jeudi 24 novembre 2011

Vive Eva

C'est qui qui nous prend encore la tête ? Les démocrates. Le dossier s'alourdit de jour en jour. 

Eva Joly, son plus gros défaut, c'est d'être à EELV. Mais ces jours-ci, elle marque de nouveaux points. Les attitudes du PS, de EELV, et des journalistes professeurs de leçons de maintien garants de la démocratie sont intolérables, une nouvelle fois. C'est insupportable. Eva au pilori. Pourquoi ? Mais parce qu'elle s'est offusquée qu'Areva intervienne pour modifier un accord entre deux partis politiques. M'enfin Eva ! Ça va pas bien dans la tête ?

Suggérons à nos amis journalistes quelques questions à poser à Eva :

- Eva Joly, vous êtes d'origine nord-européenne, vous avez un accent gothique, pouvez-vous nous en dire plus sur vos affinités avec le nazisme ?

- Eva Joly, vous attaquez le PS comme marionnette du lobby nucléaire, ne risquez-vous pas d'alimenter les délires paranoïaques de conspirationnistes à la mode sur Internet ; au fond, ne ressuscitez-vous pas le Protocole des Sages de Sion et le complot judéo-maçonnique mondial ? Quelle est votre appréciation des négationnistes du 11 septembre et de la Shoah ?

Et une question pour le journaliste-cancre qui n'a pas appris toutes ses leçons et qui reste assez au ras des pâquerettes : 

- Eva Joly, en attaquant le capitaine de pédalo, ne risquez-vous pas de faire le jeu de l'UMP et même du Front National ? Avez-vous conscience de faire courir un immense péril à la démocratie ?



Voilà. Qu'ils les posent, ces questions. Nous, nous aurons autre chose à faire que de les écouter, ces inepties. Mieux vaut passer du temps avec Bouba qu'avec n'importe quel déglingué médiatico-politique :

samedi 19 novembre 2011

Amis censeurs

La censure nous offre régulièrement, de plus en plus fréquemment et presque quotidiennement désormais, d'extravagantes occasions de se fendre la poire. Les poires sont excellentes en ce moment, d'ailleurs. 

Après l'épisode du référendum grec, prodigieux, une nouvelle aventure édifiante a vu le jour. Si j'ai bien compris, un spectacle, au pompeux titre (Sur le concept du visage du fils de Dieu), se fait gloire de lancer des excréments sur un poster du Christ. Peut-être ai-je mal compris, mais ça m'intéresse si peu que je refuse de consacrer à cela plus de temps. Des catholiques jugent la performance blasphématoire, il paraît qu'elle ne l'est pas. Voilà qui ne me ferait ni chaud ni froid. 

Les réactions en revanches sont délicieuses. 

Monseigneur Vingt-Trois (c'est bien son nom ? est-ce bien raisonnable ?) condamne... non pas le spectacle, mais les catholiques offusqués. Ce n'est pas une blague.

Les ministres, tout ce que nous comptons de professeurs de leçons de maintien, en appellent à la liberté d'expression et fustigent ces vilains catholiques très méchants. Ils défendent cet artiste qu'ils ont par ailleurs subventionné pour cette œuvre assurément majeure dans l'histoire de l'humanité. Ce n'est pas une blague non plus. 

Ces éminents responsables très sérieux sont pourtant ridiculisés, laminés, anéantis par un improbable gugusse de l'association Civitas, celle-là même qui a investi la scène pour empêcher la présentation de cette œuvre. Figurez-vous que ce Monsieur Escada (si je ne me trompe pas, car je veux rester dans l'à-peu-près) cite l'auteur de l’œuvre, pardon le Créateur, Roméo Castellucci (?), qui appellait le spectateur à faire œuvre de Création (allons bon), quitte à investir une scène de théâtre à des fins de revendication politique. Bref, le "censuré" appelait à sa censure. 

Ce n'est pas fini. Des musulmans patriotes descendent dans la rue pour crier : "Christianophobie, ça suffit !" et "Chrétiens, la France est à vous !".

Ce n'est pas encore fini. D'autres musulmans plus roublards défendent le Christ comme Prophète de l'Islam et ainsi comme signe de l'islamisation de la France.


