Ce devait être Sonny Rollins, des bronches de nonagénaire en auront décidé autrement... Deux petits jeunes ont alors été rappelés pour le remplacer : Ahmad Jamal (84 ans) et Yusef Lateef (94 ans). Le jazz est une musique d'avenir... j'ai entendu ça un jour à la radio... mais pour quelques années seulement, alors... et encore... théâtre ! antique ! monumental ! on en est à l'époque des fouilles archéologiques... faut admettre c'est plus les années 40 ! le jazz des catacombes. Il en reste encore quelques témoins... si ! si ! je certifie... j'ai vu des jazzmen...
D'autres les consomment. "Une heure tout juste... bin dis donc !" s'offusque un honnêt'gens derrière moi lorsque Ahmad Jamal et ses acolytes terminent leur concert. 80 centimes la minute, il l'avait mauvaise le raisonnable ! Il lui avait échappé que Jamal allait inviter Yusef Lateef pour une deuxième partie de concert... avant de laisser la place à Chucho Valdès.
Compter quand on assiste à la mort du jazz ? son enterrement bien trop révérencieux pour être honnête. Heureusement, Yusef Lateef a plus d'un tour dans son sac, et plus d'une flûte à son bec. Il souffle, dans tout et surtout dans n'importe quoi, prenant l'air d'un sorcier invoquant les dieux pour qu'ils fassent tomber la pluie. Ce ne serait pas un enterrement... Les éléments lui obéissent, naturel, implacable, logique. Goutte, goutte... goutte... orage... déluge ! Un technicien protège le piano, les consommateurs se jettent des tribunes, les autres restent, et observent le son et lumière provoqué par Maître Lateef : foudre, tonnerre, torrent antique. Yusef Lateef s'en va alors, dans l'indifférence générale. C'est terminé.
Je ne peux même plus rester pour Chucho Valdès...
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