mardi 22 février 2011

Le poids de la pensée apaisante

Ce titre est un double pléonasme au lieu d'un oxymore. C'est l'extraordinaire découverte que j'ai faite ce weekend, alors que je travaillais à un scénario d'ateliers scientifiques sur le thème des leviers & balances.

En effet, en effet ! littéraire sur les bords et de service, je m'attache toujours à chercher le sens des mots, parce que les mots ont un sens, comme un élément de compréhension. C'est le moyen de relier la recherche documentaire et la recherche expérimentale, aussi. Voici donc la notion de poids, et le mot poids, d'où vient-il ? Dare-dare mon dictionnaire étymologique, illico presto le tilf, pour une découverte qui fera tout un ramdam. 

Poids vient du latin pensum "chose que l'on pèse", en référence au poids de laine à filer distribué aux servantes, laine qui était suspendue d'où l'idée de pesée. Le mot sonne donc comme un hommage aux classes laborieuses, c'est déjà un premier point. 

Un deuxième point, sollicite le sens immédiatement figuré de l'expression : la "chose que l'on pèse" est aussi la "tâche à faire" - le pensum. Eh ! oui... vous l'aviez vu venir, le voilà. Penser vient donc de pensare "peser, apprécier, évaluer". Stupéfait. Au fait, ne me direz-vous pas, mais je vous réponds quand même : la forme poids vient d'un rapprochement avec le mot pondus. CQFD.

Troisième point, on n'y coupera pas : au XIVe siècle apparait le mot panser "adoucir, calmer" par dérivation d'expressions telles penser de "prendre soin de, se préoccuper de quelqu'un", puis simplement penser quelqu'un, dont la graphie a évolué, pour la distinction sémantique, vers panser.


Résumons-nous : 

La pensée est quelque chose qui pèse, la pensée est quelque chose qui apaise.

(je passe sur l'homophonie, qui ferait l'édification du plus incrédule des incrédules)


Tout cela n'a pas qu'un intérêt d'érudition (on s'en fout). Mais, n'ayant que trop ressenti  chacune des deux propositions de cette phrase, cette origine commune m'est bouleversante. Oui, les pensées pèsent, et oui, elles rendent libre aussi. Je continue ? Je continue. Libre vient de liber, quand libra donne litre, livre, équilibre et signifiait "balance". Qu'un latiniste, éminent ou non, m'explique le rapport entre ces deux mots latins.

Ça suffit pour aujourd'hui. Et c'est ainsi qu'Allah est (très)  grand.

vendredi 11 février 2011

S'adresser à un patron

Voici la lettre qu'Ignatius Reilly (La Conjuration des imbéciles) a envoyé au nom de son patron au PDG d'un distributeur. Voilà le ton qu'il convient d'employer.

Monsieur I. Abelman, P-DG et quasi-mongolien,
Nous avons reçu par la poste vos absurdes commentaires concernant nos pantalons, commentaires qui révélaient surtout votre complet manque de contact avec la réalité. Eussiez-vous été tant fût peu plus conscient, vous eussiez aussitôt compris que l'expédition des pantalons en question s'était faite en toute connaissance de cause quant à l'anomalie de la longueur des jambes.
Mais alors, pourquoi, pourquoi ? direz-vous dans votre babil irresponsable, incapable que vous êtes d'assimiler les concepts les plus stimulants du commerce moderne à votre vision du monde retardataire et dégénérée.
Les pantalons vous ont été adressés 1) comme moyen de tester votre esprit d'initiative (une firme dynamique et intelligente devrait être capable de faire en quelques jours des pantalons trois-quarts le fin mot de la mode masculine d'été. Vos services de merchandising et de publicité sont manifestement en faute) et 2) comme moyen de mettre  l'épreuve vos capacités de répondre aux exigences de qualité de nos distributeurs agrées. (Nos vrais distributeurs, ceux sur lesquels nous comptons, sont évidemment capables d'écouler en quelques jours des pantalons portant le label Levy, quelle que soit la qualité de leur conception et de leur réalisation. Selon toute apparence, vous n'êtes pas dignes de notre confiance.)
Nous ne souhaitons pas à l'avenir être importunés par ce genre de réclamations fastidieuses. Vous voudrez bien limiter votre correspondance à l'expédition de vos commandes. Nous sommes une firme dynamique et fort active, les tracasseries impertinentes dont vous semblez vous faire une spécialité ne peuvent qu'entraver la réalisation de notre mission. Si vous nous importunez de nouveau, vous sentirez, Monsieur, la brûlure de notre fouet en travers de vos pitoyables épaules.
Agréez, Monsieur, nos coléreuses salutations, 
Gus Lévy, président.

lundi 7 février 2011

Complot !

Ça fait longtemps que je n'ai rien écrit ici, c'est ça de devenir de plus en plus sarkozyste, plus le temps pour faire autre chose (que ...) J'essaierai d'y remédier bientôt. Là, j'écoute une petite vidéo sur l'affaire Alliot-Marie, très rigolote affaire, et j'apprends qu'elle crie au complot. J'adore. Et c'est vrai que ces gens-là n'arrêtent pas de crier au complot. Woerth, c'était un complot contre lui. Polanski, si on écoute les grands intellectuels Bernard-Henri Lévy et Yann Moix, c'était un complot contre lui (avec de l'antisémitisme en bonus du DVD). Et donc, MAM, c'est encore un complot. C'est toujours un complot. Bien entendu, ni Moix, ni BHL, ni MAM, ni Woerth, ni aucun médiato-politicard ne sera jamais traîné dans la boue pour avoir suggéré l'existence d'un complot. Les mêmes, pourtant, sont prêts à tout pour faire taire les "complotistes", "conspirationnistes" (mais sur d'autres sujets). Un complot contre la démocratie, contre le peuple, c'est impossible, en revanche, un complot contre l'élite (tu parles), c'est l'explication la plus logique. J'adore. C'est extraordinaire et extravagant. Et vive AQMI !