samedi 10 novembre 2012

Danger ! Toxique ! Littérature.

Voyage au bout de la nuit est un livre très dangereux et très toxique. Frédérique Leichter-Flack veut bien qu'on le lise, mais avec un pharmacien sur son épaule. Le populo passera désormais son permis littéraire en lecture accompagnée.

On fera exception pour l'ado, qui est un abruti qui ne comprend rien - pas même la haine, et qui pourra donc lire le livre. La haine : il n'y a que ça dans le Voyage, chef-d’œuvre, d'accord, mais toxique.

Mme de Stael à propos de Robespierre : "ses traits étaient ignobles, ses veines étaient d'une couleur  verdâtre, il professait sur l'inégalité des rangs et des fortunes les idées les plus absurdes".

Frédérique s'offusque que Céline fustige les guerres même révolutionnaires. Michelet : le volcan révolutionnaire jetait ses étincelles sur le monde entier, l'océan révolutionnaire qui déborde, bla, bla, et reblabla. En effet, nous n'admettons pas ces guerres girondines menées pour razzia ainsi que pour tranquillité intérieure - cf. Henri Guillemin.

Céline n'aime pas les Lumières. Pardi ! Voltaire : "Un pays bien organisé est celui où le petit nombre fait travailler le grand nombre, est nourri par lui, et le gouverne." Votre >> démocratie << est strictement et dans ses fondements, une oligarchie. Nous ne l'aimons pas.

Il n'aime pas la culture. Avec un grand Q - cf. Franck Lepage. Nous non plus.

Il n'aime pas la démocratie. Nous non plus - cf. Etienne Chouard.

En effet, le Voyage est toxique pour les honnêtes gens, plus encore peut-être que Bagatelles pour un massacre.

Guillemin parle de Rousseau, ça vaut pour Céline, et pour tous les pestiférés :

""Vivant ou mort, il les inquiètera toujours." Qui ça, "les" ? Bah ! les sages quoi, les raisonnables, les avisés, les gens de bien, les honnêtes gens..."

"Vous avez entendu ces trois textes, il est évident qu'il y a un ton populaire, un ton peuple, c'est pourquoi Monsieur Ferdinand Brunetière, le grand critique de la Revue des deux mondes, quand il avait parlé de Jean-Jacques, avait dit : "c'est un homme qui par ses origines est peuple, peuple au sens le plus fâcheux du mot". Vous avez compris, c'est un infréquentable, enfin quelqu'un qui n'est pas admissible parmi les gens de bien."


Et une petite citation de Céline : 
"Le vrai rideau de fer, c'est entre les riches et les miteux. Les questions d'idées sont vétilles entre fortunes égales. L’opulent nazi et l'administrateur de Suez, ils parcourent les mêmes golfs, ils ouvrent la chasse ensemble, ils soupent à Saint Moritz. Mais nous là, hâves, penailleux, trimards, mégotiers, revendicateurs, allez... à la niche."

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