En attendant le pire, quelques nouvelles diverses et variées depuis la dernière fois...
1/ marcedouardnabe.com est en ligne, vous pouvez y commander un bon nombre de tous ses anciens livres sur lesquels il a récupéré les droits et que nous ne retrouverons donc jamais en librairie. Bientôt le 28e, et certaines rééditions, dont la très attendue, par moi au moins : Au régal des vermines.
2/ Je déteste la télévision. Récemment, France 3 a eu la bonne idée de diffuser Le bourgeois gentilhomme, aussitôt compensée par la très mauvaise idée... Christian Clavier dans le rôle principal... un carnage... Mais hier soir, ils se sont rattrapés avec Carmen... magnifique !... avec Anna-Caterina Antonacci, dont le talent de soprano n'a d'égal que la sensualité de sa prestation de tragédienne. Dirigé par John Eliot Gardiner. Exaltant !
3/ Impasse sur le trois.
4/ Quelques petites lectures de vacances...
- Mort à crédit, de Louis-Ferdinand Céline. Le silence est la règle d'or après un tel livre. Lisez.
- Bartleby le scribe, de Herman Melville. Pour la première fois, c'est en refermant le livre que je me suis figuré l'intérêt qu'il portait en lui. Parce que, malgré une esquisse d'explication finale, le personnage de Bartleby reste très mystérieux, et une fois la dernière page achevée, il faut imaginer, ce Résistant, il mérite sa majuscule, à quoi il résiste. C'est très court, et très bien écrit, alors rien ne saurait vous détourner de cette lecture.
- Race et histoire, de Claude Lévi-Strauss. Un scandale... une anomalie... c'est réparé... j'ai lu mon premier Lévi-Strauss !... Je l'ai souvent croisé bien entendu, et généralement par les grands critiques du structuralisme que furent les premiers de mes "maîtres à penser" Morin et Castoriadis... et j'ai toujours su que sa pensée m'intéresserait, et à plus forte raison depuis que j'ai lu Philippe Val le critiquer parce que retiré d'un monde moderne qu'il n'aimait pas, lui préférant des peuples "sans histoire" et "sans progrès"... Tu parles... Ce tout petit livre, en tout les cas, est un chef-d'œuvre antiraciste qui rendrait fou de rage le militant antiraciste de base d'aujourd'hui, à mon avis... doublement intéressant, donc...
- La désobéissance civile, de Henry David Thoreau. Grand petit livre, assez troublant. Troublant parce qu'il pose bien le problème, que Gandhi a parfaitement assumé. Dès lors où le monde dans lequel nous vivons nous paraît injuste, notre place est tout simplement en prison. Sinon, ce n'est qu'hypocrisie et inconséquence. Bon. Préparez les oranges.
- Rapport sur la construction des situations, de Guy Debord. Je connaissais surtout ses films, il fallait prendre le temps, court, nécessaire pour poser le situationnisme. La révolution passe par l'instauration de situations de vie - lesquelles ? Qu'attendons-nous ? Avec, cette phrase, déjà valable donc, et ô combien aujourd'hui : "Le but principal de l'idéologie de la classe dominante est donc la confusion." L'ouverture, l'ouverture, l'ouverture... on en est à ce point...
- Bienvenue dans le désert du réel, de Slavoj Zizek. Encore une anomalie... je ne l'avais jamais lu, alors que je savais partager nombre de ses analyses - un peu comme d'autres "stars" de la pensée radicale. Justement, c'est cette position de "stars", comme Badiou, Negri, etc. qui me gênait un peu. Zizek parle d'ailleurs de ce statut (de cette statue, pourrait-on dire) en rappelant qu'il est facile pour l'intellectuel d'appeler le système à des transformations radicales qui n'arriveront jamais, alors même que lui, l'intellectuel, est parfaitement protégé par ce même système. Tu l'as dit, bouffi ! C'est la raison pour laquelle ces penseurs sont utiles pour "déconstruire" le système ; mais, je préfèrerai toujours des écrivains pour faire tomber le Verbe et imaginer un monde nouveau... des écrivains miséreux et misérables, des vaincus... des gens qui n'ont rien à perdre... un Léon Bloy vaut tous les Badiou du monde, non ? Bref... Ce livre est très intéressant. Assez peu clair quand il s'agit de critiquer la gauche (quelle gauche ?), plus habile à démonter la propagande démocrate libérale tolérante (qui rassemble ce qu'on appelle aujourd'hui "gauche" et "droite"). Il défend des thèses à mon sens assez banales, mais très largement refoulées dans l'idéologie dominante, et pour cause. Souvent, c'est assez proche de ce que peut dire Marc-Edouard Nabe, d'ailleurs, et notamment ce qu'il avait dit à Moscovici qui était tant choqué, dans une vidéo hélas ! supprimée de dailymotion, à l'époque de la sortie d'Une lueur d'espoir. Sur le côté morts-vivants des occidentaux, sur l'imposture de la guerre sans pertes (de notre côté), les parenthèses indiquant bien l'évidence non-dite de la chose, sur la beauté du 11 septembre (ce n'est pas sans rappeler également Baudrillard), etc. Et puis cette idée, que ce dont nous avons besoin, ce n'est pas le fasciste à visage humain, mais le "visage inhumain du combattant pour la liberté"... En fait, ce livre demanderait un plus long commentaire, mais j'aurais l'impression de me répéter par rapport à ce qui est déjà sur ce blog. L'occident est en effet peuplé de "derniers hommes" nietzschéens ; il manque le passage à l'Acte. Donc, pas de répétition superflue... et puis si Zizek est un peu l'escrimeur de la philosophie, je ne vais pas escrimer l'escrimeur... il faudrait être complet ou rien. Alors ce sera rien. Pour le moment.
