samedi 10 septembre 2011

Bzzzzz

Un bourdon femelle car avec du pollen, les mâles ne font rien - "Nature en beauté"


Je vous dis : abeille. Vous répondez : ruche, miel, Maya peut-être. Non !... faux ! nul ! zéro !

Comme je suis généreux, je ne vous mets pas 0, mais vous donne 1. Pas 1/20, mais 1/1000. C'est mieux que rien, pour la molécule de glucose que vous avez du casser pour fournir l'énergie de donner la réponse.

1/1000. C'est peu. C'est confondant et ça interdit. En mille : ça remet en place. Au lendemain, on commence à remettre en ordre. On a ouvert le dictionnaire, mais les pages sont mélangées. Mais la veille, le dictionnaire encore fermé, on ne sait même pas qu'on vaut 1/1000, on pense savoir, connaître, être dans son bon droit. Rien de plus faux. Notre ignorance est abyssale. Je le sais. Je crois même le savoir trop (et c'est, de mon analyse, ce qui me vaut d'être vu comme arrogant ou méprisant par beaucoup de lecteurs). Je le sais, c'est si souvent vérifié, c'est un gouffre qui s'ouvre chaque jour.
Aujourd'hui est le jour des abeilles. Qu'ont ces petites bestioles d'intéressant pour l'être humain ? Elles font le miel. Oui, et quelles en soient remerciées ! C'est entendu. Mais, c'est une espèce, une seule espèce, une espèce sur mille, qui fait du miel : l'abeille de ruche. L'abeille, les abeilles, ce sont donc encore 999 espèces, dont personne n'a rien à foutre. Il y en a des grandes noires (xylocopes), des toutes petites (lysoglissiums ?), des collètes du lierre, enfin c'est une diversité insondable. Tout le monde en ignore l'existence. Encore n'est-ce pas tout à fait vrai, jugez plutôt :

L'Union Européenne a calculé que faire le travail de pollinisation, l’œuvre des abeilles, reviendrait à 14 milliards d'euros par an. Ah. Comme les abeilles sont en train de mourir, elles prennent cher - et c'est leur disparition qui nous coûterait cher à nous. Monsanto et d'autres amis financent moult études pour "démontrer" que la disparition des abeilles est due à diverses causes. Laissons ces conteurs noyer les poissons (ça, c'est inoffensif, à la lettre), et avançons, nous, l'hypothèse des pesticides et de l'agriculture dégénérée (cf. les articles à propos de Claude & Lydia Bourguignon). 

J'apprends par exemple ce jour grâce à une journée menée par l'association Arthropologia que les syrphes, ces mouches qu'on prend pour des guêpes ? mais qui sont capables de faire du vol stationnaire, ont besoin de pucerons pour leurs larves et de nectar pour elles, pour aller chercher des pucerons. Si on a des champs gigantesques de salades, les pucerons pullulent. Mais si, aux alentours, il n'y a pas de fleurs pour donner du nectar à ces syrphes, celles-ci ne viendront pas manger les pucerons. Alors l'agriculteur met des pesticides, tous les 15 jours, pour liquider les pucerons. Bon. C'est toute une connaissance, perdue. Comme celle d'utiliser les plantes qui nous entourent, mais on les piétine sans les connaître. J'apprends aussi que la cramaillotte, la confiture de pissenlit est excellente. Étonnant, non ? Que le plantain est un antihistaminique puissant. Enfin c'est sans fin. Deux illustrations encore : le ricin que l'on trouve dans tout parc est mortel, à dose de deux graines pour les enfants, quatre pour les adultes (barème poelvoordien)... il n'y a qu'à se servir pour empoisonner son voisin ; l'amarante aux propriétés nutritives exceptionnelles était largement cultivée en Amérique pré-colombienne, liquidée par les colonisateurs qui voulaient imposer le christianisme et donc se débarrasser des rites solaires en vigueur pour lesquels l'amarante était utilisée... c'est ainsi ce que l'on nomme une civilisation.

D'ailleurs, j'ai lu en même temps Pour en finir avec le jugement de dieu du cher Antonin Artaud. Le bougre et ses Tarahumas est dans le ton.

Les abeilles meurent, pas seulement les abeilles de ruche, pas tellement elles, surtout les abeilles sauvages. Celles que personne ne connaît, et dont tout le monde se fout. Mais, et j'en fus fort ébahi, elles peuvent aussi trouver refuge à la ville. A la campagne, c'est foutu, c'est pesticide à volonté. Mais en ville, on y met des fleurs, beaucoup de fleurs, pour chaque période de l'année, et elles trouvent donc facilement de quoi se nourrir, plus sainement (car les fleurs en question reçoivent beaucoup moins de pesticides que les champs de l'agriculture intensive) qu'à la campagne. Un comble ! 

Toutefois, ces petites bêbêtes qui nichent pour les unes sous terre, pour les autres dans des tiges creuses, pour les dernières dans du bois, ne trouvent pas en ville d'habitat. Un comble aussi. Mais le marché de l'immobilier est en hausse pour tout le monde. C'est pourquoi il faut leur aménager des maisons. C'est toute l'idée du Projet Urbanbees.

Moralité : c'est tout étonnant de tenir entre ses doigts des abeilles, des bourdons, de les sentir vibrer, bourdonner. De vérifier leur absence totale d'agressivité, aussi.

2 commentaires:

  1. Tu participes à Urbanbees ??? J'y étais passée il y a des années, je pensais justement à retourner voir ce qu'il se passait ! Tu me préviendras si tu retournes les voir ?

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  2. J'y suis allé oui, et j'y retournerai certainement même si le temps va assurément manquer...

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