mercredi 16 janvier 2013

La gauche pour tous ?

La gauche pour tous, c'est une cuiller à soupe d'anarchisme, et une cuiller à soupe de pensée réactionnaire, matin, midi, et soir. 

Le mariage pour tous. Voilà un sujet qui ne m'intéresse pas. Le mariage, tout court, n'est certes pas mon thème de prédilection. Les pires difficultés... je vous assure... pour imaginer ça comme revendication. En fin de repas, alors d'accord ! au moment de la digestion, je veux bien, mais pas au moment de l'apéro, pas à jeun... pire encore... Imagine-t-on une meute de loups affamés enfin trouver la trace d'un caribou (c'est tombé sur lui) arrêter la chasse et préférer débattre de la couleur du pelage des uns et des autres ? Pour le caribou, c'est cadeau ! Pour l'ennemi sans nom sans visage de François Hollande (souvenez-vous), c'est cadeau !

Bref.

Or, on en parle, et parle, et bla, bla, et reblabla. Une demi-heure de ces débats, quinze jours à s'en remettre. 

Et je considère par ailleurs ce genre de sujets comme le plus parfait enfumage de la part du >> centre-gauche << (les affairistes), toujours prompts à trouver du sociétal et/ou du national pour éviter que la canaille ne se penche de trop près à la question sociale. Pas intéressé... d'une... volonté de ne pas participer à un écran de fumée... de deux.

Pourtant, aujourd'hui, j'y vais. Il faut dire que je passe par plusieurs états, et que, comme souvent finalement, je suis plus énervé par ceux qui sont supposés partager mon point de vue, que par les adversaires idéologiques. Mais quel point de vue d'abord ? Celui qu'on a du haut de la Montagne Anarcorehak. En route...

Est-ce que je suis pour ou contre le mariage homosexuel ? Je m'en fous. Je me fous du mariage. Je trouve que la loi n'a pas à définir avec qui ni à combien on peut se marier. C'est-à-dire que la formule "mariage pour tous", je dis banco ! Pourquoi limiter le mariage à deux personnes ? Ministre Taubira dit : le mariage, c'est le couple. Point. Ah ! pardon ! Sic transit gloria mundi, amen. Jusque-là, c'était un homme et une femme. Qui avait décidé ça ? Aujourd'hui ça peut aussi être deux femmes, ou deux hommes. Qui décide ? Ministre Taubira et compagnie. Ministre Taubira veut pas des trouples (berk), mais personne ne sait pourquoi. Deux femmes s'aiment, elles ont donc le droit de se marier. Et si... ils s'aiment à trois ? Là, non. Argument zéro. C'est comme ça. Je signale que nous ne sommes pas des petits enfants, que nous écrivons nos lois, et qu'il n'y a pas de "c'est comme ça" qui tienne. Que ce soit Dieu ou Ministre Taubira, nous pouvons remettre en cause, questionner la légitimité des choses. A quoi bon combattre l'obscurantisme des religions, si c'est pour produire le même, estampillé modernité, certifié progressiste, etc. ? Cornélius défends-moi ! L'institution imaginaire de la société - l'autonomie...  C'est Chomsky, aussi : l'anarchisme consiste à exiger de l'Autorité qu'elle se justifie, et si elle n'y parvient pas, à la surmonter. Et pour le coup, je serais curieux de savoir par quels raisonnements logiques on peut arriver à la position de Ministre Taubira.

J'ajoute qu'il ne s'agit pas au-dessus d'une défense ou d'une promotion de la polygamie, loin s'en faut. De même que l’État n'a pas à nous dire ce que nous devons penser, il n'a pas à mon sens à nous dire avec qui nous pouvons nous marier. Après, chacun pense ce qu'il veut, chacun vit comme il l'entend, ce qui ne pourra pas nous empêcher de critiquer ou combattre des pensées, des modes de vie. Je ne vois pas pourquoi on devrait avoir peur de pensées, de comportements, différents, marginaux, "déviants".

Ainsi, les partisans du "mariage pour tous", n'assument pas cette formule.  Ils pensent "mariage homosexuel" et ils disent "mariage pour tous". Pardi ! ce serait discriminant, ce serait stigmatisant, de dire "mariage homosexuel". Mariage pour tous, c'est plus fun (berk), on est tous égaux, on a tous les mêmes droits, ce qui compte c'est l'amour, après la pluie le beau temps et pierre qui roule n'amasse pas mousse. Les opposants, qui ne voient pas plus loin, eux, que le bout de leur tradition, ont cependant raison de brandir la polygamie, etc. etc. C'est la conséquence logique de la formule "mariage pour tous". Les partisans, autruches qui s'ignorent, protestent : dialogue de sourds, très lassant quand on a des oreilles.

