mercredi 18 février 2009

U2 - No line on the horizon


L'album sort le 27 mais Universal a visiblement décidé qu'il était grand temps d'abreuver les fans pour faire de la propagande à peu de frais : on peut donc l'écouter tout à fait illégalement depuis cette nuit. Le dernier - How to dismantle an atomic bomb - remontait à 2004. J'avais vécu la sortie avec un grand enthousiasme. De cet album, il me reste One step closer, que tout le monde a du oublier, City of blinding lights, dont on ne compte plus les contempteurs, mais surtout Love and peace or else, titre lourd et à l'ambiance vraiment menaçante. Le reste est quelque peu tombé dans mon oubli. Cinq ans plus tard, qu'allais-je attendre du nouveau U2 ? Rien, ou presque. Je suis passé à autre chose. Je n'écoute pour ainsi dire plus U2, si ce ne sont ce que je considère comme leurs perles : If you wear that velvet dress pour n'en citer qu'une. Et je n'écoute plus de rock. Et ce recul a fixé mon attention sur le côté convenu et commercial de la chose : ce que j'avais accepté sans broncher depuis 2000 me fatiguait désormais, m'exaspérait. Aussi sûr que la SNCF va nous faire préférer le train, j'allais sonner l'hallali de ma fanattitude avec le nouveau single. Là, je me demande si j'ai bien choisi ma comparaison, mais il ne faut plus que 2h19 pour relier Clermont-Ferrand à Lyon, alors je persigne et je siste. Get on your boots est sorti, j'ai détesté, je vous l'ai dit et n'en parlons plus.


Quid de l'album, alors ? Je n'ai pas ressenti d'étincelle, je n'ai reçu aucun pavé dans la figure et ce serait déjà assez dire de ma perplexité - et non pas déception, j'étais déjà trop désenchanté pour cela. On me rétorquera que c'est là un signe de qualité et de prise de risque que l'album ne plaise pas à tout le monde. Je relève le gant, bien que l'argument ne vaille rien du tout (je doute qu'un album de Lorie plaise à tout le monde, et je doute tout autant que ce soit là signe de qualité) parce que je vois ce à quoi ce foutu On fait référence. U2 a su dérouter son monde avec Achtung Baby, perdant certainement au passage un nombre appréciable - je suis méchant avec ces fans de la première heure, qu'ils me pardonnent - de fans. Si je vois bien où est la nouveauté, où est la prise de risque avec Zoo Station, je ne vois rien de comparable avec No Line. Ce qui me gêne n'est pas qu'ils prennent une direction nouvelle, à laquelle je ne m'attendais pas, mais au contraire qu'ils suivent le chemin exact que j'avais prévu. Bien sûr, il y avait eu toutes sortes de gesticulations, de Bono notamment, connu pour raconter tout et n'importe quoi. Cet album allait être orientalisant, on parlait de Tinariwen comme influence, on allait entendre ce qu'on allait entendre : un album révolutionnaire et bien entendu le meilleur du groupe. Avec l'habitude, il est facile de tenir ces discours pour ce qu'ils sont et de ne pas tirer les plans du Taj Mahal sur la Comète mais enfin, j'étais malgré tout curieux, un peu, un petit peu. Et puis il y avait bien une vidéo du Guardian lors des sessions d'enregistrement à Fez au Maroc avec du son que je trouve très réjouissant, orientalisant comme promis. Je trouvais cela prometteur, oui.


Depuis, un hurluberlu a du s'écrier : "Couvrez ce son orientalisant que je ne saurais entendre!", car tout cela a purement et simplement disparu de l'album. Là, il y avait peut-être une piste nouvelle à exploiter pour U2 - certes Jimmy Page l'avait déjà fait, mais... Nous voilà revenus en terrains connus, [je me permets d'ajouter, après une interview du groupe dans Le Monde, la phrase de The Edge qui explique ce drame : "A Fez, nous étions libre de prospecter l'inattendu. Au final, nous n'avons peut-être utilisé que 10 % de ce que nous avons enregistré au Maroc..." Diantre !] avec quelques sonorités nouvelles pour le groupe, une manière de chanter, surtout, souvent surprenante, mais sans le moindre début d'une révolution de quoi que ce soit, si ce n'est des aiguilles de la pendule qui tournent sur elles-mêmes et indiquent que le temps passe, est passé, pour ce groupe. Il y a un point positif, à mes oreilles, c'est la construction des chansons, toujours complexes, évolutives, elles changent souvent de rythme, on sent que ce ne sont pas des petites chansons pop faciles. Je reconnais cela, tout en m'interrogeant sur le feeling, la spontanéité, la fulgurance, je ne sais quoi que le groupe aurait perdu et voulu, à la différence des deux précédents albums, compenser par une écriture plus alambiquée. Je cherche la petite bête et comme disait Bacri dans Un air de famille, à force de chercher, on finit par trouver. Il faudrait que j'arrête de trouver parce que je ne vais plus savoir où passe la frontière entre la critique légitime du fan désenchanté et la mauvaise foi du même fan désenchanté.