C'est grandiose. 


P.S. : taper sur le catholicisme ou sur le Christ aujourd'hui, c'est assez pathétique : on ne tue pas un cadavre. Et puis, n'est pas Nietzsche ou, dans un autre registre, Léon Bloy qui veut. Tout cela fait monter l'impatience suscitée par le nouveau spectacle de Dieudonné, Rendez-nous Jésus (où sont les défenseurs de la liberté d'expression ?)

mercredi 16 novembre 2011

Adieu Charlie


Ah ! le Professeur Choron... Ah ! Hitler = SS... Ah ! Siné... Ah ! Hara-Kiri... J'en passe... De beaux (c'est comme ça qu'on dit) livres paraissent depuis quelques Noëls pour retracer les grandes heures de cet humour caustique. Le bête et méchant de Cavanna dans des beaux livres. Déjà le contresens. Mais le sens de la nostalgie nous fait l'oublier (un peu). Pauvre, pauvre Cavanna. Avec une telle histoire, l'hebdo en est devenu une institution. Bah ! encore le même contresens. La vocation d'un tel journal est d'être interdit, attaqué par le pouvoir en place. Son humour doit pointer du doigt le sacré (impensé) de l'époque. C'est sa raison d'être, sans quoi, il y a déjà Yann Barthès, Jamel Debbouzze ou Gad Elmaleh pour rire (on n'a pas tous le même sens de l'humour) dans le sens du poil. Il est beaucoup question de sens, vous avez remarqué. Même Guillon (!) sait se faire virer. Ce n'est pourtant pas difficile.

Charlie ne sert à rien. Je le dis sans le penser, mais je le dis quand même. On ne sait toujours pas qui a incendié ses locaux. Ça importe beaucoup, et en même temps, ça n'importe que peu. Cette semaine, Charb s'en prend aux "faux-culs" (Ramadan, Boniface, etc.) qui soutiennent le principe de la liberté d'expression et condamnent l'attentat, mais critiquent la ligne éditoriale de Charlie. Ça me semble pourtant honnête comme position. Ils disent ce qu'ils pensent, je ne vois pas ce qu'il y a de "faux-cul" à cela. En revanche, je vois ce qu'il y a de "faux-cul" à défendre la liberté d'expression de Charlie, de Redeker autrefois, mais pas celle, au hasard, de Dieudonné. On peut même applaudir les arrêtés municipaux qui interdisent à Dieudonné de se produire en spectacle. La liberté d'expression pour ceux qui sont d'accord avec nous, et seulement eux, je ne suis pas certain que ça s'appelle liberté d'expression. J'appellerai plutôt ça liberté d'oppression. 

Dieudonné parle de Charlie comme un journal de maison de retraite. Je lui donne raison. Quelques dinosaures SOS-racistosaures, démocratosaures ou encore partiscocialistosaures y trouveront encore leur compte. De notre côté, on préfèrera suivre une ligne (tordue) avec Pierre Carles, Franck Lepage, Etienne Chouard, Dieudonné, Marc-Edouard Nabe, Alain Soral, etc. Shoahnanas ou Charia Hebdo ? C'est vite vu.

mardi 8 novembre 2011

Lettre ouverte aux impétrants empêtrés

Dessins de Konk
C'est la Bérézina. Où allons-nous ? à vau-l'eau - nous y sommes déjà. Babylone brûle ; Paris, aussi. Même les responsables (et coupables) aux responsabilités le reconnaissent : ils travaillent d'arrache-pied, à cette heure, pour rendre une copie qui satisfera leurs Maîtres tout-puissants (par conséquent nos Maîtres à la puissance deux). Jusqu'où allons-nous descendre ?

