samedi 28 décembre 2013

Les censeurs de Dieudonné vers la solution finale

Michel, le Sapin de Noël, vient de confirmer l'inversion de la courbe du chômage, décrétant dans la foulée la nouvelle organisation des saisons (hiver, été, automne, printemps) et la nouvelle température d'ébullition de l'eau (2°C, pour économiser l'énergie, mais le syndicat des fils et filles de skieurs s'inquiète). Un autre peut aussi bien cacher un humoriste.

On ne s'amusera pas plus de cette énième bouffonnerie solférienne, parce qu'un autre occupe toute l'attention de ces mêmes zigotos qui nous gouvernent : Dieudonné. En effet, Dieudonné ne fait plus rire personne depuis 2003, et c'est un grave problème pour la France. Hier, Manuel Valls a déclenché l'opération Solution Finale. Récapitulons pour ne pas capituler.


Dieudonné est aujourd'hui accusé d'être antisémite et tout simplement nazi. Va falloir y aller point par point.


Antisémitisme?

Les "débats" sur Dieudonné sont monnaie courante. Dorénavant, je n'y participe qu'à deux conditions :
1/ que les contradicteurs admettent que le Verdict puisse être contesté
2/ que le terme "antisémitisme" soit défini

La première conséquence de ces exigences est que cela m'évite de m'épuiser dans des myriades de discussions, la plupart des contradicteurs décrétant détenir la Vérité descendue sur Terre qu'on ne saurait remettre en cause (à moins d'être détraqué psychologiquement et/ou nazi soi-même) et se posent ainsi en défenseurs de la Raison (humaniste, démocrate, tolérante, Voltaire quoi), ce qui ne les empêche absolument pas, en revanche, de trouver logique de débattre sans en avoir défini les termes, puisqu'ils refusent tout aussi fréquemment de définir "antisémitisme". Résumé : on doit déclarer Dieudonné antisémite, mais on ne doit pas dire ce que signifie "antisémite". Curieux.

Pour moi, un antisémite serait quelqu'un qui prête des "qualités" à un groupe nommé "Les Juifs" et qui attribue ces qualités à tous les membres qui (d'après lui) composent ce groupe. [Petit aparté : je ne reviens pas sur le choix malheureux du mot désignant les peuples sémites, ça alourdirait encore le billet pour pas grand chose.] C'est peut-être curieux mais c'est ainsi, je définis l'antisémitisme comme un racisme anti-Juifs. Dès lors, je ne vois pas bien l'utilité d'avoir un mot spécifique qui contribue selon moi à la prospérité du racisme anti-Juifs. On nous dit : les clichés anti-Juifs sont différents des clichés anti-Arabes. Oui, mais les clichés anti-Roumains sont différents des clichés anti-Noirs, etc. A partir du moment où on entretient une spécificité, on alimente les spéculations sur cette spécificité. Bref.

Bref, ce qui serait condamnable à mes yeux, serait effectivement de prêter des "qualités" (positives ou négatives) à un groupe (humain, ou non, d'ailleurs) et d'attribuer ces "qualités" à tous les membres de ce dit-groupe. Ça, ça n'a aucun sens. C'est contraire à toute idée d'autonomie, et sans même avoir à évoquer les-heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire, ça révolte l'esprit, en tout cas le mien. Quand je dis : "condamnable", j'entends : "intellectuellement". Il ne me viendrait pas à l'esprit-encore-lui, de poursuivre en justice un raciste. Ce serait aussi contraire à toute idée d'autonomie, et une stratégie de faiblesse assez lamentable. 

Exemple : la banane de Taubira. Une telle insulte est particulièrement infantile, et a d'ailleurs été proférée par une enfant. Elle provoquerait des larmes dans une cour de maternelle. Mais, quand on est adulte, structuré, fort, et qui plus est ministre de la République, on peut avoir une réaction plus digne et plus forte, me semble-t-il. Thérèse de Lisieux : "cette multitude d'offenses ne sont qu'une goutte d'eau dans un brasier ardent." Non ? Si. Pas besoin d'un sursaut Rrrrrépublicain.


Dieudonné est-il raciste?