J'arrête, donc. Je pose simplement une dernière question, avant de parler rapidement des titres de l'album. Bono parlait d'un concept pour l'album dans le style opposition jour / nuit ; clair / obscur. C'est peut-être parce que je n'ai pas les paroles sous les yeux, mais c'est bien quelque chose qui ne m'a pas paru évident du tout. Peut-être aussi le film d'Anton Corbijn, qui accompagnera l'album pour ceux qui seront disposés à dépenser je ne sais combien, en dévoilera la substance [voilà une idée qu'elle est bonne, en revanche, de faire un film d'un album... à suivre]


Que dire des titres de ce No line on the horizon ? D'abord que FEZ - being born me plaît beaucoup, j'apprécie plus que l'obligation de réserve ne m'y poussait l'ambiance de la première minute et puis c'est l'envolée, pas la transcendance non plus, mais l'envolée. Je dis Oui ! Magnificent est efficace, avec son intro à la Depeche Mode, son solo à la Pink Floyd, et le reste typique du U2 héroïque des années 80, de là à en faire un grand titre, le fossé me parait grand ! Moment of surrender arrive sur mon podium : le chant de Bono est très étonnant au début et donne une atmosphère de déchirement assez forte mais hélas ! gâchée par le refrain. Un point d'interrogation pour Unknown caller, qui me semble assez symptomatique de l'album : un côté décevant, un côté étonnant, un côté irritant, un côté sympathique (si vous attendiez un mot en -ant supplémentaire, vous en serez pour vos frais) : à écouter après plusieurs visions. Ensuite, ça se gâte franchement. Expédions le trio infernal tout de suite, je veux parler des pistes 5, 6 et 7 que je ne supporte pas. Très déçu, surtout, de Stand up comedy, et de son accent "Led Zep" qui ne sert à rien, en tout cas pas à sortir de l'ambiance pop song gentillette : c'est un crime et un blasphème. Que l'on écartèle U2 en place publique, et par des tortues agonisantes par dessus le marché. Il y a bien Breathe mais si la première minute me plaît beaucoup et m'amuse avec ce double côté James Bond et White Stripes, la suite est loin d'être à la hauteur. Et puis deux ballades, que je n'aurais pas l'idée de critiquer, car elles sont jolies, mais pas au niveau de leurs plus belles ballades à mon avis : ce sont White as snow et Cedars of Lebanon. Et puis finissons par le commencement c'est-à-dire le titre éponyme, annoncé comme étant le morceau lourd de l'album, et que je trouve bien léger et donc bien décevant, sans compter un affreux refrain et une démonstration de la part de Bono qu'il sait faire le chien de laquelle on se serait volontiers passé ! Dire que ce seront mes derniers mots, c'est dur !

mardi 17 février 2009

Et c'est ainsi qu'Allah est grand

Je vous reparle d'Alexandre Vialatte, donc... ou plutôt je le laisse parler. Quelques-unes des citations extraites du premier volume des Chroniques de la Montagne qui me plaisent le plus. Je vous fais juges.

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Les lapins s'ébrouent dans le jardin, font mille folies dans la carotte, commettent des crimes dans la luzerne ; et s'ébattent dans le chou quintal avec une naïveté charmante. Ils se jettent dans les jambes du facteur. Jamais ils ne sortent par la porte ! Un jour, ils sauteront d'eux-mêmes dans la casserole ; on s'étonne des progrès de la civilisation. – Chronique n°2

Où allons-nous si Ferdinand Lop se met à offenser la grammaire ! Nous n'y allons plus, nous y sommes. C'est une époque extraordinaire. J'oubliais en effet de dire que l'almanach Vermot nous apprend qu'on a trouvé en Tchécoslovaquie, à Petovice exactement, des mammifères amphibies à trois yeux ! Le progrès fait rage ! – Chronique n°9

Quand on a vu des choses pareilles, on se retire en serrant les jambes, avec de la sueur sur le front – Chronique n°11

