N'Dickou et Louise dans un débat |
Quelques mots sur Ce n'est qu'un début, le film de Jean-Pierre Pozzi et Pierre Barougier, documentaire retraçant l'expérimentation menée par l'enseignante Pascaline Dogliani en moyenne et grande section d'une école maternelle de région parisienne : faire de la philosophie. Je passe sur les qualités du film, assez brut, quelques plans ajoutés bien pensés, la musique de ce cher Anouar Brahem et évidemment les enfants, très drôles (mention spéciale pour la petite fille au nutella).
L'expérience ne promet que d'improbables résultats... les débuts sont difficiles, mais après deux ans de philosophie, les progrès sont étonnants. Posons deux limites d'emblée :
- certains enfants monopolisent l'écran, peut-être parce qu'ils monopolisent la parole en classe, mais précisément, comment l'enseignante remédie à ça ? à supposer qu'elle le fasse...
- on voit la progression de ces élèves, mais il faudrait pouvoir comparer à des "non-philosophes"
Les bénéfices sont toutefois évidents. Les enfants sont capables de réfléchir, d'exprimer à leur tour des accords ou désaccords argumentés. Surtout, les discussions deviennent de plus en plus autonomes et débordent la séance de philo, la salle de classe, la cour de l'école. Pour moi, c'est extrêmement intéressant puisque mon rôle est exactement celui-là, pour les sciences et non la philosophie. Créer les conditions de production autonome de connaissances, en utilisant une démarche, en confrontant ses idées à celles des autres, en imaginant, en vérifiant... On peut apprendre grâce aux "savants qui savent" qui transmettent. On peut aussi apprendre en "chercheurs qui cherchent" autonomes, chercheurs scientifiques, chercheurs philosophes, peu importe. Ils découvrent des choses, par exemple sur la télévision, et l'expliquent de manière vraiment stupéfiante. Pas besoin des Grands Experts.