Le référendum de 2005
J'ai voté "oui", et c'était pour moi une évidence, au nom de la démocratie, du fédéralisme, de l'internationalisme. Quels débats à l'époque ! Un référendum permet au peuple de se saisir d'une question, de la soumettre au débat avec passion, d'y répondre, sans avoir à entrer dans une logique de partis politiques, avec le sentiment que la réponse pourra changer quelque-chose, quand l'alternance obligatoire bipartite apparaît trop bien désormais pour ce qu'elle est : fallacieuse. Il me semblait que les sujets économiques, les discussions autour de la libre concurrence, étaient secondaires, relativement à ceux politiques et démocratiques. Que fait-on ? est la question qui se pose nécessairement après avoir défini ce "on" : qui a le pouvoir et sur quel territoire ? C'est une simple question de logique sur laquelle je n'ai pas eu à revenir. Mais, les termes du débat étaient : nationalisme, souverainisme. C'était mal poser le problème. Cette erreur (ou tromperie) a servi à deux choses : 
  1. Empêcher une bonne partie de la gauche, nourrie des bons sentiments de la gauche morale, d'accéder au sujet démocratique. Les nonistes sont souverainistes, nationalistes, xénophobes, et c'est mal, donc il n'y a même pas à discuter du contenu de la Constitution, il faut être pour l'ouverture, l'Europe, la paix.
  2. Interdire toute concrétisation de la victoire du "non" en le scindant en deux camps distincts et adeptes de vocabulaires épuisant toute velléité de compréhension : alter-mondialisme versus nationalisme.
La question démocratique
Aujourd'hui, la Traité de Lisbonne a piétiné le référendum, la crise financière a fait son œuvre, et le sort réservé à la Grèce ferait l'édification des plus incrédules. Du coup, le problème est mieux posé. La question n'est pas le nationalisme, ni même le souverainisme : la question c'est la démocratie. Quand les agences de notation dictent les politiques économiques et sociales des États, c'est la démocratie qui est en jeu. Quand Sarkozy et Merkel, ou le FMI, dictent la conduite de Papandréou, c'est la démocratie qui est en jeu. Quand l’État doit emprunter auprès des banques privées et non auprès de sa banque centrale, c'est la démocratie qui est en jeu.

Ce n'est pas la situation qui est nouvelle, c'est sa description. De longue date, elle fut dénoncée comme totalitaire, fasciste, mais par des écrivains, des artistes, marginaux, (infra-)liminaux et laminés, ou rangés dans les étagères pour les plus chanceux. Pasolini le vitupérait. Bernanos le vociférait. Céline avait inventé le mot bankster. Rien ne sert de multiplier les exemples. Ce qui change, c'est qu'aujourd'hui enfin ! c'est le débat public qui tourne autour de cette question.

Aujourd'hui, des intellectuels comme Emmanuel Todd, Jacques Sapir, Frédéric Lordon, Jean-Claude Michéa, d'autres encore, posent le débat en ces termes sur la table. Avant, ils étaient plus radicaux sans doute - qui écrirait du Castoriadis, du Illich, du Debord, en 2012 ? qui écrirait, plus encore, un Droit à la paresse ? En contrepartie, nous avons une pensée plus opérante. 

Aujourd'hui, nous vous écoutons, et nous entendons le problème correctement posé. Je dis vous, candidats en pré-campagne pour 2012, de tous bords politiques, prêts que vous seriez à vous étriper sur tout sujet politique : éducation, laïcité, immigration, peine de mort, avortement, sécurité, retraites, que sais-je ? Mais vous avez un point commun : celui de subir les flèches du système médiatico-politique UMPS faisant de vous des populistes, plus ou moins égal à fascistes.

Car vous parlez du peuple, ce qui est un grave crime, imaginons-le, en démocratie. Je disais que la situation n'est pas nouvelle. Péguy décrit si bien comment L'Argent a liquidé le Peuple. Ce qu'il en restait à son époque a pris la poudre d'escampette - c'est fini. Il n'y a plus de peuple. Il est donc logique de ne pas pouvoir en parler. Toutefois, il est tout aussi logique de chercher le peuple, quand on est démocrate : si on estime que le peuple doit avoir le pouvoir, il faut nécessairement qu'il y ait un peuple. Laissons parler Péguy :
"Notre socialisme [...] n'était nullement antinational. Il était essentiellement et rigoureusement, exactement international. Théoriquement il n'était nullement antinationaliste. Il était exactement internationaliste. Loin d'atténuer, loin d'effacer le peuple, au contraire il l'exaltait, il l'assainissait. Loin d'affaiblir, ou d'atténuer, loin d'effacer la nation, au contraire il l'exaltait, il l'assainissait. Notre thèse était au contraire, et elle est encore, que c'est au contraire la bourgeoisie, le bourgeoisisme, le capitalisme bourgeois, le sabotage capitaliste et bourgeois qui oblitère la nation et le peuple" (Notre jeunesse, Folio n°232, pp. 217-218)