L’homme est en exil sur cette terre – Chronique n°23

En un mot, on rêve du gorille, surhomme de l’époque civilisée – Chronique n°41

Le progrès ne recule devant rien – Chronique n°56

Si les Gaulois jetaient eux-mêmes par-dessus bord, cinq siècles avant Jules César, la civilisation gauloise, où allons-nous ? – Chronique n°57

Le progrès ne connaît plus de limites – Chronique n°67

De qui se moque-t-on ? De rien ! De personne ! C’est bien ce qui est grave. C’est le commerce qui tente sa chance – Chronique n°87

L’homme parle depuis si longtemps qu’il éprouve le besoin de se taire – Chronique n°125

Ce n’est pas le « progrès » mais l’harmonie, nous le voyons trop de nos jours, qui fait une civilisation – Chronique n°131

Les végétaux poussent à tort et à travers – Chronique n°139

Si l’âge d’or n’est plus que l’âge de l’or, si l’âge de l’homme n’est plus que l’âge du client, où est le progrès ? – Chronique n°151

Le génie fait rage – Chronique n°173

La civilisation ne peut naître que des amateurs supérieurs – Chronique n°212
[Auschwitz ; le phosphore] Ce qui est à l’opposé de la civilisation. La civilisation consiste à n’assassiner qu’avec choix. – Chronique n°310

La civilisation est couverte de plaies. Qu’on entretient en les grattant : comme l’eczéma – Chronique n°377
Une petite compétence lointaine fait beaucoup plus que tous les « engagements » du monde contre la « gravité du temps où nous vivons » – Chronique n°11

Il est beau de n’être jamais dans le camp du vainqueur – Chronique n°12

Tel est le prestige de la gloire, tel est le succès du scandale : il alimente les conformismes de l’avenir – Chronique n°14

Faites lire ce livre à vos enfants. Ils y trouveront peut-être le goût de choisir, plutôt qu’un métier, une vie – Chronique n°42

Les hommes courent grand risque de n’avoir jamais à choisir qu’entre le libéralisme modéré d’injustice et le despotisme tempéré par l’assassinat – Chronique n°68

Une caricature si féroce qu’elle en est tout près du portrait – Chronique n°76

Les Droits de l’Homme le laissaient patauger dans la vase de la liberté. Les Droits de la Société le mettent sur un sol sec, dans une cellule qui supprime tout problème – Chronique n°91

Il est vraiment de son opinion, il est extrêmement de son avis. Mais il est de son avis avec indifférence. Ce qui étonne, c’est précisément la colossale indifférence avec laquelle il est si extrêmement de son avis – Chronique n°106

Pour la vigne, un système électoral nous oblige à en avoir trop et à payer cher pour n’en savoir que faire. Sinon ce seraient, nous prouve-t-on, des catastrophes, des calamités nationales, que sais-je ? Des députés qu’on ne réélirait pas ! Oui, les choses iraient jusque-là. – Chronique n°117

La notion de désintéressement est à la base de toute culture et de toute civilisation. Nous n’avons besoin que de l’« inutile » – Chronique n°212

J’en arrive à me demander si les journalistes sont sérieux. – Chronique n°229

… pour raconter l’odyssée sociale, politique et intellectuelle d’un couple de cérébraux qui se sentent désignés par la beauté de leurs conceptions philosophiques pour réformer le monde (au prix de l’individu s’il n’entre pas dans le moule préconisé. Les pieds dépassent le lit ? Procuste coupe les pieds). – Chronique n°297
Mais la plus belle de ces neuf choses est la dixième – Chronique n°13

Il n’est pas facile de distinguer. Et quand on y parvient, on se trompe – Chronique n°18

Le paradoxe y coule de source – Chronique n°19

J’apprends enfin par l’édition suédoise de l’organe local des Témoins de Jéhovah qu’il n’y aurait plus au ciel que quatre cent cinquante-quatre places. On ne dit pas si elles sont assises. – Chronique n°29

C’est assez dire qu’il fut pharmacien en banlieue. On ne sait quelle conjonction d’astres explique une chose si surprenante. Après avoir abandonné pour toute sa vie le julep et la boule de gomme, il s’est refait pharmacien ; aux Halles ! Rue Montorgueil ! Nul ne saura jamais pourquoi – Chronique n°33

l’urgence de tous les sujets éternels [Enquête sur la moustache, H. Rey] – Chronique n°35

