jeudi 15 avril 2010

Décroi100

Ceci est le 100e message du blog et, quitte à prêter attention aux chiffres, autant parler décroissance. La légende médiatique veut qu'un décroissant est une sorte d'ermite appelant au retour à l'âge de pierre. Il se trouve que je n'ai rien contre l'érémitisme, mais ce n'est pas la question (si, c'est un peu la question, mais tant pis). Jamais on n'entend un décroissant dans les médias. Et pour cause. Tiens, cette semaine, l'ami Oncle Bernard de Charlie Hebdo fustige Libé le journal post-68 d'extrême gauche qui a tant changé qu'il s'ouvre sur une double page de publicités. Il n'y a strictement rien à en attendre. Et en tout cas pas des analyses des idées d'Illich, d'André Gorz, de Castoriadis dont s'inspirent les décroissants aujourd'hui. Seulement, c'est toujours sur le même qu'on peut compter : Frédéric Taddeï a invité Paul Ariès il y a quelques jours. Et ça fait boum. Tiens, il faudrait que je parle de Boum Burger, aussi. Je reviens pour le moment à mon mouton hallal. Le discours qu'Ariès oppose à Madelin notamment, mais aussi à Piketty finalement, est très percutant. Je vous fais juges :



paul ariès ce soir ou jamais
envoyé par rebellin01. - Regardez les dernières vidéos d'actu.


Ce que je ne comprend pas, c'est comment un discours parfaitement stupide peut être asséné à longueur d'ondes et de journée et être accepté si facilement - je parle bien entendu du discours progressiste. "Mais enfin, le Progrès apportera la solution aux problèmes d'aujourd'hui, augmentons la taille du gâteau et tout le monde aura sa part". Totalement idiot. Ca me fait penser au sketch de Coluche : "il paraît que Sylvie Vartan a encore fait des progrès... j'attends la fin des progrès pour aller voir". On peut remonter au XVIe siècle pour les origines d'une mondialisation capitaliste (si on suit Braudel), plus loin encore (si on suit Le Goff), disons au XIXe pour être gentil avec nos amis progressistes. Depuis l'industrialisation, les progrès techniques n'ont-ils pas été fabuleux ? Si. A-t-on vu, pour autant, le moindre début de commencement de réduction des inégalités sociales ? Non. C'est le contraire, tout à fait logiquement, qui se produit. C'est bien gentil, déjà, de parler toujours au futur. Mais pour être crédible une seconde, le progressiste de base pourrait au moins fournir le début d'une argumentation pour nous expliquer pourquoi une cause a produit un effet jusqu'à aujourd'hui et va produire l'effet contraire à partir de demain. Mais il n'y a rien. Rien du tout. Si ce n'est de l'ironie facile sur le décroissant et sa poésie, ses feuilles de salade, que sais-je ? 


Ce n'est pas demain la veille que nous écrirons l'épitaphe de la motivation économique...

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Quelques mots sur Boum Burger, donc... Cette affiche est une œuvre d'art assez magistrale. Il s'agit de jouer sur les amalgames et préjugés racistes qui traversent nos sociétés, qui associent islam et terrorisme. Et donc de revendiquer une forme d'attentat alimentaire. La femme voilée radieuse doit finir d'achever les bons Rrrrépublicains (comme dirait Baubérot) féministes (en fait plus tartufes qu'on ne saurait l'imaginer). Ces zozos revendiquent donc quelque chose qu'ils ne sont pas, et par ricochet, ils désignent leurs célèbres concurrents pour ce qu'ils sont (sans qu'ils ne le disent, eux). Le vrai terroriste alimentaire, c'est évidemment Macdo. La culture et le mode de vie comme principale arme idéologique, c'est bien connu. Tout cela est de l'ordre du non-dit, et même du non-pensé, mais n'en est pas moins réel.

4 commentaires:

  1. Boum Burger, vraiment?
    Ouille, ça fait mal à la tête tellement c'est complexe. En effet, la publicité est efficace, parce que c'est très frappant tant ça renvoie de manière éhontée aux peurs et caricatures qui découlent du 11 septembre. C'est un peu comme des juifs qui fond des points Godwins. Le problème, et c'est là pour moi la limite de la pub, c'est que c'est finalement destiné seulement aux personnes qui comprendront le second degré. Les autres n'y verront qu'une confirmation. Enfin, je ne sais pas, mais second degré et publicité, ça ne me dit rien qui vaille. Pour ce qui est de Mc Do et du terrorisme alimentaire, c'est plutôt à mon sens le paroxysme du capitalisme alimentaire, voir même, si l'on remonte plus loin, au fordisme appliqué à l'alimentation. Donc Boum Burger et McDo sont finalement deux produits du même système : ça me rappelle totalement ce que Zizek disait sur le capitalisme et le terrorisme!

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  2. A vrai dire, je ne me suis pas posé la question de la réception de la pub. Pour moi, Boum Burger + halal + femme voilée, c'était éclatant, si j'ose dire. Il paraîtrait que ce ne l'est pas tant que ça et qu'elle risque d'être mal comprise. Mais peu importe, à mon avis. Il ne s'agit pas de toute façon de faire les choses en veillant à ce que tout le monde comprenne bien.

    Complètement d'accord sur la deuxième partie, mais c'est le capitalisme qui est un terrorisme si permanent qu'on ne le nomme pas ainsi mais vie quotidienne. C'est comme les grèves, "l'otage" qui va mettre 20 minutes de plus pour aller au travail va s'en prendre aux "terroristes" grévistes, mais jamais à sa vie de con qui lui met la pression minutée du matin au soir pour se faire exploiter...

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  3. Julien aka Judy19 avril 2010 à 12:47

    J'ai malheureusement raté Ariès chez Taddeï. Par chance, il est passé à Mots croisés lundi...pour un débat qui donnait assez clairement une idée du gouffre qui séparait Yann Arthus Bertand, Chantal Jouanno, Yannick Jadot, pourtant se présentant tous comme sincèrement préoccupés par notre mode de vie et l'environnement, et Paul Ariès, bien plus engagé dans la réflexion.
    C'est d'ailleurs cette incompréhension quasi réciproque qui me rend pessimiste pour le moment.
    Je ne remets pas en doute un instant l'engagement des propos des trois cités ci dessus. Ils m'ont l'air sincères. Mais il ne leur vient même pas à l'idée que c'est leur schéma initial qui est de toute façon vérolé et qu'ils essaient de se battre à l'intérieur d'un système dont ils ne sont finallement que la bonne conscience mais qui n'en a cure par ailleurs...

    Je ne parle même pas de Jean-Marc FEDIDA qui de son côté a au moins la logique d'être à fond dans le fonctionnement de la société dans laquelle il vit...

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  4. C'est le volcan qui nous vient en aide, pour le moment.

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