Vous, socialistes ou non, posez que l'oligarchie mondialiste oblitère la nation et le peuple (ils vont de paire). Rien de commun entre vous, Jacques Cheminade, Arnaud Montebourg, Marine Le Pen, François Asselineau, Jean-Luc Mélenchon, Jean-Pierre Chevènement, Nicolas Dupont-Aignan ! On ne trouvera vraiment rien de commun entre vous, si ce n'est ce postulat de départ. Vous êtes si différents que des ralliements semblent impossible entre vous. Même entre Chevènement et Dupont-Aignan, ce n'est pas à l'ordre du jour... Même entre Cheminade et Asselineau, pas de solidarité d'exclus du système médiatique... 

Nous sommes dans une situation où il y a une chose à exiger en toute urgence : une Constituante, pour une reprise en main démocratique de son destin par le peuple, qui retrouverait immédiatement la conscience d'être un peuple, un peuple en tension(s), avec des citoyens de gauche, de droite, d'extrême droite, d'extrême gauche, de nulle part, mais un peuple. Nous ne l'obtiendrons pas si vous vous présentez en ordre dispersé. La dispersion est logique : moi par exemple et mes influences situationnistes, anarchistes, décroissantes, internationalistes, je suis très heurté par le progressisme effréné des uns, le nationalisme exacerbé des autres, le modernisme exalté des troisièmes, que sais-je ?

La dispersion est donc tout à fait compréhensible pour cette raison ; mais aussi pour celle-ci beaucoup plus contestable : la logique des partis, et de l'élection. On ne peut pas demander à Mélenchon de s'allier à Le Pen. Dans une démocratie élective (oxymore, il faut bien le dire, malgré le lieu commun si pervers), cela n'a aucun sens. 

J'en viens donc à la solution : que vous vous ralliez tous, abandonnant vos candidatures individuelles, à l'idée du tirage au sort d'une Constituante, portée par une dynamique accordant ce que l'UMPS nomme les deux fois 20% populistes, qui ont fait 55% en 2005. Faute de quoi, à force d'agir en andouilles, nous finirons par mériter d'être traités en andouillettes.

vendredi 4 novembre 2011

Ams Tram Gram

Ams, tram, gram,
Pic et pic et colégram,
Bour et bour et ratatam,
Ams, tram, gram.

Éliminons les illuminés.

Ams, tram, gram,
Pic et pic et colégram,
Bour et bour et ratatam,
Ams, tram, gram.

Éliminons les élus minés.


C'est qu'ils nous prennent pour des enfants. C'est aussi que nous les prenons pour nos parents. Soit, nous sommes des enfants, comportons-nous comme tels, c'est entendu, pas d'objection, allez, allons enfants de la patrie, le jour... le jour du pacte est arrivé, le pacte des frères, le jour du meurtre du père. C'est terminé, plié, les jeux sont faits. Ras-le-bol. La cour est pleine de ces crachats d'experts médiatiques et politiques, autant ils sont, autant nous avons de "démocrates"-sans-peuple

Ce jour, nous avons tout compris. Repliés sur la Toile, nous la tissons par la même occasion. Nous avons tout compris. Ce jour, nous pouvons l'affirmer. Les fils de la complexité sont notre terrain de jeu. 

Nous nous régalons. Notre ami M. Papandreou, socialiste, subissait nos flèches pour n'avoir pas un instant tenté de résister aux banksters européens. Dans un geste héroïque, dans un geste grec ; dans un geste démocratique, dans un geste grec, il lamine ces mêmes banksters en lançant l'idée d'un référendum sans avoir consulté personne (ni ses Maîtres européens, ni ses collègues gouvernementaux grecs). Nous nous régalons. La stupéfaction, la consternation, de tous ces grands démocrates, face à un appel au peuple - à quel peuple ! au bord de la crise de nerfs, nous buvons du petit lait. C'est extraordinaire. Comment ? Demander au peuple son avis sur un sujet si important ? Papandreou aurait entrepris le tour de Pluton en kayak qu'il n'aurait pas plus surpris son monde. Chez nous, dans les pays civilisés, ça existe aussi les référendums, ils consistent toutefois à demander son avis au peuple un jour pour faire le contraire le lendemain, avec son consentement tacite (la vie politique est ainsi faite que le citoyen s'intéresse plus au résultat de PSG-OM qu'au contenu du Traité de Lisbonne). On ne comprend donc pas très bien à quoi ça sert, mais on sait que les marchés, nerveux, n'aiment pas ça. Et on aime bien les marchés. Ah ! "on". Eh ! nous, non. 