Mais un geôlier impitoyable me refuse l’entrée de la prison. Je ne sais plus quel crime commettre – Chronique n°37

Mort ? cet homme est mort guéri. […] On ne meurt que tué par son remède et non pas par sa maladie – Chronique n°42

Mais qui dira pourquoi, en face d’une mitrailleuse, on n’a jamais envie de se tuer ? Les mitrailleuses ont je ne sais quoi de bavard qui leur donne raison d’avance. Elles abrègent les monologues d’Hamlet. Elle font trouver mille raisons de vivre. – Chronique n°69

Et l’état civil ne signale la naissance d’aucun poète – Chronique n°88

On ne peut plus être célèbre sans que tout le monde le sache – Chronique n°94

Les morts eux-mêmes ont déserté leurs tombes – à l’exception de cent quarante-deux, on ne sait pourquoi – Chronique n°113

« Il vient de m’arriver une histoire vraie »… Ce qui est doublement prodigieux : car, premièrement, il [Michel Chrestien] ne lui arrive jamais que des histoires fausses et, deuxièmement, il ne peut arriver que des histoires vraies – Chronique n°126

Bonne nouvelle : le cerveau électronique, endoctriné par des chimistes, a rédigé à l’usage des pharmaciens un catalogue de tous les mots qui pouvaient être fabriqués pour désigner de nouveaux médicaments : abechamycine, starvcid, platuphyl, etc. etc. Il ne reste plus qu’à lancer dans le public les maladies que guériraient ces remèdes nouveaux – Chronique n°160

Je découvre en effet, dans les journaux récents, que la Chambre, ne pouvant voter parce que les députés étaient trop peu nombreux, vota quand même parce qu’ils étaient si peu qu’ils n’étaient pas assez pour prouver par un vote qu’ils étaient trop peu pour voter ! – Chronique n°163

L’inutile est indispensable – Chronique n°182

Quand un homme a mis dans sa vie l’idée fixe qu’il ne vivra que dans l’ombre d’un laurier-rose, le désert lui-même est obligé de s’incliner. Telle est la force de l’absurde – Chronique n°203

Il n’est donné qu’à l’être humain de pouvoir ainsi surpasser l’homme – Chronique n°236

L’homme est le grand-père de tous les animaux. Tel est le dernier état de la science. Il est en marche vers l’amibe, au-delà de laquelle il n’y a rien – Chronique n°281

On fait des horloges plus justes que le temps. Le bon Dieu va nous demander l’heure ; le Soleil est affreusement vexé ; s’il est bien sage on lui offrira une montre le jour de sa première communion – Chronique n°306

L’inutile est indispensable. […] et l’incroyable est le pain quotidien – Chronique n°398

L’homme est un marin écœuré qui veut entrer dans la marine – Chronique n°415

Rien ne sert la vie si bien que l’absurde – Chronique n°457
Car nous vivons dans l’eau qu’ils [les cubistes] nous ont fait couler – Chronique n°16

L’ambition de l’homme du XXe siècle est de se digérer l’estomac – Chronique n°25

[Cousteau] Ce n’est plus un homme, c’est un homard – Chronique n°49

Rien [définition du guépard] ne saurait mieux prouver à l’homme que ce monde n’est qu’un accident parmi des millions de mondes possibles – Chronique n°53

Notre époque est friande de chiffres. [ironique] A juste titre. – Chronique n°58

On ne saurait se passer d’idéal. L’homme sent en lui je ne sais quoi de vaste et de pur le porter aux nobles ambitions. Il faut des phares à la nuit d’une époque où vacille la nef de l’esprit. C’est ainsi que toute une presse, tentée par le sublime, rêve de photographier le pape en caleçon de bain – Chronique n°64

De qui se moque-t-on ? On ne se moque pas. Nous sommes au siècle des experts. […] Rien ne les arrête – Chronique n°80

Le pays qui a produit Tolstoï est devenu fier de fabriquer des montres – Chroniques n°87

A croire que l’homme du XXe siècle est né de l’orgue de Barbarie – Chronique n°104

Nous sommes devenus bons à absorber tout ce que le commerce invente. Il nous vend le bruit des ruisseaux. C’est une fable de La Fontaine ! Une moitié du monde prend l’homme pour une machine à produire, l’autre moitié pour une machine à consommer. Et si l’homme était autre chose ? – Chronique n°135

On n’a pas le temps. C’est un signe de l’époque. Nous sommes au siècle de la vitesse, et la vitesse a fait perdre le temps – Chronique n°139

