vendredi 4 novembre 2011

Ams Tram Gram

Ams, tram, gram,
Pic et pic et colégram,
Bour et bour et ratatam,
Ams, tram, gram.

Éliminons les illuminés.

Ams, tram, gram,
Pic et pic et colégram,
Bour et bour et ratatam,
Ams, tram, gram.

Éliminons les élus minés.


C'est qu'ils nous prennent pour des enfants. C'est aussi que nous les prenons pour nos parents. Soit, nous sommes des enfants, comportons-nous comme tels, c'est entendu, pas d'objection, allez, allons enfants de la patrie, le jour... le jour du pacte est arrivé, le pacte des frères, le jour du meurtre du père. C'est terminé, plié, les jeux sont faits. Ras-le-bol. La cour est pleine de ces crachats d'experts médiatiques et politiques, autant ils sont, autant nous avons de "démocrates"-sans-peuple

Ce jour, nous avons tout compris. Repliés sur la Toile, nous la tissons par la même occasion. Nous avons tout compris. Ce jour, nous pouvons l'affirmer. Les fils de la complexité sont notre terrain de jeu. 

Nous nous régalons. Notre ami M. Papandreou, socialiste, subissait nos flèches pour n'avoir pas un instant tenté de résister aux banksters européens. Dans un geste héroïque, dans un geste grec ; dans un geste démocratique, dans un geste grec, il lamine ces mêmes banksters en lançant l'idée d'un référendum sans avoir consulté personne (ni ses Maîtres européens, ni ses collègues gouvernementaux grecs). Nous nous régalons. La stupéfaction, la consternation, de tous ces grands démocrates, face à un appel au peuple - à quel peuple ! au bord de la crise de nerfs, nous buvons du petit lait. C'est extraordinaire. Comment ? Demander au peuple son avis sur un sujet si important ? Papandreou aurait entrepris le tour de Pluton en kayak qu'il n'aurait pas plus surpris son monde. Chez nous, dans les pays civilisés, ça existe aussi les référendums, ils consistent toutefois à demander son avis au peuple un jour pour faire le contraire le lendemain, avec son consentement tacite (la vie politique est ainsi faite que le citoyen s'intéresse plus au résultat de PSG-OM qu'au contenu du Traité de Lisbonne). On ne comprend donc pas très bien à quoi ça sert, mais on sait que les marchés, nerveux, n'aiment pas ça. Et on aime bien les marchés. Ah ! "on". Eh ! nous, non. 


Nous nous sommes posé des questions, beaucoup de questions. De gauche, cosmopolites, internationalistes, européens, démocrates, humanistes, laïques... tout nous portait vers la démocratie, la République laïque, l'Union Européenne, l'ONU, SOS Racisme. Tout ! C'était la pente naturelle. Ne bougeons pas : nous y sommes ! c'est la place, notre place. Mais à cette place, nous nous sentions mal à l'aise, mal entourés, mal accompagnés. Un chat dans la gorge, le cerveau en dissonance cognitive, des contradictions irréductibles devant les yeux, nous étions malades. Doute, abandon, désespoir, dépression, tout ce qu'on - encore lui - veut nous tombait dessus. 

Mais nous avons compris. Cette maladie, notre maladie, était une bénédiction. Nous devions nous sentir mal, puisque nous étions intègres et sincères dans nos idéaux, ô combien trahis par la réalité, par la politique. Un démocrate doit être malade dans notre fausse démocratie. Un internationaliste doit être malade face au mondialisme. Un cosmopolite doit être malade au milieu de notre société anti-raciste. Celui-là et son intégrité n'a plus qu'à prendre conscience que c'est la société, malade, qui le rend malade. Et il se guérit. Et il comprend. 

Animé d'un véritable et profond sentiment européen, d'un élan démocratique tout autant, celui-là ne peut que constater que l'Union Européenne piétine l'un comme l'autre. C'est dur à admettre, c'est extrêmement violent à avouer, parce que les envolées de Victor Hugo résonnent en nous, entre autres, mais l'UE va dans le mur, et ce depuis le début. L’Europe, ce n'est pas par là... C'est dur à admettre, c'est extrêmement violent à avouer, parce que les sacrifices révolutionnaires résonnent en nous, entre autres, mais la démocratie va dans le mur, et ce depuis le début. La démocratie, ce n'est pas par là...

Où allons-nous ? Nous y sommes, et c'est en oligarchie mondialiste. Nous rêvions de démocraties internationalistes. Ce n'est pas la même chose : c'est le contraire. 

C'est le moment. Tout est clair. Nous savons à qui profite le crime. Nous n'avons que faire des criminels, nous leur avons laissé les clés de la banque, ils se sont servis. Le problème n'est pas qu'ils sont vilains et méchants, c'est que nous n'aurions pas du laisser les clés de la banque.

L'UE, à force de se faire sans les peuples, se fait contre les peuples. L'UE, à force de se faire contre les peuples, se fait sans les peuples. Il faut reprendre les fondamentaux (cf. Étienne Chouard).