Nous nous sommes posé des questions, beaucoup de questions. De gauche, cosmopolites, internationalistes, européens, démocrates, humanistes, laïques... tout nous portait vers la démocratie, la République laïque, l'Union Européenne, l'ONU, SOS Racisme. Tout ! C'était la pente naturelle. Ne bougeons pas : nous y sommes ! c'est la place, notre place. Mais à cette place, nous nous sentions mal à l'aise, mal entourés, mal accompagnés. Un chat dans la gorge, le cerveau en dissonance cognitive, des contradictions irréductibles devant les yeux, nous étions malades. Doute, abandon, désespoir, dépression, tout ce qu'on - encore lui - veut nous tombait dessus. 

Mais nous avons compris. Cette maladie, notre maladie, était une bénédiction. Nous devions nous sentir mal, puisque nous étions intègres et sincères dans nos idéaux, ô combien trahis par la réalité, par la politique. Un démocrate doit être malade dans notre fausse démocratie. Un internationaliste doit être malade face au mondialisme. Un cosmopolite doit être malade au milieu de notre société anti-raciste. Celui-là et son intégrité n'a plus qu'à prendre conscience que c'est la société, malade, qui le rend malade. Et il se guérit. Et il comprend. 

Animé d'un véritable et profond sentiment européen, d'un élan démocratique tout autant, celui-là ne peut que constater que l'Union Européenne piétine l'un comme l'autre. C'est dur à admettre, c'est extrêmement violent à avouer, parce que les envolées de Victor Hugo résonnent en nous, entre autres, mais l'UE va dans le mur, et ce depuis le début. L’Europe, ce n'est pas par là... C'est dur à admettre, c'est extrêmement violent à avouer, parce que les sacrifices révolutionnaires résonnent en nous, entre autres, mais la démocratie va dans le mur, et ce depuis le début. La démocratie, ce n'est pas par là...

Où allons-nous ? Nous y sommes, et c'est en oligarchie mondialiste. Nous rêvions de démocraties internationalistes. Ce n'est pas la même chose : c'est le contraire. 

C'est le moment. Tout est clair. Nous savons à qui profite le crime. Nous n'avons que faire des criminels, nous leur avons laissé les clés de la banque, ils se sont servis. Le problème n'est pas qu'ils sont vilains et méchants, c'est que nous n'aurions pas du laisser les clés de la banque.

L'UE, à force de se faire sans les peuples, se fait contre les peuples. L'UE, à force de se faire contre les peuples, se fait sans les peuples. Il faut reprendre les fondamentaux (cf. Étienne Chouard).

1/ Nous voulons la démocratie, le pouvoir au peuple : le peuple doit donc exister. Il est exclu du discours politique actuel, sous peine d'être taxé de populisme, euphémisme bien compris (mais insensé) de fascisme.

2/ Le peuple doit avoir le pouvoir. L'élection suppose de connaître les candidats. Elle pourrait être valable à petit échelle, dans un village, une petite ville. Elle est absurde à l'échelle nationale. Elle implique une médiatisation à grande échelle, des moyens de propagande gigantesques : partis politiques, médias appartenant aux grands groupes industriels, qui concentrent fatalement l'exercice du pouvoir en quelques-uns. Il ne doit pas exister de partis politiques, et il ne doit pas y avoir d'élections.

3/ C'est par tirage au sort que les représentants du peuple doivent être désignés. C'est l'assurance de ne pas voir s'établir une oligarchie médiatico-politique déconnectée du peuple, de ne pas avoir à se soumettre à quelque despotisme éclairé, dictature des experts, ou autre Parti Intellectuel.