Répondons à la question. Dieudonné est un métisse, un pied sur deux continents, et il se pense comme un pont (cf. le préambule à La gauche vent debout?). Depuis toujours, il ridiculise les frontières arbitraires et absurdes (couleur de peau, religion, nationalité, etc.) que les homo sapiens dressent entre eux. Pour lui, ça n'a pas de sens, il le dit, il le répète. C'est à ce titre qu'il s'engage alors politiquement contre le Front National. Dieudonné incarne l'anti-racisme. Preuves :



Spectacle Mes excuses : "Avec toutes ces conneries de communautarisme... chacun chez soi ça va être n'importe quoi... ça n'a aucun sens les Blancs les Noirs les Jaunes les Tachetés... mais quand tu t'attaques au communautarisme, t'as toutes les communautés sur le dos, moi je veux pas finir comme un Apache".




Spectacle Dépôt de Bilan : "toutes ces différences, toutes ces frontières, qui nous ont mené à... rien, rien, rien du tout".




Spectacle 1905 : la différence entre le Chinois et le Vietnamien, à ne pas manquer.




Chanson Palestine : chanson métisse déracinée cosmopolite (Nougaro, jazz, tziganes, etc.) aux multiples influences, l'oeuvre d'une pensée raciste? allons!...


En dernier ressort, tout est contenu dans l'apostrophe à un Chinois dans son public (spectacle 1905) : "T'es Chinois? mais pour quoi faire?". Ce n'est pas un extrait pris au hasard, c'est toute son oeuvre qui est parsemée de cette lutte contre le communautarisme = racisme.

Au début de ses ennuis, quand il était encore parfois invité sur des plateaux pour s'expliquer, il n'a pu que répéter inlassablement que, pour lui, "les Noirs", "les Juifs", etc. ça n'existe pas.





Hélas ! pour lui, il y a l'anti-racisme et >> l'anti-racisme <<. Et ça n'a rien à voir, c'est même le contraire. Jean Baudrillard l'avait fait remarquer : il y a SOS Baleines qui veut sauver les baleines, et il y a SOS Racisme qui veut sauver le racisme.


Mais alors, quel est son crime ? 

"Il a une obsession sur les Juifs". Alors, il va falloir faire un petit peu de chronologie. Pourquoi ? Il y a quelques jours, la LICRA a annoncé qu'elle poursuivrait en justice Pierre Desproges en 2013 si son sketch sur Les Juifs sortait maintenant. C'est ce qu'elle a fait avec Dieudonné en 2003.

Là, certains se sentent un peu coincés, obligés de se démarquer des censeurs. On nous fait alors remarquer que Desproges c'est pas Dieudonné :
- Desproges était insoupçonnable
- Desproges n'a fait qu'un sketch sur cette question, et n'y est pas devenu obsessionnel

Ces deux objections ne tiennent pas.

1/ Desproges était en effet insoupçonnable, ça ne l'a pas empêché d'être soupçonné à l'époque (il se défendit des accusations d'antisémitisme en s'excusant auprès des anciens nazis de se moquer d'eux aussi peu charitablement), et ça n'empêche pas la LICRA aujourd'hui de faire ces déclarations. De plus, il faudrait expliquer en quoi Dieudonné, métisse franco-camerounais issu du duo avec Elie Semoun et militant anti-FN était soupçonnable d'être antisémite et néo-nazi en 2003. Ce n'est jamais fait, car c'est évidemment absurde. D'ailleurs, dans le sketch qui l'a fait tomber, ce qui a posé problème est le "Isra-Heil". Dieudonné assimilait Israel au nazisme. Dieudonné manifestait-il son amour du nazisme ? Ridicule.

2/ Desproges a fait un sketch sur la question, en expliquant que la Shoah était pour lui une horreur absolument incompréhensible ; et qu'il était par ailleurs agacé de la prétention de certains Juifs à détenir les clés de l'humour. Si, à l'époque, la LICRA l'avait traîné dans la boue et poursuivi en justice comme elle l'a fait pour Dieudonné, je ne pense pas que Desproges aurait dit : "ah oui, pardon, vous avez raison". C'est la censure qui fait réagir Dieudonné. Dieudonné a fait des sketchs sur tous les communautarismes, tous. Juste un exemple, dans "J'ai fait l'con", il dit : "je dois être chrétien, je m'appelle Dieudonné, qu'est-ce que je peux faire de plus? me faire enc**** par un curé?". Personne n'a essayé de faire censurer Dieudonné pour racisme anti-chrétien. Pas plus que pour racisme anti-musulman après La fine équipe du 11. Et caetera.

