mercredi 2 janvier 2013

Le fascisme dans la ruche

J'aime les abeilles. J'aime leurs vibrations, leur sens de l'orientation qui n'a d'égal que la longueur de la muraille de Chine, ou peut-être leur instinct d'organisation sociale qui devrait faire pâlir de honte les dictateurs totalitaires assoiffés de sang et tortionnaires de leur peuple, femmes et enfants d'abord, ainsi que me le racontait mon ami de 50 ans Jafred Pandouri, l'immense résistant turkméno-irlandais, à la vaillance éprouvée par les siècles, lors d'un dîner-bivouac dans les montagnes sibériennes après 33 jours de traversée de l'infernal désert de Gobi à dos d'inconfortables dromadaires et sous une chaleur de plomb - j'avais heureusement pensé à emporter quelques chemises blanches - Jofrid me disait donc, je m'en souviens comme si c'était hier : "le Président non-élu Ahmadinejad est moins démocrate encore que la plus insignifiante des abeilles". C'était vrai. J'aime donc les abeilles.

Ajouterai-je ? oui je l'ajouterai, que leur pyjama rayé, et leur extermination - une véritable Shoah par Round-up a lieu sous nos yeux - me rappelle, en me poussant aux côtés de ces victimes expiatoires, les heures les plus sombres de notre histoire. 

Je suis poussé, dans des élans incontrôlés et incontrôlables, à la solidarité avec les abeilles, et Spinoza lui-même était amoureux des abeilles. Mon humilité n'est pas flattée d'être en si bonne compagnie, il faut pourtant parfois savoir reconnaitre sa valeur. L'arrogance sans l'aimer.

Je ne serai pas soupçonné, ne seront que les renégats de la pensée humaniste et démocrate, d'être un ennemi des abeilles.

Dans l'affaire du miel, pourtant, on se trompe. Lourdement. Et avec de tragiques conséquences risquant de faire glisser nos démocraties modernes sur une pente vertigineuse qui nous mènerait, si jamais nous avions la faiblesse munichoise de l'emprunter, à Hitler et ses adeptes contemporains. 



Le Professeur Henri Joyeux est certainement un homme tout à fait respectable. Ses errances en sont d'autant plus graves. De livres en conférences, il n'a de cesse de fustiger les laboratoires pharmaceutiques, et dans un pétainisme le plus rance, de promouvoir miel, propolis et autres pollens en lieu et place des médicaments issus des plus récentes avancées technologiques menées par nos plus brillants scientifiques. Non content de propager ces idées moyenâgeuses et populistes, il occupe le poste de Président de l'Association Familles de France. Re-suçant les vieilles lunes fascistes (la terre ne ment pas), il éructe avec la caution scientifique qui l'abrite et l'air bonhomme qui le caractérise, les idées dignes des pires génocidaires de l'histoire de l'humanité (Hitler n'aimait-il pas les animaux ?).

Il est urgent que la communauté scientifique dans son ensemble publie un communiqué de désapprobation de ce Professeur Tournesol à la solde d'un néo-fascisme qui ne dit pas son nom. La bête immonde n'est jamais loin tapie. Ayons le courage, en ce début d'année 2013, de la traquer, nous, philosophes démocrates et bienfaiteurs de l'humanité, faute de quoi c'est la société toute entière qui plongera dans la négation éhontée des droits de l'homme sous les assauts répétés de ces venins d'abeilles. C'est notre mission. Soyons-en dignes. L'humanisme du XXIe en dépend.

Botul

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