Il y en a un que j'aime écouter, c'est Eric Zemmour. Il explique, puisqu'il a lu et compris les critiques du capitalisme depuis Marx jusqu'à Michéa aujourd'hui, que le Capital a besoin de détruire les Institutions sociales, la liberté économique passe par les libertés individuelles, libertaires et libéraux sont les deux faces de la même pièce. C'est vrai. C'est le grand drame de la gauche, la vraie. Lutter contre l'Eglise c'est bien gentil, ça sert le Capital. Lutter contre de Gaulle c'est bien gentil, ça sert le Capital. Mai 68 c'est bien gentil, ça sert le Capital. La nation, la famille, à la trappe ! c'est le Capital qui se frotte les mains. Famille, Religion, Nation, Tradition, sont autant de freins au matérialisme consommateur le plus dégénéré. Que des saletés nauséabondes et moyenâgeuses qui font penser aux pauvres hères qu'il y autre chose dans la vie que le dernier i-pod 45.

Et que voyons-nous ? notre bon ami Monsieur Soros payer des prostituées ukrainiennes (françaises à l'occasion) pour venir asperger quelques familles qui s'opposent au "mariage pour tous". Que voyons-nous ? Monsieur Bergé trouver très bien que l'ouvrier loue ses bras et par conséquent très bien que les femmes puissent louer leur ventre. Liquidation générale ! Tout doit disparaitre ! Tout peut se vendre. Il sera fait exception de ce qui existe à l'état naturel. C'est la blague quasiment réalisée de Michéa : il sera bientôt légal de vendre du cannabis, mais illégal de cultiver des plants de tomates non autorisés par Monsanto, si bien que nous devrons cacher nos plants de tomate illégaux derrière des plants de cannabis.

Léon BLOY (L'Invendable) :
- Bon Dieu ou bon diable ! c'est toujours ça de vendu !
Exclamation d'un vendeur de la rue, jet de lumière sur le XXe siècle. Dieu et le diable sont hors de cause et de plus en plus. Leur affirmation ou leur négation fut un jeu pour l'âge puéril de l'Humanité. Devenue raisonnable enfin, la race humaine vendra... exclusivement. Elle vendra tout. - Malheur à celui qui donne ! Malheur à la Jérusalem de ceux qui donnent ! Malheur à moi !...
Est-ce bien
malheur qu'il faut dire ?

Résumons-nous :
1/ je dépasse par l'extrême-gauche les "modernes" "progressistes" partisans du mariage homosexuel

2/ je mesure les conséquences de cet anarchisme, qui peut aider (qui aide depuis deux siècles) à faire progresser la marchandisation générale du monde

Alors, il est facile d'égratigner les gratinés qui se déguisent en oiseau, en lapin, en tarte aux cerises pourquoi pas ? pour défiler contre le mariage pour tous et assènent les lieux communs et les absurdités les plus fantastiques. Mais, de mon point de vue anarco-réac, ce ne sont que des lieux communs du XIXe siècle, des lieux communs de vaincus, de poisson pêché qui redouble de frétillements avant de mourir. Les dangereux ? Pas eux.

Non, les dangereux, ce sont ceux qui assènent les lieux communs du XXIe siècle. C'est Canal+ (à qui je dédie cette phrase d'Audiard) qui fait passer, avec un côté fun (berk), sympa (berk), la Propagande du Capital. Pierre Bergé et ses moutons.



3/ la gauche ne devrait donc jamais oublier que la priorité est de créer les conditions sociales d'émancipation individuelle (et avec une arrière-pensée à la Jaurès, à la Rousseau, à la Robespierre : "sous le régime capitaliste, l'individu est enfoncé dans la matière jusqu'au cœur, sous l'écrasement économique et sous l'obsession militaire. Je veux essayer de construire une cité d'espérance où l'Homme s'aperçoit que les étoiles existent." (Jaurès))... Se libérer de l'emprise de la religion, de la famille, de l’État, etc. : oui ! pour tomber dans les griffes de la Banque : non !

Faute de quoi, en plus de nouveaux pas vers la marchandisation du corps, validés par le silence au moins, on s'escrime sur ce sujet somme toute assez périphérique, pour mieux ne pas voir la guerre au Mali ("guerre contre le terrorisme", "war on terror" c'est mieux en anglais, encore, comique de répétition assez lassant), le saccage du droit du travail, et autres diableries qui remettent bien plus furieusement en cause les idées de liberté, d'égalité, de laïcité, de progrès, tant vantées par la pensée dominante à propos de ce "mariage pour tous".


