dimanche 19 janvier 2014

Les chevaliers blancs

Quand il s'agit de dénoncer des provocations humoristiques, l'énergie ne manque pas chez les belles âmes et les honnêtes gens. 

Il est surprenant, dans ces conditions, que des violences répétées ne suscitent aucune réaction de la part de ces mêmes et nombreuses personnes. Il est certainement plus grave pour la démocratie, l'ordre public, la dignité humaine de rire et faire rire que de frapper, asperger de peinture, saccager bars ou librairies, enfermer dans un coffre de voiture, placer une bombe sous une voiture, jeter un vigile dans l'eau après l'avoir battu à mort, etc. Jamais un mot nous ne trouverons, des antifas au solfériniens, contre le terrorisme physique de la LDJ. Pire, ces chantres de la démocratie et de la République l'accompagnent d'un terrorisme intellectuel consistant à assimiler toute position critique vis-à-vis du Pouvoir à l'extrême-droite. 

En revanche, on retrouvera nos chevaliers blancs plus vaillants que jamais à la première gifle donnée par un Dieudonniste (pourvu qu'elle n'arrive jamais). 

Grave bouffonnerie.

Arrive là-dessus l'affaire Taddéi. Au départ, une dépêche du grand journaliste d'investigation Jean-Marc Morandini. Il annonce que Taddéi est déménagé à minuit, remplacé à 22h30 par une animatrice de "talk-show". Personne ne vérifie l'info mais tout s'emballe. Toutefois, l'info était crédible, et d'ailleurs confirmée quelques jours plus tard. Mais, entre-temps, les chevaliers blancs n'ont pas lésiné. 

La liberté d'expression était en jeu. Je ne peux m'empêcher de rire de cette tartuferie. Les chevaliers blancs n'aiment pas Dieudonné et ne perdent pas une occasion de l'insulter. Ils nous somment d'ailleurs de l'insulter aussi. C'est le sésame! le mot-de-passe! "Dieudonné est antisémite"! admis! on peut discuter... le préambule, la précaution oratoire indispensable. 

Un ahuri qui se présenterait sans insulter Dieudonné serait immédiatement taillé en pièces : c'est nier l'évidence, négationner le négationnisme, être détraqué mental, ou être évidemment rouge-brun, d'extrême-droite, antisémite, conspirationniste, négationniste, nazi. 

Les chevaliers blancs, donc, arrivent sur la scène du lynchage. Lobbys, députés, ministres, journalistes, "philosophes" ont pendu leur nègre, au mépris évidemment de plusieurs principes élémentaires et fondamentaux de la démocratie et de la liberté d'expression, et eux, les chevaliers blancs, ils estiment urgent  et essentiel de tirer un coup sur la corde pour s'assurer que la sorcière est bien morte. Après quoi, mais après seulement, ils se lancent dans quelque jérémiade sur la liberté d'expression, agrémentée de quelques larmichettes de crocodile. 

En revanche, quand c'est quelqu'un qu'ils aiment bien qui subit les foudres, alors là, ça ne va plus. Liberté d'expression! Liberté d'expression! Ils sursautent républicainement comme un cabri.


Rappelons donc simplement, et avec tout le sang-froid nécessaire, que la défense de la liberté d'expression commence par la défense de la libre expression des opinions les plus contraires aux siennes. Quand quelqu'un parle de liberté, il est extrêmement important de savoir s'il pense à la sienne ou a celle des autres, expliquait Bernanos

Illustration. Vincent Reynouard se présente comme étant néo-nazi. Bon. Il a fait de la prison ferme pour un opuscule "révisionniste". C'est un pur scandale. Et c'est là que doit commencer la lutte pour la liberté d'expression. D'ailleurs, 30 personnes peut-être connaîtraient Vincent Reynouard s'il n'avait pas été victime de la censure. Mais les chevaliers blancs ne commencent à bouger que pour Taddéi, et à condition d'insulter encore quelques-uns de ses invités. 

Il y a un côté amusant à ce cirque, qui veut que ces chevaliers blancs utilisent les catégories et les armes du Pouvoir. Conséquence? ils ont les mains pour couper les oignons, et les yeux pour pleurer. Traquer du facho partout, et finir par s'être traqué soi-même. Oui, ça me fait marrer. 



