Bon anniversaire. Putain, 20 ans ! Je n'en
ai fait que 10, je crois... c'est déjà pas mal. Je n'oublierai pas ton
nom. Longtemps, j'ai cru lire, encore, le glorieux journal. Hara-Kiri ! Choron et Cavanna ! Ah ! Et peut-être ne me trompai-je pas, d'ailleurs.
C'est en 2005, finalement, que je me suis posé des questions.
J'étais à fond d'accord avec Val sur le référendum, à fond. Pourtant, je
me suis retourné en continuant à lire ce même Val, qui m'effrayait de
plus en plus alors même qu'il défendait des positions qui étaient les
miennes. Ça m'a questionné, et j'ai beaucoup cheminé depuis. Mais
toujours avec Charlie. Et puis les Caricatures ! Rebelote !
J'étais parfaitement d'accord pour la publication, pour défendre la
liberté d'expression. Et en même temps, de plus en plus effrayé par ce
que je lisais dans Charlie pour défendre ces positions. Ça m'a
questionné, et j'ai beaucoup cheminé depuis. Mais toujours avec Charlie. L'Affaire Siné, alors... Cette fois, ça y est. Je ne suis clairement plus avec Charlie. Ce qu'a fait Val est insensé. Ça m'a questionné, et j'ai beaucoup cheminé depuis. Mais toujours avec Charlie.
Avec les larmes de Cavanna, d'ailleurs. Au passage, comment ne pas lui
donner raison quand il déplore des dessins presque toujours contre
Sarkozy. Maintenant c'est Hollande. Le changement c'est maintenant. D'un
zigoto l'autre. N'y a-t-il rien de plus drôle et de plus piquant dans
notre société d'aujourd'hui ?
J'en ai assez de lire d'ineptes calomnies sur Dieudonné, par exemple. Par la barbe du Prophète, laissez ça au Nouvel obs ou au Point.
C'est leur rôle à eux. Quand on s'appelle Charlie Hebdo, on doit être
sur le point de se faire interdire, pas de recevoir les félicitations de
l'Elysée. Je n'en peux plus des articles antifascistes qui se succèdent
semaine après semaine. C'est la goutte d'eau aujourd'hui quand je lis
que finalement, Jean-Marie Le Pen n'était pas fasciste (alors pourquoi
nous avoir vendu de l'antifascisme pendant des décennies !?), mais que
Marine Le Pen l'est (et c'est reparti pour un tour). Des subversifs d'il
y a 20 ans et plus l'avaient déjà compris : cet "antifascisme" est un
antifascisme sans fascisme (cf. Baudrillard, Pasolini, etc.) Je ne
m'étonne pas qu'à Libé, ils ne l'aient pas encore compris. Je ne supporte plus qu'à Charlie, même chanson.
Hélas ! mille fois hélas ! je me permets d'anticiper une réponse en
repensant à ce funeste numéro singeant le nouvel anti-politiquement
correct. Si je ne veux pas qu'on tape sur Dieudonné et Marine Le Pen,
c'est parce que je veux qu'on libère la parole raciste et fasciste, et
donc au fond, j'ai de la sympathie pour le racisme et le fascisme, me
dira-t-on. Dans le meilleur des cas, je serais (bien) identifié comme
venant de l'extrême-gauche, et aurais-je alors la Joie de lire que les
extrêmes se rejoignent ? Je préfère ne pas y penser, laisser le bénéfice
du doute.
Mais plus celui de mon abonnement. Je vous serai très reconnaissant de bien vouloir procéder à sa résiliation.
Bon vent, Charlie, sincèrement, bon vent, mais je ne peux plus, de mon côté, suivre cette route. Bon vent !
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