mercredi 4 juillet 2012

Au revoir Charlie

Cher Charlie,

Bon anniversaire. Putain, 20 ans ! Je n'en ai fait que 10, je crois... c'est déjà pas mal. Je n'oublierai pas ton nom. Longtemps, j'ai cru lire, encore, le glorieux journal. Hara-Kiri ! Choron et Cavanna ! Ah ! Et peut-être ne me trompai-je pas, d'ailleurs.

C'est en 2005, finalement, que je me suis posé des questions. J'étais à fond d'accord avec Val sur le référendum, à fond. Pourtant, je me suis retourné en continuant à lire ce même Val, qui m'effrayait de plus en plus alors même qu'il défendait des positions qui étaient les miennes. Ça m'a questionné, et j'ai beaucoup cheminé depuis. Mais toujours avec Charlie. Et puis les Caricatures ! Rebelote ! J'étais parfaitement d'accord pour la publication, pour défendre la liberté d'expression. Et en même temps, de plus en plus effrayé par ce que je lisais dans Charlie pour défendre ces positions. Ça m'a questionné, et j'ai beaucoup cheminé depuis. Mais toujours avec Charlie. L'Affaire Siné, alors... Cette fois, ça y est. Je ne suis clairement plus avec Charlie. Ce qu'a fait Val est insensé. Ça m'a questionné, et j'ai beaucoup cheminé depuis. Mais toujours avec Charlie. Avec les larmes de Cavanna, d'ailleurs. Au passage, comment ne pas lui donner raison quand il déplore des dessins presque toujours contre Sarkozy. Maintenant c'est Hollande. Le changement c'est maintenant. D'un zigoto l'autre. N'y a-t-il rien de plus drôle et de plus piquant dans notre société d'aujourd'hui ?

J'en ai assez de lire d'ineptes calomnies sur Dieudonné, par exemple. Par la barbe du Prophète, laissez ça au Nouvel obs ou au Point. C'est leur rôle à eux. Quand on s'appelle Charlie Hebdo, on doit être sur le point de se faire interdire, pas de recevoir les félicitations de l'Elysée. Je n'en peux plus des articles antifascistes qui se succèdent semaine après semaine. C'est la goutte d'eau aujourd'hui quand je lis que finalement, Jean-Marie Le Pen n'était pas fasciste (alors pourquoi nous avoir vendu de l'antifascisme pendant des décennies !?), mais que Marine Le Pen l'est (et c'est reparti pour un tour). Des subversifs d'il y a 20 ans et plus l'avaient déjà compris : cet "antifascisme" est un antifascisme sans fascisme (cf. Baudrillard, Pasolini, etc.) Je ne m'étonne pas qu'à Libé, ils ne l'aient pas encore compris. Je ne supporte plus qu'à Charlie, même chanson.

Hélas ! mille fois hélas ! je me permets d'anticiper une réponse en repensant à ce funeste numéro singeant le nouvel anti-politiquement correct. Si je ne veux pas qu'on tape sur Dieudonné et Marine Le Pen, c'est parce que je veux qu'on libère la parole raciste et fasciste, et donc au fond, j'ai de la sympathie pour le racisme et le fascisme, me dira-t-on. Dans le meilleur des cas, je serais (bien) identifié comme venant de l'extrême-gauche, et aurais-je alors la Joie de lire que les extrêmes se rejoignent ? Je préfère ne pas y penser, laisser le bénéfice du doute.

Mais plus celui de mon abonnement. Je vous serai très reconnaissant de bien vouloir procéder à sa résiliation.

Bon vent, Charlie, sincèrement, bon vent, mais je ne peux plus, de mon côté, suivre cette route. Bon vent !

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