vendredi 11 février 2011

S'adresser à un patron

Voici la lettre qu'Ignatius Reilly (La Conjuration des imbéciles) a envoyé au nom de son patron au PDG d'un distributeur. Voilà le ton qu'il convient d'employer.

Monsieur I. Abelman, P-DG et quasi-mongolien,
Nous avons reçu par la poste vos absurdes commentaires concernant nos pantalons, commentaires qui révélaient surtout votre complet manque de contact avec la réalité. Eussiez-vous été tant fût peu plus conscient, vous eussiez aussitôt compris que l'expédition des pantalons en question s'était faite en toute connaissance de cause quant à l'anomalie de la longueur des jambes.
Mais alors, pourquoi, pourquoi ? direz-vous dans votre babil irresponsable, incapable que vous êtes d'assimiler les concepts les plus stimulants du commerce moderne à votre vision du monde retardataire et dégénérée.
Les pantalons vous ont été adressés 1) comme moyen de tester votre esprit d'initiative (une firme dynamique et intelligente devrait être capable de faire en quelques jours des pantalons trois-quarts le fin mot de la mode masculine d'été. Vos services de merchandising et de publicité sont manifestement en faute) et 2) comme moyen de mettre  l'épreuve vos capacités de répondre aux exigences de qualité de nos distributeurs agrées. (Nos vrais distributeurs, ceux sur lesquels nous comptons, sont évidemment capables d'écouler en quelques jours des pantalons portant le label Levy, quelle que soit la qualité de leur conception et de leur réalisation. Selon toute apparence, vous n'êtes pas dignes de notre confiance.)
Nous ne souhaitons pas à l'avenir être importunés par ce genre de réclamations fastidieuses. Vous voudrez bien limiter votre correspondance à l'expédition de vos commandes. Nous sommes une firme dynamique et fort active, les tracasseries impertinentes dont vous semblez vous faire une spécialité ne peuvent qu'entraver la réalisation de notre mission. Si vous nous importunez de nouveau, vous sentirez, Monsieur, la brûlure de notre fouet en travers de vos pitoyables épaules.
Agréez, Monsieur, nos coléreuses salutations, 
Gus Lévy, président.

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