- La Bible de néon, de John Kennedy Toole. Je vous avais déjà parlé d'Ignatius, héros de la formidable Conjuration des imbéciles. Même auteur, autre style. Il me reste une centaine de pages à lire, et je dois dire que ce qui me plaisait tant dans la Conjuration, le personnage quichottien d'Ignatius, manque cruellement. Il faudrait ne pas comparer. C'est dur. Et puis, un récit d'enfance... après Mort à crédit... Il faudrait ne pas comparer. C'est dur. Ce livre ne mérite pas ma sévérité, au reste il s'en relèvera... Très agréable à lire quand même...
P.-S. : les dernières pages sont d'un autre tonneau... ça fait plaisir, la fin est très bonne.
5/ Une petite vidéo pour finir. Je cherchais innocemment à écouter La truite de Schubert. Je suis tombé sur une pianiste, Mihaela Ursuleasa, tout à fait jolie et aux dodelinements fascinants. hihi...
1/ marcedouardnabe.com est en ligne, vous pouvez y commander un bon nombre de tous ses anciens livres sur lesquels il a récupéré les droits et que nous ne retrouverons donc jamais en librairie. Bientôt le 28e, et certaines rééditions, dont la très attendue, par moi au moins : Au régal des vermines.
2/ Je déteste la télévision. Récemment, France 3 a eu la bonne idée de diffuser Le bourgeois gentilhomme, aussitôt compensée par la très mauvaise idée... Christian Clavier dans le rôle principal... un carnage... Mais hier soir, ils se sont rattrapés avec Carmen... magnifique !... avec Anna-Caterina Antonacci, dont le talent de soprano n'a d'égal que la sensualité de sa prestation de tragédienne. Dirigé par John Eliot Gardiner. Exaltant !
3/ Impasse sur le trois.
4/ Quelques petites lectures de vacances...
- Mort à crédit, de Louis-Ferdinand Céline. Le silence est la règle d'or après un tel livre. Lisez.
- Bartleby le scribe, de Herman Melville. Pour la première fois, c'est en refermant le livre que je me suis figuré l'intérêt qu'il portait en lui. Parce que, malgré une esquisse d'explication finale, le personnage de Bartleby reste très mystérieux, et une fois la dernière page achevée, il faut imaginer, ce Résistant, il mérite sa majuscule, à quoi il résiste. C'est très court, et très bien écrit, alors rien ne saurait vous détourner de cette lecture.
- Race et histoire, de Claude Lévi-Strauss. Un scandale... une anomalie... c'est réparé... j'ai lu mon premier Lévi-Strauss !... Je l'ai souvent croisé bien entendu, et généralement par les grands critiques du structuralisme que furent les premiers de mes "maîtres à penser" Morin et Castoriadis... et j'ai toujours su que sa pensée m'intéresserait, et à plus forte raison depuis que j'ai lu Philippe Val le critiquer parce que retiré d'un monde moderne qu'il n'aimait pas, lui préférant des peuples "sans histoire" et "sans progrès"... Tu parles... Ce tout petit livre, en tout les cas, est un chef-d'œuvre antiraciste qui rendrait fou de rage le militant antiraciste de base d'aujourd'hui, à mon avis... doublement intéressant, donc...
- La désobéissance civile, de Henry David Thoreau. Grand petit livre, assez troublant. Troublant parce qu'il pose bien le problème, que Gandhi a parfaitement assumé. Dès lors où le monde dans lequel nous vivons nous paraît injuste, notre place est tout simplement en prison. Sinon, ce n'est qu'hypocrisie et inconséquence. Bon. Préparez les oranges.
- Rapport sur la construction des situations, de Guy Debord. Je connaissais surtout ses films, il fallait prendre le temps, court, nécessaire pour poser le situationnisme. La révolution passe par l'instauration de situations de vie - lesquelles ? Qu'attendons-nous ? Avec, cette phrase, déjà valable donc, et ô combien aujourd'hui : "Le but principal de l'idéologie de la classe dominante est donc la confusion." L'ouverture, l'ouverture, l'ouverture... on en est à ce point...
