mercredi 7 janvier 2009

Axel Kahn est terrifiant

Il m'arrive une drôlerie. Je me demande en effet et tout d'un coup pourquoi je parle toujours de la déesse Shiva. Alors qu'il s'agit bien évidemment d'un dieu, non d'une déesse. Mais je préfère que ce soit une déesse. Allez comprendre. Que la déesse Shiva me pardonne.


Mais enfin, ce n'est pas pour régler cette histoire que je vous ai fait venir. Il y a plus grave, des choses surprenantes se passent sans que l'on s'en rende bien compte et je compte bien corriger cette lacune perceptive. Hier soir, je regardais Ce soir ou jamais, l'émission de Frédéric Taddéï, la seule digne d'être regardée par mon illustre personne, n'est-il pas, il est ; et cela 30 minutes plus tôt qu'avant les vacances puisque notre ami président en a décidé ainsi que la publicité n'aurait plus lieu d'être sur le service public après 20h. Nicolas en soit béni. Deux précisions sur la phrase qui précède : 1/ Je ne suis pas devenu sarkozyste, ni berné sur les raisons de cette réforme, ni aveuglé sur la regression démocratique (nomination du président du CSA), ni surtout sur le scandale qui consiste à ce qu'une réforme entre en vigueur avant d'être votée par le Parlement, on aura tout vu. Je suis simplement content de ne plus avoir 15 minutes de propagande avant mon émission. 2/ Le verbe bénir a deux participes passés, apprend-on d'Alexandre Vialatte : béni et bénit. On emploie bénit avec l'auxiliaire être et béni avec l'auxiliaire avoir. Et si vous avez suivi, vous aurez constaté que j'ai commis une lamentable erreur avec "Nicolas en soit béni". Enfer et damnation ! Sauf que je n'ai rien compris à la règle ; car il semblerait qu'on utilise bénit pour ce qui est consacré par l'Eglise et béni dans tous les autres cas, sans qu'il soit donc question d'auxiliaire. Si quelqu'un a compris cette histoire...


Résumons-nous : je voulais parler d'Axel Kahn. Il participait à cette émission qui traitait de l'altérité, de l'universel et de l'individu, de l'identité, des presque 7 milliards d'êtres humains qui peuplent la planète. Avec d'autres invités plus ou moins brillants. Mais qu'Axel Kahn prenne la parole, et ce n'est plus que stupeur, effroi, et silence des élèves qui écoutent le maître incontesté. Tout concourt à cet étrange spectacle, car Axel Kahn sait tout, et le reste également. Le voilà, prêt à bondir, qui vous assène des Etrusques, des Carthaginois, et des Phéniciens qu'il amène par bateaux entiers. Vous ne savez quoi répondre, et vous ne pouvez d'ailleurs pas, vous êtes éberlué. Le plus beau là-dedans, c'est qu'il s'autorise à réduire son érudition par un geste de la main : oui, vous ne rêvez pas, il fait de son pouce et de son index une pince qui délimite sa science et y donne une invraisemblable autorité. Ce n'est plus un homme, c'est un crabe. Un crabe au pinces d'or. Et après un discours d'Axel Kahn, c'est le silence qui est d'or, alors qu'après un discours de Mauroy, c'est la France qui roupille disait Desproges. Axel Kahn dit, vous en êtes réduits à l'estomaquement. Et ce ne serait rien sans cette voix sèche, si sèche qu'elle tarit toute source de contestation. Bien sûr, il arrive qu'on ne soit pas d'accord avec Axel Kahn (ce qu'il a dit sur le voile ne me plaît pas). Mais ce qu'il a dit garde son importance. J'ai eu la chance, alors que j'étais en Staps, de le voir lors de la conférence inaugurale des "Journées de l'INSEP" où il avait traité d'éthique dans le domaine du sport. C'était renversant. Il était à l'époque président du Comité National consultatif d'éthique (que l'on me pardonne si les termes sont dans le désordre) ; il ne l'est plus. C'était sa place. A croire que le poste avait été créé pour lui. Après avoir demandé l'avis de quelqu'un comme lui (il n'y en a pas deux comme lui), on sait que nulle catastrophe éthique ne peut plus se produire. Il est donc rassurant. C'est pourquoi il est terrifiant. Lisez ses livres.

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