Non, ça n'a réagi que sur une question bien précise, et qui n'est pas le racisme anti-Juifs. Ce qui était inacceptable dans son sketch chez Fogiel, ce n'est pas de l'antisémitisme (il n'y en avait pas la moindre trace), c'était cette assimilation d’Israël au nazisme. Le sketch de Desproges joue avec les clichés antisémites, et on comprendrait presque que certains aient peur que ce soit pris au premier degré. Celui de Dieudonné n'est pas du tout sur ce terrain-là, il était clairement lié à une situation géopolitique. Ce qu'il dénonçait, c'était la politique d’Israël, et il voulait questionner Jamel Debbouze présent lors de l'émission, sur cette question.

Quelques mois auparavant, Edgar Morin avait commis le même "crime". Dans une tribune publiée dans Le Monde avec Sami Naïr et Danielle Sallenave, il écrivait :
" Les juifs d'Israël, descendants des victimes d'un apartheid nommé ghetto, ghettoïsent les Palestiniens. Les juifs qui furent humiliés, méprisés, persécutés, humilient, méprisent, persécutent les Palestiniens. Les juifs qui furent victimes d'un ordre impitoyable imposent leur ordre impitoyable aux Palestiniens. Les juifs victimes de l'inhumanité montrent une terrible inhumanité. Les juifs, boucs émissaires de tous les maux, "bouc-émissarisent" Arafat et l'Autorité palestinienne, rendus responsables d'attentats qu'on les empêche d'empêcher." 
Edgar Morin a été poursuivi pour incitation à la haine raciale. On a voulu le faire passer pour un Juif ayant la haine de soi, un antisémite. Pour une inquiétude inspirée de Victor Hugo ("opprimés hier, oppresseurs demain"). Que ça ne fasse pas plaisir aux oppresseurs qu'on le dise, on le comprend ; qu'on conteste cette analogie, c'est tout à fait légitime ; mais traîner dans la boue et censurer...

Dieudonné a donc fait la même chose que Morin. Dans les deux cas, il est absurde de parler d'incitation à la haine raciale, puisque ce qui est dénoncé est précisément que les victimes de la haine raciale en deviennent les vecteurs. Edgar Morin a répondu par un très bon livre (Le monde moderne et la question juive), Dieudonné avec ses armes à lui (des provocations de plus en plus provocantes). Mais, Morin, ce n'était pas très dangereux, il touchait les milieux de la sociologie de gauche, bon. Dieudonné, lui, et en interpellant Jamel... c'est autre chose. La Grande Peur, c'est les banlieues.


Le nouvel antisémitisme?

C'est là que nos sursauteurs républicains doivent changer leur fusil d'épaule. Le problème, ce n'est pas l'antisémitisme vieille France, ça c'est terminé. Non, le problème c'est l'antisémitisme nouveau, celui des banlieues où les "muslims" s'énervent contre les "feujs" qui tuent leurs frères en Palestine.

Je trouve plus que légitime qu'ils s'énervent. Je suis moi-même assez énervé (et quand je suis énervé, ça fait mal). Seulement, il y a une différence entre s'énerver contre la politique israélienne (ce qui est parfaitement légitime) et l'attribuer à tous les Juifs (ce qui n'a pas de sens). Les sursauteurs républicains nous expliquent volontiers que dans les banlieues, on n'a pas cette subtilité. Et c'est vrai, mais ni plus ni moins qu'ailleurs. Les banlieues ne sont pas peuplées d'abrutis quand les centre-villes eux seraient le repaire du raffinement et de l'intelligence. Mais il est vrai que, un peu partout, les amalgames sont faits. Cependant! il est essentiel de rappeler certains points :

1/ le CRIF, la LICRA, toutes les associations communautaires s'ingénient à assimiler sionisme et même défense inconditionnelle de la politique israélienne (même d'extrême-droite comme actuellement) et judaïsme

