mardi 31 juillet 2012

Les grands renversements

Quand on pense au cas Dieudonné !... Que le nom sorte, et une foule d'exorcistes se met à l’œuvre. C'est amusant comme chaque époque s'affaire à sa chasse aux sorcières ; et comme chaque époque raille pourtant les chasses aux sorcières des époques précédentes, toutes plus "barbares" les unes que les autres. Dieudonné est devenu synonyme de racisme. C'est à hurler de rire ! Au XXIIe siècle, ils nous prendront vraiment pour des abrutis (sans comprendre qu'ils seront en train de faire la même chose, assurément, avec les Dieudonné de l'époque). 

Dieudonné est un métisse, un pied sur deux continents, et il se pense comme tel. Depuis toujours, il ridiculise les frontières arbitraires et absurdes (couleur de peau, religion, nationalité, etc.) que les homo sapiens dressent entre eux. Pour lui, ça n'a pas de sens, il le dit, il le répète. C'est à ce titre qu'il s'engage politiquement contre le Front National. Dieudonné incarne l'anti-racisme. Hélas ! pour lui, il y a l'anti-racisme, et il y a >> l'anti-racisme <<. Et ça n'a rien à voir, c'est même le contraire. 

Pour l'anti-racisme, l'individu n'est pas réductible à son groupe, sa communauté, sa religion, sa race, n'importe quoi... il est autonome. Toutes les hiérarchies entre groupes humains sont donc absurdes et auto-centrées. Voir Les civilisations ne se valent pas : en effet elles ne se valent pas, mais aucune d'elles ne peut juger les autres (elle ne saurait le faire qu'avec ses propres critères).

En réalité, >> l'anti-racisme << combat tout autre chose que le racisme : la xénophobie. C'est-à-dire que l'anti-racisme a dérivé par sentimentalisme en anti-xénophobie. Exemple : critiquer Coca Cola, Hollywood et Monsanto, c'est faire de l'anti-américanisme, et c'est très mal. Autre exemple : dire du mal de l'islam, c'est intolérable. Or, je ne vois pas, moi, à quel titre nous devrions penser du bien de toutes les cultures du monde. Je vois même plutôt pourquoi nous devrions en penser du mal. Critique tous azimuts. Bien entendu, si la critique ne touche que "les autres" et ne se retourne jamais contre soi, c'est une pensée assez faible - mais la faiblesse n'est pas encore interdite par la loi. On pourrait même dire qu'elle est encouragée : lois mémorielles, tolérance obligatoire, rappels intempestifs des "heures les plus sombres de notre histoire".

Or, où est le racisme aujourd'hui ? Dans le "choc des civilisations" qui dit encore trop son nom, et c'est pourquoi les bienpensants préfèrent les "Printemps arabes". L'idée est la suivante : l'Occident (de occir) c'est la Démocratie et les Droits de l'Homme, il doit les apporter aux peuples arriérés. Ah ! ce n'est pas présenté comme du racisme... C'est de l'humanisme, comprenez-vous. Il est édifiant de regarder les argumentations des colonialistes à l'époque : elles sont exactement les mêmes que celles d'aujourd'hui pour attaquer l'Irak, la Libye, la Syrie, etc. Strictement les mêmes : apporter la religion de l'époque, et maintenir l'ordre. C'est l'alliance des grands intérêts (quelles formidables razzias !) et des bons sentiments. En passant, il faut quand même signaler que le racisme est toujours dénoncé chez les nazis, mais on l'oublie dans l'impérialisme britannique ou dans le colonialisme français... c'était pourtant le même.

Il n'est pas étonnant que ce soient les mêmes qui, prêtres de >> l'anti-racisme <<, sont sur la brèche pour l'ingérence humanitaire. Il n'est pas non plus étonnant qu'ils entendent éliminer médiatiquement ceux qui :
- sont réellement anti-racistes
- exercent une liberté d'expression et un esprit critique contre notre société et pas seulement celles ailleurs ou d'avant

Ils sont légion ces grands renversements. Jaurès a pu passer pour anti-patriote, Robespierre pour un tyran, Rousseau encore aujourd'hui est considéré comme le grand-père des totalitarismes... Toujours les mêmes dans l'entreprise de diabolisation : les voltairiens. Ce qui arrive à Dieudonné, c'est déjà ce qu'ils ont fait à Rousseau. Comme dit Henri Guillemin : à force d'avoir été traqué, il a pu finir détraqué. Ces gens ne supportent pas que d'autres soient réellement ce que eux prétendent être. Des Tartufes !

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