En leur donnant à tous le bachot, la question n’est résolue. On ne va pas assez loin. On devrait réserver le diplôme à ceux qui ne peuvent pas l’obtenir. Car autrement, les mêmes ont tout, science et diplôme, les autres rien. Où est la justice ? – Chronique n°207

Car la célébrité doit précéder l’exploit, et surtout la vente du produit. – Chronique n°256

Car nous vivons à une époque où un hareng qui cueille des cerises n’attire plus l’attention de personne. C’est à vous dégoûter de marcher sur les oreilles – Chronique n°271

Les guerres ont commencé le travail, la civilisation électroménagère l’a porté au point d’achèvement. – Chronique n°373

Jamais Archimède n’eût songé à inventer son fameux principe en prenant un bain taylorisé – Chronique n°420

Que conclure de ces opinions ? Qu’il existe deux sortes d’ouvrages : ceux qui sont édités bien qu’ils manquent de talent et ceux qui le sont parce qu’ils en manquent. Ce qui laisse au lecteur le plaisir de choisir. – Chronique n°446

C’est toujours du sommet de la côte qu’on aperçoit ce qu’aurait pu être le chemin. Le meilleur maître, disait Goethe, dans sa Province pédagogique, n’est pas trop bon pour enseigner les éléments ; il n’est que lui qui les comprenne – Chronique n°2

Ce qu’on n’ose pas dire est toujours véritable – Chronique n°23

Les chinoiseries varient avec les peuples – Chronique n°37

On reconnaît la maxime excellente à ce qu’on a d’abord envie de la contredire – Chronique n°39

Qui d’entre nous n’ait vocation d’un autre monde ? Le bonheur, comme disait Dante, se trouve toujours sur l’autre rive – Chronique n°44 Voilà pourquoi tant de gens savent si bien nager – Chronique n°48

L’homme pense avec ses pieds, la femme pense avec sa tête – Chronique n°78

Nous sommes faits par notre jeunesse, l’adulte est le fils de l’enfant – Chronique n°83

Résumons-nous : l’événement fait le journaliste ; le romancier fait l’événement – Chronique n°113

Car l’homme ne cesse d’étonne l’homme. Quant à la femme, elle le stupéfie – Chronique n°119

La morale de cette histoire, c’est que plus l’échelle est longue, mieux on se casse la figure. « Plus le singe monte haut, dit un proverbe hindou, et plus il montre son derrière. » Le derrière du singe est un affreux spectacle – Chronique n°205

Les grandes pensées ne peuvent naître que de vastes curiosités ! – Chronique n°212

On croit que l’intérêt mène les hommes. Ce n’est pas vrai : ce sont les passions ; et la passion, c’est le rêve. Et le rêve c’est le perdu. Le temps perdu mène le monde – Chronique n°232

Le désordre de l’homme est un hasard de l’ordre, tandis que l’ordre, dans la nature, est au contraire un hasard du désordre – Chronique n°272

L’homme n’a pas à s’occuper de l’endroit où veut aller le fleuve, mais de l’endroit où doit aller l’homme [sur le sens de l’Histoire] – Chronique n°274

Les grands plaisirs ne se partagent pas. Les véritables châtiments sont invisibles – Chronique n°321
Sur le milieu de la journée, Ivan, occupation éminemment chrétienne, rendait visite aux prisonniers ; malheureusement, ça consistait à féliciter le serrurier et prêter la main au bourreau. C’était le tour du propriétaire. Il en revenait tout rajeuni. On faisait alors venir les femmes. Là, ça dépasse la description. Elles en mouraient de peur ou de honte, et quittaient ces réjouissances avec douze flèches dans le derrière : car il est bon de s’entretenir au tir à l’arc. – Chronique n°124

Mais le plus beau texte du mois […était] une simple circulaire (on peut être grand sans être long) : elle chargeait l’administration de demander aux délégués pour le scrutin sénatorial de faire connaître leur opinion ou leur parti avant le vote. Ne faut-il pas sauver la République ? – Chronique n°127

Un Anglais a juré qu’il mangerait son chapeau – Chronique n°175

Il connaîtrait enfin sans larme ce qu’il faut savoir de ces auteurs fameux devant lesquels l’enfance recule comme devant l’huile de foie de morue, mais dont la gloire croît de siècle en siècle à mesure que s’écoulent plus de générations qui ont toujours refusé de les lire. – Chronique n°232

Le corps de l’homme a un verso. La bienséance consiste à n’en rien croire. C’est en effet une chose si indécente qu’on ne l’a jamais dite aux Anglais – Chronique n°263