2/ les mêmes traitent systématiquement de "traîtres à la patrie" et d'antisémites tout Juif critique. Edgar Morin, donc, Rony Brauman, Schlomo Sand, Noam Chomsky, Jacob Cohen, Gilad Atzmon, etc. la liste est très longue des "juifs ayant la haine de soi"

3/ les mêmes encore, représentant une infime minorité de la population juive de France prétendent représenter toute la population juive de France

= > Alors, on fait tout pour que les gens fassent l'amalgame. Pire! on le fait soi-même, ce sont eux qui font la Grande Confusion. Il est absurde et hypocrite de reprocher quelque chose à quelqu'un quand on le fait soi-même. Ces associations, relayées par les médias qui ne bronchent jamais, font l'amalgame. Emmanuel Chain dans la vidéo plus haut le dit : pour lui, il est évident que s'en prendre à un colon israélien extrémiste, c'est s'en prendre aux Juifs en général. N'importe quoi !

De la même façon, si, dès qu'un Mélenchon tape sur la "finance internationale", on a 15 jours de sursaut républicain dans les médias contre l'antisémitisme nauséabond de la gauche de la gauche, quel est le message envoyé ? "finance internationale = judaïsme". Qui fait l'amalgame ? Faut pas le reprocher aux autres, ensuite.


Le chantage à l'antisémitisme

Le voilà donc le crime de Dieudonné, s'être attaqué à la politique israélienne. Pour cela, il a été évincé des médias, empêché de travailler, traîné dans la boue, harcelé judiciairement (une vingtaine de procès avant d'enfin réussir à le faire condamner), agressé avec ses enfants, son public aussi a été agressé. Il a eu le courage ou l'inconscience de répondre à ça par des provocations humoristiques. Fait rarissime.

Que Shoah nanas choque, ça peut se comprendre. Mais il s'agit d'une réponse à ceux qui essayent de le tenir par la Shoah. Il y a eu la Shoah donc, on ne critiquera pas Israël. Ah bon ? Dieudonné les tient par l'ananas. Sa résistance par le rire est très étonnante.


Jean Bricmont : de la gauche morale par clap36

Dix ans durant, le système aura tout essayé. Et nous, spectateurs, nous avons pu observer comment il fonctionne. Quelques exemples :

- France 2 affirme dans Complément d'enquête que Dieudonné a comparé Taubira a Cheetah. Grotesque. Dans l'extrait volé du spectacle Le mur, il dit que Hollande se sert de Taubira comme de Cheetah. Ca fait une petite différence, non ?
- Les journalistes ne cessent de parler de l'obsession antisémite de Dieudonné et de Soral. On a le cas exceptionnel de ce journaliste de BFMTV qui ne va chercher Alain Soral que pour lui parler d'antisémitisme, qui lui pose pendant 38 minutes des questions sur ce thème et qui finit en disant : "vous n'avez parlé que de ça!" Exceptionnelle bouffonnerie. Dieudonné parle de tout depuis 10 ans, mais les médias ne reprennent que ce qui touche à cette question. Qui est obsédé ? L'islam, le christianisme, Chavez, l'écologie, le féminisme, l'école, la laïcité, la gay pride, l'Afrique, etc. jamais un journaliste n'est venu parler de ces questions à Dieudonné, c'est dans ses spectacles, pourtant.
- Le Président de la LICRA décide que la quenelle, geste pratiqué depuis 10 ans par Dieudonné et ses fans, en toutes circonstances (bras d'honneur), est un "salut nazi inversé". Depuis, la presse parle de la quenelle, et pas un article n'oublie de préciser que ce geste est "souvent comparé à un salut nazi inversé". Pas un journaliste pour mettre en doute, pour réfléchir, pour questionner. Sur 9000 photos, on en trouve un paquet lié au judaïsme, et ça valide!
- bon, etc.


La Solution Finale

Ainsi, Manuel Valls veut en finir. Je sais bien qu'on me reprochera de parler de Solution Finale et de faire passer Valls et Cukierman pour des nazis. Je le fais parce que c'est cette analogie qui a fait tomber Dieudonné... D'un côté, elle n'était pas pertinente, et il est amusant que ce point Godwin initial, utilisé par Dieudonné, ait été renversé au point d'être désormais utilisé par ses adversaires contre lui. Y en a marre d'utiliser Hitler à tout bout de champ. Personne n'a Hitler en face de lui, aujourd'hui. D'un autre côté ? cf. Edgar Morin.

