vendredi 11 avril 2008

Un aperçu de culture-monde

Il y a de cela un an, j’assistai à un concert d’Interzone (Serge Teyssot-Gay & Khaled Al Jaramani) avec Antiquarks en première partie. Ce fut comme le révélateur des tensions que je connaissais entre idéal de sagesse autarcique d’une part, traversée des frontières et altruisme d’autre part. Comme la découverte qu’il était, pratiquement, possible – car, idéalement, je le savais depuis « toujours » et d’autant plus après avoir lu Edgar Morin, Jean-Pierre Vernant, Spinoza, etc. – de se construire une identité sans marcher sur les autres. Réciter encore la phrase-programme : « Pour être soi, il faut se projeter vers ce qui est étranger, se prolonger dans et par lui. Demeurer enclos dans son identité, c'est se perdre et cesser d'être. On se connaît, on se construit par le contact, l'échange, le commerce avec l'autre. Entre les rives du même et de l'autre, l'homme est un pont. » (J.-P. Vernant, La traversée des frontières).

Loin d’une quête d’exotisme pour l’exotisme ou d’une sorte de tourisme culturel sans quitter sa ville, loin aussi des écueils du relativisme absolu ou de l’universalisme abstrait, c’est au contraire multiplier les points de vue (et « le point de vue fait l’objet » disait Bachelard) sur l’unitas multiplex – le complexe, un et multiple – que je veux mieux connaître et comprendre. C’est dans cet optique que j’ai alors tenté de franchir le pont qui me séparait de cultures autres. C’était franchir le Rubicon, cela s’est avéré pour le moins enrichissant. En effet, alors que Noir Désir est en stand by, tout ou presque de ce dont l’industrie musicale nous abreuve par ici me semble fade, déjà entendu, tournant en rond. Il y en a bien sûr pour rester au-dessus des lignes de flottaison : Björk, The Dandy Warhols, Dead can dance, Brian Jonestown Massacre, PJ Harvey, Emilie Simon ou Godspeed you black emperor ont leur univers, leur originalité, leur individualité. Trop épisodique, à moins que ce ne soit ma hantise de la fermeture et de l’égoïsme de nos sociétés qui biaise mon jugement. Peu importe, car en marchant sur le pont, j’ai découvert plus d’artistes enthousiasmants pour eux-mêmes que je n’aurais pu l’imaginer. D’eux, il sera question ci-dessous, dans ce qui apparaîtra malheureusement comme un catalogue, mais il n’y a qu’à écouter, se faire une idée par soi-même, et éventuellement découvrir plus amplement certains d’entre eux.

Quelques liens, avant tout :

Alter Musica : radio de musiques du monde

Voilà, et maintenant, ce que j'ai particulièrement aimé dans ce que j'ai découvert. Mention spéciale, peut-être, au duo Ali Farka Touré / Toumani Diabaté ; à Ravi Shankar et son sitar ; mais aussi au doudouk arménien (Minassian, Gasparyan), au chant polyphonique mongol (Egschiglen) ; aux inévitables du Buena Vista Social Club (voir le film de Wenders) ; à la beauté des chansons de Geoffrey Oryema ; et enfin, aux chants soufis (Faiz Ali Faiz, Nusrat Fateh Ali Khan) dont la force spirituelle sait se faire ressentir. Enjoy... Rendons grâce, également, à Ry Cooder ou Peter Gabriel qui contribuent parmi d'autres à faire connaitre ces artistes du monde entier.


Ravi et Anoushka Shankar

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