lundi 12 janvier 2009

Le possible est plus riche que le réel ?

C'est Ilya Prigogine qui disait "le possible est plus riche que le réel". J'aime beaucoup cette phrase. Allez, je jette en pâture quelques noms, quelques commentaires peut-être, dans le seul but de ne pas les oublier d'ici à ce que je puisse me pencher plus sérieusement sur leurs cas.


Commençons par le dvd Cinéastes à tout prix de Frédéric Sojcher. Ce documentaire est consacré à trois cinéastes belges, quasiment privés de moyens, et qui tournent en Don Quichotte du cinéma. Ils sont parfaitement mégalos, et peut-être un peu psychopathes... et c'est ça qu'est bon, comme on dit. Ils s'appellent Max Naveaux, Jacques Hardy, et surtout Jean Jacques Rousseau (sans tiret, et ce n'est pas un pseudonyme), cinéaste de l'absurde par excellence dont Le diabolique Docteur Flak par exemple débute par un écriteau "20 ans après" ! Ce n'est que surréalisme, delirium tremens et créativité débordante. Et, que ça ait quelque chose à voir ou non, que ce soit surréaliste, pataphysique, ou quichottesque, je crois utile de parler de toutes ces choses grandes et magnifiques à découvrir., celles qui prouvent, comme le disait Albert Aycard, que la réalité dépasse la fiction.


La musique inaudible (si ce n'est par les chiens) de Michel Magne ; l'institut des mécontents (une fois qu'ils y entrent, les voilà contentés !) ; Le Petit Silence Illustré, la revue lancée par Jacques Sternberg, la seule revue qui n'a "strictement rien à dire" ; le catalogisme de Léon Bopp, philosophie de l'omnipotence ou logique qui englobe toutes les logiques existantes ou non - c'est pourquoi il termine toujours ses phrases par "etc.", cet etc. prouve à quelles tâches immenses il s'attaque. Et que dire de Cami, "plus grand humoriste in the world" disait Charlie Chaplin (excusez du peu) et de son M. Rikiki ? Résumons-nous : plus on avance, plus on recule. C'est tous azimuts qu'on a envie de s'élancer, pour combler ses considérables lacunes culturelles. C'est bien ce qui est effrayant.


Il me reste 300 pages à lire pour finir le premier tome des Chroniques de Vialatte. Je profiterai de l'occasion pour lire une petite rafale d'Alfred Jarry, l'inventeur de la 'Pataphysique dont un collège s'est investi en son honneur en 1948. La richesse de ce mouvement, dégagé dans tous les sens du terme dégagé et du terme sens, comme disait l'autre, est sans limite, semble-t-il. La 'Pataphysique est la science du particulier quand il ne saurait y avoir que science du général ; la science des solutions imaginaires. L'absurde y a certes toute sa place, mais ce n'est pas la négation du sens qu'elle pointe du doigt, mais sa surabondance. Tout vient du principe épicurien de clinamen, que les théoriciens du chaos n'ont fait que redécouvrir. C'est l'infime déviation des atomes qui permet au monde d'exister et à l'homme de n'être pas entièrement déterminé. Une notion dérisoire, une aberrance infinitésimale élevée au rang de Principe !Quelques pensées pataphysiciennes :


Alors qu'un gradé lui ordonne de balayer la cour de la caserne, Alfred Jarry répond : "Dans quel sens ?"


"Tout ce que je ferai sera de trop" Julien Torma


"C'est une grande science que de modeler son âme sur celle de sa concierge" René Daumal


"Le courage consiste à rester chez soi, face à la nature qui ne tient aucun compte de nos désastres" Joan Miro


"De deux choses lune / l'autre c'est le soleil" Jacques Prévert





La peinture de Jean Dubuffet, l'oeuvre d'Umberto Eco... mais enfin comment s'en passer ? Eco, par exemple. Et sa cacopédie : somme du savoir négatif ou somme négative du savoir, qui se propose d'étudier l'histoire de l'argiculture antarctique, la psychologie des foules en terres sahariennes, les techniques du tiers inclus, l'urbanistique tzigane ou la phonétique du film muet... avec de nouvelles disciplines telles la tétrapilectomie (art de couper les cheveux en quatre) ou la luthomiction (l'art de pisser dans un violon). Etonnant, non ? Allez, je raccroche, il y a Benoît Poelvoorde et Marc-Edouard Nabe chez Taddeï... A propos de Nabe, quand même... je suis sur le point de finir Les Nègres de Jean Genet, je ne saurais trop vous le conseiller tant le racisme, non ethnique mais culturel, social, y est laminé avec ironie, dérision et talent (dont manquent généralement les antiracistes primaires, dirait probablement Desproges).


Cornegidouille, j'aurais voulu parler de Choron dernière, du Matricule des anges, du blog de Dror... Bah, qu'en dire ? Simplement que si les altermondialistes demandent toujours un autre monde, celui-ci ou ceux-ci même, existent d'ores et déjà et qu'il suffit d'éteindre la télé et de s'échapper du discours dominant pour satisfaire sa curiosité...

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