1/ Nous voulons la démocratie, le pouvoir au peuple : le peuple doit donc exister. Il est exclu du discours politique actuel, sous peine d'être taxé de populisme, euphémisme bien compris (mais insensé) de fascisme.

2/ Le peuple doit avoir le pouvoir. L'élection suppose de connaître les candidats. Elle pourrait être valable à petit échelle, dans un village, une petite ville. Elle est absurde à l'échelle nationale. Elle implique une médiatisation à grande échelle, des moyens de propagande gigantesques : partis politiques, médias appartenant aux grands groupes industriels, qui concentrent fatalement l'exercice du pouvoir en quelques-uns. Il ne doit pas exister de partis politiques, et il ne doit pas y avoir d'élections.

3/ C'est par tirage au sort que les représentants du peuple doivent être désignés. C'est l'assurance de ne pas voir s'établir une oligarchie médiatico-politique déconnectée du peuple, de ne pas avoir à se soumettre à quelque despotisme éclairé, dictature des experts, ou autre Parti Intellectuel.

4/ Le peuple, ayant retrouvé le pouvoir, pourra s'intéresser de nouveau aux questions politiques. Il le fera. Lors du référendum de 2005, croyant que son avis valait quelque chose (au contraire des élections, où c'est la propagande du vote utile), les débats étaient passionnés et passionnants. Évidemment, si le peuple dit : "non" et que l'oligarchie lui répond : "ce sera oui quand même", ça refroidit les ardeurs. Ce genre de choses ne sera plus possible.

5/ C'est à lui, le peuple, d'écrire une Constitution. Il est aberrant, c'est une formidable insulte à la logique, une extravagante agression envers l'intelligence, que les représentants écrivent eux-mêmes les règles qui limiteront leurs propres pouvoirs. Cela promet d'être difficile, mais passionnant...


Jusque-là, nous pourrions réunir à peu près tout le monde de l'extrême-gauche à l'extrême-droite, à l'exception du radeau de la Méduse de l'UMPS. Tout ce beau monde serait très certainement majoritaire dans le pays. Mais évidemment, ça oblige de rassembler des gens extrêmement, extrêmement, différents. Ça ne coule pas de source. Il y a pourtant un précédent, au moins un, et assez récent. Le Conseil National de la Résistance regroupait aussi bien des communistes que des maurrassiens. Et, clairement, il y avait plus de différences à l'époque entre un communiste et un maurrassien, qu'aujourd'hui entre les amis de Philippe Poutou et ceux de Marine Le Pen. Ça ne semble pas insurmontable.

Que craint le personnel politique ? Que les 2*20% qu'il nomme "populistes" se rejoignent et à ce jeu-là, 2*20% n'est pas égal à 40%, mais à bien plus. Peyrelevade l'a expliqué doctement. C'est donc ce que nous devons réussir à faire. Vu que les politiciens hors UMPS ne le feront pas (ils restent politiciens), il n'y a donc que nous pour le faire. Comment ? ne pas voter ? donner à Biquette 20 millions de voix ? désigner un X comme candidat ? Il faut trouver une solution.

Après, après ! il sera temps de mettre sur la table les questions, les autres questions, toutes les questions, l'Europe, l'immigration, l'avortement, le productivisme, la peine de mort, l'éducation, tout. Alors, nous nous reconnaîtrons en tension, divisés, par des idéaux, des intérêts divergents. C'est ça, la démocratie.

Je sais, moi, que je ne l'emporterai pas, que mes idées demeureront minoritaires. Pas une seconde je ne pense que cette révolution citoyenne amènera l'avènement des idées décroissantes, anarchistes, situationnistes, internationalistes, etc. On ne rebaptisera pas les rues "Louis-Ferdinand Céline", "Thelonious Monk", "Friedrich Nietzsche". TF1, Canal +, Libé ne péricliteront pas sous les quolibets généraux. Avatar et Bienvenue chez les chtis ne seront pas remplacés par des projections sauvages de Hurlements en faveur de Sade, des Harmonies Werckmeister. Dieudonné ne sera pas Prix Nobel de la Paix. Les villes ne seront pas désertées par des millions de futurs néo-ruraux qui cultiveront leurs légumes et observeront les abeilles. Ce n'est de toute façon pas le but. Comme Léon Bloy, je sais être dans le camp des vaincus perpétuels.

Ce n'est pas ça le point. Ça importe vraiment peu, que nos idées l'emportent, ça n'a strictement aucune importance. Ce qui est important, c'est d'en avoir, des idées, d'être passionné... Ce qui est important, c'est de pouvoir les défendre, de savoir qu'il est possible de les défendre. Voilà ce qui motive, donne envie de penser, de s'élever, de réfléchir, de mettre en question, de chercher des réponses, de s'élever oui.

A contrario, quand M. Papandreou est sommé de renoncer à son référendum, il ne reste plus qu'à prendre une bière, regarder le match de foot, et s'étonner que François Hollande ait pu maigrir comme ça - donc voter pour lui. Désintérêt, lassitude, fatalisme, décadence, dégénérescence, tout est là devant nos yeux - tiens ! un miroir.

Nous sommes tous des Grecs.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire