mardi 18 décembre 2012

Le nouvel excommunié

 Il y eut cette grand-messe-ci : 


Il en manquait un, un seul - le seul - celui qui s'en prend au communautarisme, et à toutes les communautés. Les communautés : toutes sortes de gens qui se regroupent entre eux parce qu'ils sont noirs, les uns, parce qu'ils sont juifs, les autres, parce qu'ils ont des chapeaux ronds, peut-être... pour défendre les intérêts de ces gens-là. C'est une logique que je trouve quelque peu raciste. Il serait beaucoup trop peu raisonnable de défendre les intérêts des autres, voire, horresco referens !... les intérêts de tous. En revanche, en tant que représentant de la communauté de Truc, il est tout à fait logique de défendre la communauté de Machin - c'est le communautarisme qu'il faut défendre, un peu comme le marin a besoin de la mer pour naviguer. 

Quand, hébété et ahuri, on ne se sent d'aucune communauté, et qu'on ne reconnait aucune médiation entre l'individu et la communauté humaine (à moins de tomber sur un extrémiste d'extrême qui considérerait lui non pas l'humanité mais la Nature, mais c'est encore autre chose), on attaque de fait les communautés. Mais le clamer ouvertement, c'est pousser le bouchon un peu loin : elles vous tombent toutes dessus. 

Et c'est ainsi qu'Allah est grand et qu'en 2012, la société pleure d'admiration devant cette ribambelle de comiques sponsorisés, mais négationne le seul Artiste. Pour rire, vraiment rire, contre le racisme, vraiment contre le racisme : 




Et voici l'introduction du petit livre de Léon Bloy (Un brelan d'excommuniés), que je suis bien obligé de proposer à la transposition à notre temps :

Nous assistons en France, et depuis longtemps déjà, à un spectacle si extraordinaire que les malheureux appelés à continuer notre race imbécile n'y croiront pas. Cependant, nous y sommes assez habitués, nous autres, pour avoir perdu la faculté d'en être surpris.

C'est le spectacle d'une Église, naguère surélevée au pinacle des constellations et cathédrant sur le front des séraphins, tellement tombée, aplatie, caduque, si prodigieusement déchue, si invraisemblablement aliénée et abandonnée qu'elle n'est plus capable de distinguer ceux qui la vénèrent de ceux qui la contaminent. 

Que dis-je ? Elle en est au point de préférer et d'avantager de ses bénédictions les plus rares ceux de ses fils qu'elle devrait cacher dans d'opaques ombres, clans d'occultes et compliqués souterrains, dont la clef serait jetée, au son des harpes et des barbitons, dans l'abîme le plus profond du Pacifique, par des cardinaux austères expédiés à très grands frais sur une flotte de trois cents vaisseaux !

Quant à ceux-là qui sont sa couronne, ses joyaux, ses éblouissantes gemmes et dont elle devrait adorner sa tête chenue autrefois crénelée d'étoiles, elle décrotte ses pieds sur leur figure et délègue des animaux immondes pour les outrager.

Je l'ai dit autre part, avec force développements. Les catholiques modernes haïssent l'Art d'une haine sauvage, atroce, inexplicable. Sans doute, il n'est pas beaucoup aimé, ce pauvre art, dans la société contemporaine et je m'extermine à le répéter. Mais les exceptions heureuses, devraient, semble-t-il, se rencontrer dans ce lignage de la grande Couveuse des intelligences à qui le monde est redevable de ses plus éclatants chefs-d’œuvre.

Or, c'est exactement le contraire. Partout ailleurs, c'est le simple mépris du Beau, chez les catholiques seuls, c'est l'exécration. On dirait que ces âmes médiocres, en abandonnant les héroïsmes anciens pour les vertus raisonnables et tempérées que d’accommodants pasteurs leur certifient suffisantes, ont remplacé, du même coup, la détestation surannée du mal par l'unique horreur de ce miroir de leur misère que tout postulateur d'idéal leur présente implacablement.

Il s'effarouchent du Beau comme d'une tentation de péché, comme du Péché même, et l'audace du génie les épouvante à l'égal d'une gesticulation de Lucifer. Ils font consister leur dévote sagesse à exorciser le sublime.

On parle de critique, mais le flair de leur aversion pour l'Art est la plus sûre de toutes les diagnoses ! S'il pouvait exister quelque incertitude sur un chef-d’œuvre, il suffirait de le leur montrer pour qu'ils le glorifiassent aussitôt de leurs malédictions infaillibles. 

En revanche, de quelles amoureuses caresses cette société soi-disant chrétienne ne mange-t-elle pas les cuistres ou les imbéciles que sa discernante médiocrité lui fait épouser ! Elle les prend sur ses genoux, ces Benjamins de son cœur, elle les dorlote, les mignotte, les cajole, les becquette, les bichonne, les chouchoute, les chérit comme ses petits boyaux ! Elle en est assotée, coqueluchée, embéguinée de la tête aux pieds ! C'est une osculation et une lècherie sans fin ni rassasiement !

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