- Bienvenue dans le désert du réel, de Slavoj Zizek. Encore une anomalie... je ne l'avais jamais lu, alors que je savais partager nombre de ses analyses - un peu comme d'autres "stars" de la pensée radicale. Justement, c'est cette position de "stars", comme Badiou, Negri, etc. qui me gênait un peu. Zizek parle d'ailleurs de ce statut (de cette statue, pourrait-on dire) en rappelant qu'il est facile pour l'intellectuel d'appeler le système à des transformations radicales qui n'arriveront jamais, alors même que lui, l'intellectuel, est parfaitement protégé par ce même système. Tu l'as dit, bouffi ! C'est la raison pour laquelle ces penseurs sont utiles pour "déconstruire" le système ; mais, je préfèrerai toujours des écrivains pour faire tomber le Verbe et imaginer un monde nouveau... des écrivains miséreux et misérables, des vaincus... des gens qui n'ont rien à perdre... un Léon Bloy vaut tous les Badiou du monde, non ? Bref... Ce livre est très intéressant. Assez peu clair quand il s'agit de critiquer la gauche (quelle gauche ?), plus habile à démonter la propagande démocrate libérale tolérante (qui rassemble ce qu'on appelle aujourd'hui "gauche" et "droite"). Il défend des thèses à mon sens assez banales, mais très largement refoulées dans l'idéologie dominante, et pour cause. Souvent, c'est assez proche de ce que peut dire Marc-Edouard Nabe, d'ailleurs, et notamment ce qu'il avait dit à Moscovici qui était tant choqué, dans une vidéo hélas ! supprimée de dailymotion, à l'époque de la sortie d'Une lueur d'espoir. Sur le côté morts-vivants des occidentaux, sur l'imposture de la guerre sans pertes (de notre côté), les parenthèses indiquant bien l'évidence non-dite de la chose, sur la beauté du 11 septembre (ce n'est pas sans rappeler également Baudrillard), etc. Et puis cette idée, que ce dont nous avons besoin, ce n'est pas le fasciste à visage humain, mais le "visage inhumain du combattant pour la liberté"... En fait, ce livre demanderait un plus long commentaire, mais j'aurais l'impression de me répéter par rapport à ce qui est déjà sur ce blog. L'occident est en effet peuplé de "derniers hommes" nietzschéens ; il manque le passage à l'Acte. Donc, pas de répétition superflue... et puis si Zizek est un peu l'escrimeur de la philosophie, je ne vais pas escrimer l'escrimeur... il faudrait être complet ou rien. Alors ce sera rien. Pour le moment.
- La Bible de néon, de John Kennedy Toole. Je vous avais déjà parlé d'Ignatius, héros de la formidable Conjuration des imbéciles. Même auteur, autre style. Il me reste une centaine de pages à lire, et je dois dire que ce qui me plaisait tant dans la Conjuration, le personnage quichottien d'Ignatius, manque cruellement. Il faudrait ne pas comparer. C'est dur. Et puis, un récit d'enfance... après Mort à crédit... Il faudrait ne pas comparer. C'est dur. Ce livre ne mérite pas ma sévérité, au reste il s'en relèvera... Très agréable à lire quand même...
P.-S. : les dernières pages sont d'un autre tonneau... ça fait plaisir, la fin est très bonne.
5/ Une petite vidéo pour finir. Je cherchais innocemment à écouter La truite de Schubert. Je suis tombé sur une pianiste, Mihaela Ursuleasa, tout à fait jolie et aux dodelinements fascinants. hihi...
La Bible du Néon est un de mes ouvrages préférés... Peut-être qu'il mérite une autre lecture et justement de ne pas être comparé à son aîné... C'est peut être le contexte qui me touche particulièrement, je ne sais pas
RépondreSupprimerDans ce cas, je ne vois pas ce qu'une relecture pourrait changer. Ce n'est pas que je n'ai pas aimé, c'est qu'il manque un quelque chose pour le faire entrer dans ma mythologie... mais ce n'est pas grave, c'est là un cercle restreint, encore heureux.
RépondreSupprimerParce que souvent, en ce qui me concerne, j'apprécie des livres à la seconde lecture et non à la première, et c'est le cas pour bien d'autres choses, d'ailleurs. je suis peut être longue à la détente. Et non, ne t'inquiète pas, ce n'est pas bien grave!!!
RépondreSupprimerLe plus important pour moi est le style, alors à la limite, je sais au bout de 3 phrases la place que je vais accorder ou non à un livre dans mon Panthéon. Jamais eu besoin de relire, et c'est même quelque chose que je n'arrive pas à faire, de toute façon...
RépondreSupprimerPlus qu'un besoin c'est une envie, de voir si je n'ai pas tout découvert du premier coup d'oeil
RépondreSupprimerJ'attends un compte rendu de ton passage à Linux!
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