mardi 7 avril 2009

La journée de la jupe




Ceci n'est pas une pute


Quelques mots sur ce film qui fait presque plus débat pour sa programmation sur Arte avant sa sortie en salles que pour son sujet. A la rigueur, on parlera du retour d'Isabelle Adjani, en s'offusquant bien entendu de la trouver bouffie ou je ne sais quoi. Tout sera bon pour ne pas évoquer le fond. C'est un film très dur, non pas pour ce qu'il raconte - une prise d'otages qui tourne évidemment mal - mais pour son message. On navigue dans les eaux d'Entre les murs, film plébiscité par les uns, les autres, et les troisièmes pour des raisons qui m'apparaissent clairement obscures (oui, je m'autorise cette revanche sur Corneille, je me comprends). A mes yeux, Entre les murs montrait le summum de la compromission, de la démission et devait à ce titre percuter. Au lieu de cela, et jusqu'au réalisateur lui-même, il a été salué parce qu'on eut aimé que nos enfants fussent dans cette classe (Y a-t-il un professeur de français sur ce blog ?). Résumons-nous : salué au nom de la démission et de la compromission, car même si elle n'est souvent pas vue en tant que telle, c'est bien à cela que nous assistons. Au mieux elle est revendiquée, au pire elle n'est même pas perçue. Nous allons droit dans le mur.


La confirmation nous vient de La journée de la jupe. Cette fois-ci, l'enseignant, qui est une enseignante, est l'anti-Bégaudeau. Elle passe pour raciste, psychorigide, et peut-être égorgeuse d'enfants lors de son temps de loisir, mais il n'y a pas de preuve. Elle n'est prête à aucune compromission, et est la dernière à résister. Cela n'en rend pas son cours plus bénéfique : elle ne peut de toute façon pas travailler, pas plus que notre ami Bégaudeau. Au moins ne passe-t-elle pas par pertes et profits certains détails intra muros (l'identité de ceux qui arrêtent Anne Frank, l'inutilité de l'Autriche, ...). Mais elle peut bien s'époumonner, ce qui en sort ne tombe que dans l'oreille de sourds.


Arrive donc le moment où elle découvre une arme à feu dans le sac d'un élève, c'est la panique, elle s'en empare, et prend une partie de sa classe en otage. Elle va enfin pouvoir faire un cours de français, et régler leur compte aux mentalités racistes et misogynes qui sévissent dans sa classe. Et donner comme revendication l'instauration d'une journée de la jupe pour que les femmes portant des jupes ne soient plus considérées comme des putes.


Que penser de ce film ? Qu'il faut se saisir de la question au plus vite, car le bord du gouffre, nous y sommes. La France n'existe plus comme pays, l'Ecole, la République, la démocratie, tout part à vau-l'eau. Le constat ne date pas d'hier, mais seuls des fossiles y apportent leurs réponses, qu'ils soient soixante-huitards ou anti-soixante-huitards. La nuit risque d'être longue et froide. Mais enfin l'oiseau de Minerve, tout ça...

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