Valls veut faire interdire les spectacles de Dieudonné. Cukierman est content parce que, si on le laissait faire, "on pourrait craindre des violences". Les seules violences constatées à ce jour ont toutes été le fait  de la LDJ. Mais, Valls et Cukierman ne sont certainement pas au courant. La LDJ, ces joyeux drilles qui mènent des "expéditions punitives" et les revendiquent, contre les quenelliers, contre "les juifs ayant la haine de soi", etc. Eux, en effet, portent de la haine et de la violence. Jacob Cohen a été à deux reprises agressé par ces zozos, mais ça n'a pas ému grand monde dans le cirque médiatico-politique. Jonathan Moadab a vu sa voiture exploser, tout simplement... mais malheureusement pour lui, c'est pas des bougnoules ou des nègres, enfin des barbares quoi, qui ont fait le coup, donc tout le monde s'en fout. Pourtant, ça devrait plaire aux médias, ils pourraient en faire des tonnes sur les catégories : un journaliste! indépendant! juif! victime! mon dieu tout y est... mais non. Add. 21h48 : Et Jacky Sigaux, régisseur lumière et son de Dieudonné, rejoint la liste des "haine-de-soi" agressés.

Il manque une base juridique à cette Solution Finale. Arno Klarsfeld y est allé de sa proposition. Depuis 10 ans, rien n'y a fait, Dieudo a gardé et augmenté son public, et celui-ci, boîte de crayons de couleurs, n'a jamais manifesté la moindre violence. Il faut pourtant absolument qualifier le trouble à l'ordre public. Notre ami Arno propose donc d'aller provoquer un trouble à l'ordre public, tout simplement. C'est de la folie furieuse.

Espérons que les fans de Dieudonné soient tous aussi forts que lui. La réponse : paix, humour et chansons. "C'est Dieudonné! c'est pour le spectacle...".




Add. 15h23

L'article est déjà long, mais j'y ajoute deux petits paragraphes, et je vous présente toutes mes confuses.


La culpabilité par association

Je suis bien obligé d'en parler, puisque c'est l'argument principal des censeurs. Dieudonné est antisémite parce qu'il est entouré d'antisémites. Il est antisémite parce qu'il est proche de Soral. D'ailleurs, Soral est antisémite parce qu'il a défendu Dieudonné. C'est pratique, ça marche dans les deux sens. Dieudonné était sur la liste antisioniste en 2004 avec l'argent des Iraniens, et sur cette liste il y avait des gens très très méchants. D'ailleurs, les Iraniens veulent la bombe atomique pour rayer Israël de la carte. Tiens, on retrouve là une manipulation médiatico-politique très amusante : Ahmadinejad n'a jamais dit qu'il voulait rayer Israël de la carte. Mais passons. La culpabilité de Dieudonné est prouvée par celle de ses relations. C'est aussi ce que dénonçait Schopenhauer dans L'art d'avoir toujours raison : principe de l'association dégradante. Dieudonné a-t-il dans ses relations des gens qui ne sont pas racistes ? Les plus obtus censeurs admettront que oui. Dès lors, Dieudonné serait-il coupable de ne pas être raciste, parce que son cousin n'est pas raciste, pas plus que l'oncle de son meilleur ami ? Non, ça ne marche pas comme ça ? Seul le racisme peut déteindre sur les amis ? pas l'anti-racisme. Ou alors, faut-il compter ? Parmi ses 300 amis, y a-t-il plus de 150 racistes pour constituer la preuve du racisme de Dieudonné ? Tout cela n'est pas très sérieux.