L’homme de Cami avait encore un nom. Il s’appelait M. Rikiki. L’homme de Chaval est anonyme. C’est ce qui nous reste. – Chronique n°373

Il a fallu que je cherche dans le Larousse, et j’ai vu : « hésichiaste »… l’omphalopsyque est tout bonnement un hésichiaste. Alors pourquoi ne pas le dire tout de suite ? – Chronique n°378

Victor Hugo, qui était poète, comme son nom l’indique à merveille, n’a jamais parlé de l’okapi. – Chronique n°421

lundi 16 février 2009

On traine sur les plages, on finit par devenir bronzé


Je n'étais pas allé au ciné depuis le Louise-Michel... Mais comment aurais-je pu accepter de rater le dernier film d'Agnès Varda, Les plages d'Agnès ? Depuis que la péronnelle m'a fait découvrir Les glaneurs et la glaneuse, c'est quelqu'un que j'admire. Agnès, pas la péronnelle. Bref. Je ne connais pas bien sa filmographie, ce qui me faisait craindre de ne pas comprendre un certain nombre d'allusions de ce film auto-filmographique. C'est probablement ce qui s'est passé, mais je ne saurais en parler, évidemment. Ce que je peux dire en revanche, c'est que c'est encore un film extraordinaire, et que la Varda est un personnage qui sait rendre passionnant tout ce qu'elle semble croiser.


Il y en a qui a du rester trop longtemps à la plage, si l'on en croit Berlusconi, c'est Obama. J'ai déjà du laisser paraître un septicisme certain à son encontre, pour ne pas dire davantage. Mais je n'avais pas réussi à écrire, ou à vouloir écrire, jugeant souvent le sujet assez anecdotique, ce que je pensais de son élection et de l'obamania. Il y en a un autre qui l'a fait, lui. Avec un style qui est le sien, formidable et qui conduit à tous les excès que vous ne manquerez pas de constater, mais enfin, il y va. C'est Marc-Edouard Nabe et son dernier tract : Enfin Nègre ! Le petit Nabe n'est pas pour rien dans mon envie de découvrir les grands jazzmen. Ce n'est pas facile de se lancer dans cette forêt noire, mais quelques premières écoutes ces dernières semaines annoncent de vraies claques. Je me demande si je ne vais pas en arriver rapidement à détester le rock, moi aussi. Tout ceci est pour le moins étonnant.


Et c'est ainsi que l'eau c'est la vie - Aman Iman disent les Touaregs.

mardi 10 février 2009

Salaam aleikum

Ce blog me pose problème. Je ne sais pas quelle direction lui donner. En même temps, c'était quelque part le but que ne pas avoir de direction. Mais à force de faire chemin vers ici, là et ailleurs, ainsi que nulle part, quelques persistances se sont révélées qui me donnent envie d'aller plus loin. A force de réfléchir à cela, j'en suis arrivé à la conclusion suivante :

1/ c'est très bien d'avoir ce blog où je peux parler de tout et n'importe quoi sur des tons très différents, et qui me permet de suivre malgré tout mes errements. Je le vois comme une première mémoire de tout ce que je découvre qui m'intéresse, qui m'interpelle, me passionne, me fait réfléchir. Je peux ainsi creuser un minimum, au lieu de voler de Spinoza en Buika en passant, en plus de la Lorraine avec mes gros sabots, par Antonioni, Piaget et Alfred Jarry. Il m'est très utile d'écrire ces petits billets qui entrent dans les différentes catégories de ce blog. Et je me rends compte que je n'ai écrit jusque-là que le dixième ou le centième de tout ce qui m'a percuté et/ou influencé en un an.

2/ mais enfin, ça ne me suffit pas, et j'aimerais écrire quelque-chose de plus personnel, qui me soit propre, avec mes mots, mes thèmes. Je m'en sens à la fois capable et incapable. En tout cas je pense qu'il est temps d'essayer. La principale crainte qui m'habite est évidemment de faire du sous-Untel (il y a 4 ou 5 Untel qui me hantent), et je crois que ce sera nécessairement le cas au début. Meiner Meinungnach, je saurai vérifier si j'arrive à m'en défaire avec le temps (et avec le temps, va, tout s'en va, n'est-ce pas Péronnelle ?).

L'identité d'un petit frère à ce blog est donc en train de mûrir.

Et c'est ainsi que l'eau c'est la vie - Aman Iman comme disent les Touaregs.