens célèbrent... des honnêtes gens. Adjectifs! Dès le XVIIIe siècle, semble-t-il, les exploité(e)s trouvèrent valorisant de festoyer autour du fruit de leur exploitation. Les fêtes du travail. On peut les comprendre, mais aussi penser au côté ironique de la chose.
Toujours est-il... révolution... la crapule Fabre d'Eglantine (tiens?) propose d'instituer la chose dans son calendrier révolutionnaire, ce qui fut fait durant quelques années.
Aux Etats-Unis, à la fin du XIXe siècle, des paresseux lamentables se battent pour la journée de 8 heures. Grèves! Scandale. Et la leçon : 3 morts parmi les manifestants le 3 mai 1886. Bon. En France aussi, cela dit, la police tire sur les ouvriers. C'est bien normal, il ne faut reculer devant aucun moyen de destruction, comme aimaient à le penser en ces temps-là les honnêtes gens (Thiers, Jules Ferry, etc.) Les ouvriers sont donc écrasés comme des fourmis le 1er mai 1891 à Fourmies, après que Guesde, Jules de son prénom (la seule chose qu'il partageait avec les tristes Jules Ferry, Simon, Fabre?) a décidé de créer des fêtes du travail visant à réduire la journée à 8 heures - fainéant!
A Fourmies, les manifestants avaient épinglé une fleur d'églantine rouge, en souvenir aussi bien du sang versé que de Fabre d’Églantine. Cette Fleur d'épine Fleur de rose sera reprise par le Parti Socialiste.
Gardons donc le 1er Mai comme journée internationale des travailleurs et travailleuses. Mémoire des luttes. Plutôt que de parler de Fête du Travail, ce qui est une entourloupe supplémentaire (les exploités qui fêtent leur exploitation). Cela étant dit, nous pouvons récupérer le mot Travail, en le sabrant du marché de l'emploi. Voir le travail de Bernard Friot sur ce point. Qui travaille? Tout le monde, même et surtout ceux qui ne se font pas exploiter sur le marché de l'emploi. Bon.
La "Fête du Travail" a une autre signification conservatrice encore, avec notre ami le Maréchal. Travail Famille Patrie. Ah bin oui. Il lui fallait le ralliement des ouvriers au petit père. Et hop! La Fête du Travail chômée depuis le 1er mai 1941. Mais, achtung! il voulait récupérer les ouvriers, pas la lutte des classes. Donc, fête du Travail, pas des travailleurs.
Bref, vous l'aurez compris, je colle 3 jours-amende à quiconque parle de "Fête du Travail" en lieu et place de "Journée internationale des travailleurs et travailleuses".
Parlons-en, de leurs luttes. Avez-vous remarqué ces internationalistes brandissant le drapeau français. Ces gens-là passeraient pour fascistes, aujourd'hui. Ça tombe bien, c'est toujours le cas. Plus personne ne parle de lutte des classes de nos jours, et quiconque le ferait serait immédiatement traîné dans la boue comme étant "populiste", "antisémite", "rouge-brun", "comme le FN", etc. Le Petit Parisien là au-dessus, c'est Manu qui lance sa police contre le Peuple.