Autre pièce au dossier. L'amitié, oui l'amitié... de Dieudonné avec Robert Faurisson. On lit, là encore, beaucoup... j'allais dire d'âneries mais j'ai trop de respect pour Balthazar... de stupidités à ce sujet. Faurisson ? Je croyais, moi, naïvement, que le type tenait un discours religieux impossible à contredire. Vous savez du genre : Dieu existe. Va prouver le contraire! Mais va prouver, aussi, que Dieu existe... Bref, c'est un énoncé irréfutable, il est impossible d'en vérifier la véracité. Je pensais donc que Faurisson tenait ce genre de discours sur les chambres à gaz, et que cela expliquait que les honnêtes gens ne veuillent pas qu'on en parle, de peur de lui amener des adeptes. Or, il n'en est rien. Faurisson a un discours tout à fait rationnel et argumenté, qu'il est donc très facile de contredire pour qui a travaillé la période, en y amenant faits et documents historiques et scientifiques. Rien qui ne mérite censure, ostracisme, diabolisation, et encore moins de le frapper, le laisser pour mort dans un fossé, etc. L'histoire devrait suffire à éteindre le feu. Mais non... c'est l'Infréquentable. Dieudonné lui a donc remis, et c'est logique, le Prix de l'Infréquentabilité. Sur les chambres à gaz, on veut les avis des historiens, mais celui des juges et des associations, on s'en fout. Et j'enfonce le clou, en m'étonnant encore une fois de voir les prétendus démocrates défenseur de la Raison condamner le révisionnisme en tant que révisionnisme. L'histoire et la science sont, par définition, j'insiste, par définition, révisionnistes. On ne peut avancer dans nos connaissances qu'en révisant celles anciennement établies. Je pensais que le révisionnisme ne gênait que les staliniens et les tenants de toutes les "lignes officielles" de chaque époque. Il n'y a pas de ligne officielle qui tienne. Quand il y en a une, on est plus proche de l'Hystoire que de l'histoire.


Le cordon sanitaire

Corollaire : il faut, pour les honnêtes gens, établir un cordon sanitaire. Dieudonné n'en est à ce titre qu'une cible parmi d'autres. Etienne Chouard, par exemple, est frappé de la même façon, martyrisé par les "antifas" et brocardé par le Front de Gauche. Etienne Chouard, LE démocrate, coupable de penser qu'on peut discuter avec tout le monde. Personne n'a mieux que lui porté la réflexion institutionnelle et citoyenne depuis des lustres, mais à gauche, et même à gauche de la gauche, comme on dit, on s'offusque de discuter avec Etienne Chouard parce que sur son site, parmi des milliers de références, il y a un lien vers le site d'Alain Soral, et un commentaire d'un bouquin d'un type "antisémite". Toujours le Front de Gauche : Alexis Corbière a mené un vrai procès en sorcellerie à Jacques Sapir, soupçonné d'avoir déjeuné avec Marine Le Pen, un jour. Pour le Front de Gauche : Chouard, non ; Sapir, non. Et Lordon ? certainement non, encore. Cordon sanitaire ! Hygiénisme ! On leur rappelle les ascendances et descendances du courant hygiéniste où ce serait encore un violent point Godwin ? Les bouffons ! Je vous l'annonce pour finir, le prochain livre d'Alexis Corbière, préfacé par Mélenchon : "Gandhi, une vie fasciste". Hé ! oui, Gandhi a écrit une lettre à Hitler, en la débutant par "Cher ami,"... Cordon sanitaire ! 

Et pendant ce temps-là, la lutte des classes ? 

3 commentaires:

  1. Euh, oui, d'accord, mais malgré tout ce qu'on peut en dire, il suffit de suivre les flux de vidéos qu'il met en ligne pour se retrouver face au triste constat que bien qu'il souhaite conserver une liberté de penser à tout crin, il n'en demeure pas moins tributaire d'une représentation publique qu'il utilise à son avantage mais qu'il lui donne cette image.
    Il pourrait dire bien mieux, sans rancoeur, tout ce qu'il dit, sans pour autant oublier qu'il est quoi qu'il veuille en dire, dans une représentation médiatique qui lui colle une étiquette.
    Un point remarquable pour quelqu'un qui ne veut pas céder à l'establisment, en définitive il ne dénonce pas ce fait, qu'on souhaite lui faire porter le costume du raciste et de l'antisémite.
    Il faut que ce soit quelqu'un comme toi qui aille au front pour parler de lui.