Conclusion : le >> centre-gauche << libéral-libertaire (libéral pour rire, libertaire pour rire, mais c'est encore autre chose), c'est le meilleur moyen de tomber dans la gueule du loup. D'une opposition l'autre...

samedi 12 janvier 2013

De l'hallali au hari-kari : le ramdam des manants, le tohu-bohu de la canaille


Laurent LOUIS dissout le MLD et réclame un... par JaneBurgermeister


Nous avions déjà tout : 
=> la suppression des partis politiques (Simone Weil, Note sur la suppression générale des partis politiques)
=> les germes démocratiques (Cornelius Castoriadis)

=> la volonté générale (Jean-Jacques Rousseau)

=> le tirage au sort (Etienne Chouard)


Mais, c'est bien la première fois, à ma connaissance, que cela vient d'un élu. Laurent Louis, belge de son état, qui s'était jusque-là fait remarquer à nos oreilles par ses diatribes contre les réseaux pédophiles, passe à un niveau beaucoup plus systématique. 

Plus de parti, plus d'argent, plus de lobby ! Quel est donc cet insensé ?



Les attaques à son encontre vont certainement redoubler. C'est qu'il ne faudrait pas que la populace, la canaille, les gueux, les ploucs, les fous et les insensés, nous quoi - il ne faudrait pas que la populace vienne à suivre cette idée. Big Pharma subirait tant de dommages, les élus seraient mis au chômage, le corbeau en perdrait son fromage. Horresco referens ! Je ne puis le croire... Un parlement tiré au sort ! Rendez-vous compte... il serait peuplé de manants !

Ce serait vraiment trop horrible.

mercredi 2 janvier 2013

Le fascisme dans la ruche

J'aime les abeilles. J'aime leurs vibrations, leur sens de l'orientation qui n'a d'égal que la longueur de la muraille de Chine, ou peut-être leur instinct d'organisation sociale qui devrait faire pâlir de honte les dictateurs totalitaires assoiffés de sang et tortionnaires de leur peuple, femmes et enfants d'abord, ainsi que me le racontait mon ami de 50 ans Jafred Pandouri, l'immense résistant turkméno-irlandais, à la vaillance éprouvée par les siècles, lors d'un dîner-bivouac dans les montagnes sibériennes après 33 jours de traversée de l'infernal désert de Gobi à dos d'inconfortables dromadaires et sous une chaleur de plomb - j'avais heureusement pensé à emporter quelques chemises blanches - Jofrid me disait donc, je m'en souviens comme si c'était hier : "le Président non-élu Ahmadinejad est moins démocrate encore que la plus insignifiante des abeilles". C'était vrai. J'aime donc les abeilles.

Ajouterai-je ? oui je l'ajouterai, que leur pyjama rayé, et leur extermination - une véritable Shoah par Round-up a lieu sous nos yeux - me rappelle, en me poussant aux côtés de ces victimes expiatoires, les heures les plus sombres de notre histoire. 

Je suis poussé, dans des élans incontrôlés et incontrôlables, à la solidarité avec les abeilles, et Spinoza lui-même était amoureux des abeilles. Mon humilité n'est pas flattée d'être en si bonne compagnie, il faut pourtant parfois savoir reconnaitre sa valeur. L'arrogance sans l'aimer.

Je ne serai pas soupçonné, ne seront que les renégats de la pensée humaniste et démocrate, d'être un ennemi des abeilles.

Dans l'affaire du miel, pourtant, on se trompe. Lourdement. Et avec de tragiques conséquences risquant de faire glisser nos démocraties modernes sur une pente vertigineuse qui nous mènerait, si jamais nous avions la faiblesse munichoise de l'emprunter, à Hitler et ses adeptes contemporains. 



Le Professeur Henri Joyeux est certainement un homme tout à fait respectable. Ses errances en sont d'autant plus graves. De livres en conférences, il n'a de cesse de fustiger les laboratoires pharmaceutiques, et dans un pétainisme le plus rance, de promouvoir miel, propolis et autres pollens en lieu et place des médicaments issus des plus récentes avancées technologiques menées par nos plus brillants scientifiques. Non content de propager ces idées moyenâgeuses et populistes, il occupe le poste de Président de l'Association Familles de France. Re-suçant les vieilles lunes fascistes (la terre ne ment pas), il éructe avec la caution scientifique qui l'abrite et l'air bonhomme qui le caractérise, les idées dignes des pires génocidaires de l'histoire de l'humanité (Hitler n'aimait-il pas les animaux ?).

Il est urgent que la communauté scientifique dans son ensemble publie un communiqué de désapprobation de ce Professeur Tournesol à la solde d'un néo-fascisme qui ne dit pas son nom. La bête immonde n'est jamais loin tapie. Ayons le courage, en ce début d'année 2013, de la traquer, nous, philosophes démocrates et bienfaiteurs de l'humanité, faute de quoi c'est la société toute entière qui plongera dans la négation éhontée des droits de l'homme sous les assauts répétés de ces venins d'abeilles. C'est notre mission. Soyons-en dignes. L'humanisme du XXIe en dépend.

Botul