Extrait de la motion défendue par le député de Carmaux JEAN JAURÈS, lors de séance parlementaire du 8 mars 1887 :
« Je dis que lorsqu’on vient acheter sur le marché français des produits agricoles, du blé, par exemple, qui ont été obtenus par des travailleurs réduits à un salaire dérisoire, c’est exactement comme si on jetait dans les campagnes de France, pour faire concurrence à nos paysans, les ouvriers qui au dehors travaillent à des salaires dépréciés. Et voilà pourquoi, pour ma part, je ne me refuse nulllement à protéger l’ensemble de la production agricole ; mais j’ajoute : à condition – et vous vous y êtes engagés vous-mêmes – que par des mesures complémentaires vous assuriez à la communauté rurale, à ceux qui travaillent véritablement, le bénéfice exclusif de cette mesure. Voilà pourquoi, lorsque vous aurez voté les surtaxes que vous préparez, nous viendrons vous demander d’en assurer directement le bénéfice aux travailleurs des champs. »
…
» De même, nous protestons contre l’invasion des ouvriers étrangers qui viennent travailler au rabais. Et ici, il ne faut pas qu’il y ait de méprise :
Nous n’entendons nullement, nous qui sommes internationalistes… »
[Rumeurs et interruptions sur divers bancs]
« Vous entendez bien que ce n’est pas nous qui voulons éveiller entre les travailleurs manuels des différents pays les animosités d’un chauvinisme jaloux ; non, mais ce que nous ne voulons pas, , c’est que le capital international aille chercher la main d’oeuvre sur les marchés où elle est le plus avilie, humiliée, dépréciée, pour la jetter sans contrôle et sans règlementation sur le marché français, et pour amener partout dans le monde les salaires au niveau des pays où ils sont les plus bas. »
[Applaudissements]
« C’est en ce sens, et en ce sens seulement, que nous voulons protéger la main d’oeuvre française contre la main d’oeuvre étrangère, non pas, je le répète, par un exclusivisme d’esprit chauvin, mais pour substituer l’internationale du bien être à l’internationale de la misère. »
[Applaudissements à l’extrême gauche. Mouvements divers]
« Les nations, systèmes clos, tourbillons fermés dans la vaste humanité incohérente et diffuse, sont donc la condition nécessaire du socialisme. Les briser, ce serait renverser les foyers de lumière distincte et rapide pour ne laisser subsister que l'incohérente lenteur de l'effort universel, ou plutôt ce serait supprimer toute liberté, car l'humanité ne condensant plus son action en nations autonomes, demanderait l'unité à un vaste despotisme asiatique. La patrie est donc nécessaire au socialisme ».…» De même, nous protestons contre l’invasion des ouvriers étrangers qui viennent travailler au rabais. Et ici, il ne faut pas qu’il y ait de méprise :Nous n’entendons nullement, nous qui sommes internationalistes… »[Rumeurs et interruptions sur divers bancs]« Vous entendez bien que ce n’est pas nous qui voulons éveiller entre les travailleurs manuels des différents pays les animosités d’un chauvinisme jaloux ; non, mais ce que nous ne voulons pas, , c’est que le capital international aille chercher la main d’oeuvre sur les marchés où elle est le plus avilie, humiliée, dépréciée, pour la jetter sans contrôle et sans règlementation sur le marché français, et pour amener partout dans le monde les salaires au niveau des pays où ils sont les plus bas. »[Applaudissements]« C’est en ce sens, et en ce sens seulement, que nous voulons protéger la main d’oeuvre française contre la main d’oeuvre étrangère, non pas, je le répète, par un exclusivisme d’esprit chauvin, mais pour substituer l’internationale du bien être à l’internationale de la misère. »[Applaudissements à l’extrême gauche. Mouvements divers]« Les nations, systèmes clos, tourbillons fermés dans la vaste humanité incohérente et diffuse, sont donc la condition nécessaire du socialisme. Les briser, ce serait renverser les foyers de lumière distincte et rapide pour ne laisser subsister que l'incohérente lenteur de l'effort universel, ou plutôt ce serait supprimer toute liberté, car l'humanité ne condensant plus son action en nations autonomes, demanderait l'unité à un vaste despotisme asiatique. La patrie est donc nécessaire au socialisme ».
C'est là le côté tragique. Si vous avez écouté Dorothée ou Nana Mouskouri chanter (bravo, mais je vous ai épargné les scouts), vous n'avez pas entendu la fin de la chanson. La jeune fille a été vue, un bourgeois (dans certaines variantes, on l'appelle un "vorace") à ses côtés. Et la morale de l'histoire? La jeune fille a épousé le bourgeois. Fleur d'épine Fleur de rose a épousé le bourgeois. C'était écrit. Ils l'ont fait. Trahison complète et totale du PS.
Promenade à la Font du Loup (Isère) |
Muguet ou Églantine?
Bref!... je crois que je vais aller me balader en forêt, ce qui est très mauvais pour la croissance, et le hasard Balthazar fera que je tomberai sur du muguet (Pétain et les conservateurs auront gagné) ou sur de l'églantine en premier (la Révolution).
1er Mai de gauche avec l'églantier |
Dans les forêts d'Isère, on rencontre les deux. En marchant autour de la Font du Loup, je croise ici l'églantier, là le muguet. Ce ne sera donc pas un 1er Mai hémiplégique. Le muguet royal des conservateurs de la "Fête du Travail", et la fleur d'épine, certes pas écarlate, mais rose pâle, des travailleuses et travailleurs.
1er Mai de droite avec le muguet |
Ah, le bonheur de travailler pour un salaire décent avec lequel on ne peut pas acheter grand chose. Payer sa Trabant d'avance et l'attendre pendant 10 ans...
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