Petit aparté culturel, si j'ose dire... Rue 89, média faussement impertinent, traite du film de Riad Sattouf. Ce serait un film "politiquement incorrect" qui réussit là où Dieudonné échoue. Laissons le bénéfice du doute à ce film que je n'irai pas voir, mais voyons ce qu'en dit l'article : 
  • "il va faire de la peine aux féministes en montrant que les femmes aux pouvoirs peuvent se montrer aussi dominatrices que les hommes ;
  • il emprunte à l’islam l’abaya de ses personnages masculins, des frustrés sexuels, dociles et soumis, et sa proximité avec Charlie Hebdo le fera condamner sans procès ;
  • il se moque allègrement de toutes les dictatures du monde, toutes ces républiques démocratiques et populaires qui ne sont ni l’une, ni l’autre ;
  • il joue des ambivalences sexuelles d’une manière qui ne plaira pas à tout le monde."
Ah d'accord. Voilà ce qu'est le politiquement incorrect en 2014. Ça va loin! Il aurait peut-être fallu ajouter au propos du film que :
- il y a des cons partout
- des arabes, des noirs, des juifs, des homosexuels, des allemands, y en a des biens
- le nazisme c'est mal
- les extrêmes se rejoignent
- etc.


Et je conclue sur le cas Nabe. C'est ce qu'il y a de plus désolant, et même déshonorant dans cette affaire. Que des Guillon, Bedos, et toute la fine équipe crache sur Dieudonné, c'est la logique même, c'est dans l'ordre des choses. Que Nabe, qui crachait glorieusement du feu dès 1985 chez Pivot, aille partout, y compris au Nouvel Obs', à Canal+ (Canal+ !!!), partout où les fleurs ne pousseront jamais, pour cracher sur Dieudonné et Soral et leur "conspirationnisme", c'est lamentable. Je crois, moi, que le Professeur Choron serait aussi allé à Canal+, mais avec un uniforme de SS, pour les ridiculiser définitivement.

2 commentaires:

  1. Soral crache sur Nabe depuis des années, petite jalousie j'imagine, car niveau écriture, Nabe est tout de même 3 crans au dessus. Niveau politique par contre, ça vole très bas entre ces deux là je trouve. Leur petite guerre ressemble plus à "coup de poignard entre amis" qu'autre chose.

    Nabe exècre le conspirationnisme qu'il prend pour un aspirateur à cons, mais lorsque Ben Laden est mort, là il s'est posé de sérieuses questions et a évoqué la possibilité d'un complot...

    Je n'ai jamais aimé Soral. Et je ne comprenais pas trop le "duo" Soral-Nabe car tout les sépare ces deux là. Sauf leur côté provoc. Mais la grande différence entre les deux est que Nabe ne pige rien au sionisme, racisme ou autres car il semble dépourvu de certains "filtres". En 1985, ça lui paraissait normal de dire que les mecs de la LICRA étaient des gens qui utilisaient les monceaux de de cadavres d'Auschwitz comme du fumier pour faire fructifier leur fortune, parce qu'il le pensait. Je parle de cette phrase uniquement. Pour lui, c'était un fait à dénoncer. Il ne voyait pas d'antisémitisme du tout là dedans!

    Et non, Nabe ne trahit personne, il continue dans sa logique de cracher dans ce qui est "tendance". Il se fait cracher dessus des deux côtés maintenant, car je doute qu'il devienne pote avec Cohen un jour. Il est grillé depuis longtemps par la Licra et autre CRIF, mais là il se fait aussi griller et cracher dessus par les fans de Dieudo, par des gens comme toi, et là je ne comprends pas.

    J'aime Dieudo au fait, à la base, il est comme Nabe, il n'a rien compris de ce qui lui est arrivé après son sketch, tout comme Nabe n'a rien compris à son lynchage après l'émission de Pivot. Dieudo a glissé vers Soral, dommage mais logique après les horreurs et les injustices qu'il a du supporter. Nabe s'est fait descendre et démolir sa carrière, mais ça reste un écrivain hors pair, qui a la chance d'être issu d'une famille "bourgeoise" et d'être blanc. Si, désolée, mais ça joue. En plus, si on a envie de le baffer, c'est difficile de le détester car ce type est non seulement brillant, mais attachant. Ce que n'est malheureusement pas Dieudo. Mais j'aime toujours Dieudo! Et Nabe :)

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  2. C'est difficile... il y a un côté guéguerre assez pathétique, c'est vrai. que Nabe n'aime pas le "conspi", je m'en fous même si je déplore qu'il utilise une telle catégorie, parfaitement insensée. Mais bon, même dans "L'homme qui", il peut s'en prendre à LLP, ça ne me dérange pas : tous en sont là par liberté de pensée, c'est pas pour devoir tous penser la même chose. Par définition, la "dissidence" est une armée mexicaine aberrante.

    En revanche, venir attaquer, dans les médias et avec les catégories médiatiques, Dieudonné traqué par tous les services de l'Etat, les associations, les médias, ce n'est pas ce qu'il aura fait de plus glorieux. Au prétexte que Dieudonné a le Pouvoir quand Valls n'a que l'Autorité? Mais Dieudonné perd son Pouvoir dès demain, si Valls perd son Autorité. Si nous soutenons Dieudonné, c'est par anarchisme, parce que cette Autorité est insupportable. Mais après, nous sommes trop différents, pour faire Pouvoir.

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