4/ Le peuple, ayant retrouvé le pouvoir, pourra s'intéresser de nouveau aux questions politiques. Il le fera. Lors du référendum de 2005, croyant que son avis valait quelque chose (au contraire des élections, où c'est la propagande du vote utile), les débats étaient passionnés et passionnants. Évidemment, si le peuple dit : "non" et que l'oligarchie lui répond : "ce sera oui quand même", ça refroidit les ardeurs. Ce genre de choses ne sera plus possible.

5/ C'est à lui, le peuple, d'écrire une Constitution. Il est aberrant, c'est une formidable insulte à la logique, une extravagante agression envers l'intelligence, que les représentants écrivent eux-mêmes les règles qui limiteront leurs propres pouvoirs. Cela promet d'être difficile, mais passionnant...


Jusque-là, nous pourrions réunir à peu près tout le monde de l'extrême-gauche à l'extrême-droite, à l'exception du radeau de la Méduse de l'UMPS. Tout ce beau monde serait très certainement majoritaire dans le pays. Mais évidemment, ça oblige de rassembler des gens extrêmement, extrêmement, différents. Ça ne coule pas de source. Il y a pourtant un précédent, au moins un, et assez récent. Le Conseil National de la Résistance regroupait aussi bien des communistes que des maurrassiens. Et, clairement, il y avait plus de différences à l'époque entre un communiste et un maurrassien, qu'aujourd'hui entre les amis de Philippe Poutou et ceux de Marine Le Pen. Ça ne semble pas insurmontable.

Que craint le personnel politique ? Que les 2*20% qu'il nomme "populistes" se rejoignent et à ce jeu-là, 2*20% n'est pas égal à 40%, mais à bien plus. Peyrelevade l'a expliqué doctement. C'est donc ce que nous devons réussir à faire. Vu que les politiciens hors UMPS ne le feront pas (ils restent politiciens), il n'y a donc que nous pour le faire. Comment ? ne pas voter ? donner à Biquette 20 millions de voix ? désigner un X comme candidat ? Il faut trouver une solution.

Après, après ! il sera temps de mettre sur la table les questions, les autres questions, toutes les questions, l'Europe, l'immigration, l'avortement, le productivisme, la peine de mort, l'éducation, tout. Alors, nous nous reconnaîtrons en tension, divisés, par des idéaux, des intérêts divergents. C'est ça, la démocratie.

Je sais, moi, que je ne l'emporterai pas, que mes idées demeureront minoritaires. Pas une seconde je ne pense que cette révolution citoyenne amènera l'avènement des idées décroissantes, anarchistes, situationnistes, internationalistes, etc. On ne rebaptisera pas les rues "Louis-Ferdinand Céline", "Thelonious Monk", "Friedrich Nietzsche". TF1, Canal +, Libé ne péricliteront pas sous les quolibets généraux. Avatar et Bienvenue chez les chtis ne seront pas remplacés par des projections sauvages de Hurlements en faveur de Sade, des Harmonies Werckmeister. Dieudonné ne sera pas Prix Nobel de la Paix. Les villes ne seront pas désertées par des millions de futurs néo-ruraux qui cultiveront leurs légumes et observeront les abeilles. Ce n'est de toute façon pas le but. Comme Léon Bloy, je sais être dans le camp des vaincus perpétuels.

Ce n'est pas ça le point. Ça importe vraiment peu, que nos idées l'emportent, ça n'a strictement aucune importance. Ce qui est important, c'est d'en avoir, des idées, d'être passionné... Ce qui est important, c'est de pouvoir les défendre, de savoir qu'il est possible de les défendre. Voilà ce qui motive, donne envie de penser, de s'élever, de réfléchir, de mettre en question, de chercher des réponses, de s'élever oui.

A contrario, quand M. Papandreou est sommé de renoncer à son référendum, il ne reste plus qu'à prendre une bière, regarder le match de foot, et s'étonner que François Hollande ait pu maigrir comme ça - donc voter pour lui. Désintérêt, lassitude, fatalisme, décadence, dégénérescence, tout est là devant nos yeux - tiens ! un miroir.

Nous sommes tous des Grecs.