U2 revient. Get on your boots est sur les ondes depuis ce matin. C'est le premier single de l'album No line on the horizon à venir. Si j'en parle, c'est certainement pour tourner une page, ce n'est certes pas parce que le single en vaut la peine. S'il n'était pas signé du "plus grand groupe de rock du monde et des galaxies connues et inconnues", il passerait à coup sûr totalement inaperçu et il ne fait aucun doute qu'il sombrera dans l'oubli disons dès la fin de la tournée. A juste titre. Ou alors c'est plus grave que je ne l'imaginais. Avant de découvrir vraiment U2 - pas les tubes des années 80, mais Zoo station et tout l'album Achtung Baby, là ce fut la claque - je n'écoutais pour ainsi dire rien. C'était en 2000. Je plongeais dans le pop-rock façon rtl2. Depuis, j'ai dérivé vers du plus sombre, du plus libre, du plus sincèrement révolté sans doute... je suis sorti de la culture (celle qui a son ministère) pour chercher des artistes si je peux me permettre d'emprunter cette distinction à Marc-Edouard Nabe. Des mystiques. Des Nègres. Des métèques. Il a vite fallu faire exploser les barrières du pop-rock, on s'en doute. Noir Désir, Beethoven ont été les portes de sortie. Elles se sont, je crois, refermées derrière moi, je suis enfermé dehors et c'est tant mieux. De-ci de-là on trouve quelques hurluberlus qui font à peu près du rock (The Brian Jonestown Massacre)... mais pour moi ce n'est plus que qawwali, flamenco, opéra, jazz. Du transcendant, sacré ou profane. Pas du morbide vociféré les deux pieds dans le Système. Pas du Houellebecq le martyr de la société mais milliardaire quand même. Et justement, U2 avait commis son chef d'oeuvre - à mes yeux - dans une sorte de jubilation cynique, industrielle, glauque, sordide, anti-capitaliste avec Zooropa et le Zoo TV. Et alors quoi ? C'était du vent ? Ils étaient shootés ? Lemon ? Dirty day ? Vorsprung durch technik ? Du vent ? C'est aujourd'hui que j'écris, mais ça fait des années que la décomposition se fait sentir. Des best-of, n'en veux-tu pas en voilà quand même, des BO de films pour ados tu n'osais pas le rêver ils l'ont fait, des singles plus insignifiants les uns que les autres, passons. Get on your boots. Soi-disant orientalisant ? Je ne peux rien en garder. Rien. Je n'ai pas pu m'empêcher de rire en l'entendant, comme lors de la découverte de l'affreux Window in the skies, le dernier single qui accompagnait je ne sais quel best-of. J'ai trouvé ça ridicule, pathétique, et honteux pour tout dire. C'est de la musique jetable, sa raison d'être est de créer le buzz quelques semaines autour du groupe qui de toute façon remplira les stades à coup de Where the streets have no name ou New Year's Day... Et puis le single permettra de vendre l'album en édition collector avec dvd, avec un dessin de mérou par Bono quand il avait 3 ans et lunettes de soleil portées par Larry à l'été 2002. N'y a-t-il aucune limite ? Où est U2 ? Dans les années 2000 ou dans les années 90 ? Ou alors, je n'avais rien compris aux tournées mégalos ? On peut vraiment passer de Daddy's gonna pay for your crashed car à ce cirque ? Jusqu'où peut-on descendre ? Ce n'est sans doute pas un hasard s'il est question de bottes, on s'enfonce jusqu'au cou. Pour mon compte, la coupe est pleine. Je réécoute Zooropa en boucle.
PS : je rajoute après avoir vu la prestation du groupe pour Obama que tout cela n'est pas pour redorer leur blason. On sent bien qu'ils y croient, et sont contents. Mais enfin, le rêve de Martin Luther King... oui ? non. Je n'en dis pas plus, je trouve ça assez pathétique. Une vidéo de Noam Chomsky à propos d'Obama, ça suffira.