    Ce qui est finalement logique et cohérent, n'oublions pas que nous parlons d'un amuseur publique. Si il se veut amoral, lors il peut se passer de ses spectacles pour expliquer son point de vue, ses opinions.
    Il oublie que porter une liberté c'est dans le même temps porter une responsabilité de la conscience de cette liberté. L'une est dépendante de l'autre, à moins qu'il ne soit clairement explicité, ce qu'il ne fait pas, que ce discours est quelque chose de son fait personnel qu'il projette sur la sphère public, ce qui incidemment à pour malheureuse conséquence de le mettre en concomitance d'opinion, par sous-entendus, avec des personnes comme Soral, ou Le Pen en son temps.

    Voici fait la part de l'avocat du Diable. Je sais pour le temps qui passe que toutes les opinions ne sont que passagères, fugaces, que ce qui restent sont les paroles, parce qu'elles finissent pour une créature médiatique, par être plus que la personne elle-même.

    La Liberté peut-elle tout autoriser ou n'est-elle qu'une forme de censure lorsque son étalon est la médiatisation instantanée?

    Je n'ai pas la réponse, lui non plus, toi non plus, indépendamment les uns des autres. Pour ma part je suis comme Taddéi qui je trouve, est judicieux dans son approche. Pas de condamnation, pas de jugement hâtif, rien que l'exposition aux faits des opinions pour trouver le consensus, sans excitation des consciences, qui cédant aux passions de l'envie de raison irraisonnée compromet toute ouverture et élargissement pour faire avancer, évoluer les choses.
    Cours de philo, Terminale, principe élémentaire.

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  2. Oui, seulement, la concomitance d'opinion est vue à travers le prisme médiatique, encore une fois. Je reprends le cas Lordon. Il explique sur France Culture que l'euro est une catastrophe, il défend la souveraineté monétaire et plus généralement la souveraineté populaire, avec une argumentation de gauche radicale parfaitement claire, et on lui répond : "Ah mais! vous pensez comme le FN..."

    Non! Il n'y a que des médiacrates pour confondre Frédéric Lordon et Marine Le Pen. Bien sûr que l'analyse peut se rejoindre sur certains points. Et alors ?

    Par exemple, la guerre en Centrafrique. Menée par l'UMPS. Quelle est la position du FN ? Favorable à cette guerre. Bah mince alors, où sont les journalistes qui ont sermonné les cadres du PS et de l'UMP pour leur proximité idéologique (colonialiste) avec le FN ? Nulle part, y en a pas.

    Ces jugements sont sélectifs, et vont toujours dans le même sens. Du coup, nous n'avons pas à être tétanisés par ce stratagème de l'association dégradante. Dieudonné pense la même chose que Jean-Marie Le Pen sur tel ou tel point ? Euh oui... bon... il reste à démontrer en quoi c'est gênant ; cette soi-disant proximité ne dit rien par elle-même. Il me semble.

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  3. L'excitation des consciences, c'est l'opium du peuple ! On parle sans savoir, on s'échauffe, on se monte le "bourrichon", on se rallie à la meute, aux "hurleurs". On est soudain tout transformé de mettre un peu de piquant dans sa vie. On a l'impression de vivre une révolution: celle des esprits. Celle des esprits ? Oui, mais des esprits dont la pensée doit rester bien formatée, bien lisse, bien proprette. Comme disait De Gaulle "Les français sont des veaux !" Et comme disait Brassens dans sa chanson "Le pluriel" : "Passé plus de 4, on est une bande de cons !" Eh oui, la "curée" a toujours été un sport national très prisé ! On traque, on truque, on veut son assassin, son diable, son ordure de service ! C'est bon pour le moral. Ca permet d'oublier ses propres saloperies, ses propres exactions ! Vouloir tuer l'autre, c'est se féliciter d'être un "bon vivant" ! Ah la meute, comme je la connais bien ! Elle a plus d'un tour dans dans son sac pour s'excuser de faire et dire n'importe quoi. Elle a de la morale à revendre, de la "bien-pensance" plein la bouche. Elle sait tout. Elle juge, condamne et éxecute pour mieux vivre après. Mieux vivre ? Ah, la bonne blague ! Après, elle trouvera une nouvelle cible, un nouveau "Dieudo", un nouveau paria de la pensée unique, de la pensée eunuque ! DORMEZ EN PAIX, BRAVES GENS ! Vous avez fait votre devoir de nettoyeur ! Si vous saviez comme je ne vous envie pas...

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